"Dans le Sartor Resartus, qui est une profonde philosophie du costume tempérée par le ton plaisant, Carlyle ose bien proposer la vue d'une assemblée, salon, académie ou tribunal d'hommes nus. Il y a lèse majesté dans ces railleries sauvages, comme dans le mot de Shakespeare qui en rassemble toute l'idée, sur le "mauvais radis fourchu". Il suffit déjà des disgrâces de nature assez communes, des maladies, de la fatigue et des effets de l'âge, pour expliquer la pudeur.
Mais la pudeur est fortement liée aussi à ces coutumes de politesse qui nous font cacher le plus possible les signes de nature, et atténuent ainsi les la violence des sentiments immédiats. Nos pensées sont aisément détournées; il suffit d'un cri et d'un petit mouvement de peur pour les mettre en déroute; moins encore, une cravate oubliée déconcerte, ou bien, comme dit pascal, un homme à moitié rasé.
Chacun sait que les artistes, dans leurs ateliers, apprennent bientôt, ainsi que leurs modèles, à dominer ces fortes impressions; mais il n'est pas raisonnable de vouloir que les spectateurs apprennent , en cela du moins, à être peintres. Disons aussi qu'il y eut, en tous les temps de haute civilisation, une peinture voluptueuse, mais secrète. Il suffit de ces remarques pour inviter le lecteur à user de franchise avec soi et à ne point juger légèrement.
Il faut donc toujours que le nu soit abstrait ou d'un moment. C'est pourquoi dans le dessin il étonne moins.
(Alain - Système des Beaux - Arts).
(Alain - Système des Beaux - Arts).
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