vendredi 30 mai 2014

KALÉIDOSCOPE













KALEIDOSCOPE
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L’EAU ET LA LUMIÈRE
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AGADIR - MAROC

Sur la branche d’un eucalyptus
Une tourterelle a fait son nid
Roucoule doucement
L’âne sautille
Ses pieds sont entravés
Il brait
Sur le mur d’en face
Le bougainvillier flambe magnifique
Le vent est chaud





ERROMANGO-VANUATU

L’eau de la rivière est fraîche
Ne pas bouger
Ton corps ondule comme une algue
Lentement
Les palmes cliquètent
Odeurs de coprah
Deux loris comme flêches
Les vagues brisent au récif
Longs yodlis dans le lointain







OLÉRON

D’un léger mouvement des hanches
Tu creuses dans le sable un nid pour ton dos
Tiédeur                                                                   
Un cône quelque part craque de toutes ses écailles
Sec
Le vol d’un geai
Les reflets du soleil sur l’océan
Scintillements par milliers
Odeurs d’absinthe






VIENTIANE-LAOS

Entendez-vous jouer les khènes ?
Sonner les tambours ?
Bûcher
Orné de voiles couleur d’orange
Cordons de soie ou de coton
Fleurs de lotus
Pas un pleur pas un cri
Aspersions et chants
Fumées d’encens





BRAZZAVILLE-CONGO

Un baobab
Tous les samedis la ronde
Tambourins
Chants
La danse la danse
Tourne la ronde
Tournera toute la nuit
Hypnose
Seigneur Seigneur nous te prions
































TAHAA


ILES-SOUS-LE-VENT


Entrée dans la baie
Double sillage qui s’élargit
Argent et or
Montagnes vertes
Les moteurs ronronnent
Ben Hur sur son char
Entrée dans la gloire
Sans secousse
Et le visage dans le vent




BAIE-MAHAUT-GUADELOUPE

Rivière salée
Tout un réseau de canaux
Buissons de palétuviers dans le lagon
Nervures d’une feuille
Labyrinthe
Et toutes les nuances des bleus
Des verts
Du blanc qui mousse au récif
Je suis ici pour longtemps







VICTORIA-SEYCHELLES


Massif de corail
Jardin fleuri
Étoiles
Lampions et néons
Rouges verts et bleus
Chaos et Corolles 
Voiles et rideaux
Danseuses
Papillons





BRAZZAVILLE-CONGO

Tout un fleuve
Un fleuve de jacinthes
Bleu et violet
Pelouse
On marcherait dessus
De l’autre côté, c’est un autre pays
Pirogues
Arbres étranges
Batteries militaires




AUVILLARD - FRANCE


Après le virage du sentier
La chaîne des montagnes t’est donnée
Tout entière
Enneigée
Tu devras la traverser
Tant de splendeur !






MONPLAISIR-MAHÉ DES SEYCHELLES

Entre deux mornes verts
Tu traverses la forêt
Murmure du ruisseau
Le sifflet d’un oiseau
Tout à coup
L’Océan !
L’Océan tout bleu
Vertical
Il remplit tout l’espace




TOKYO-JAPON

Corneille sur le réverbère
Marée humaine immobile au feu rouge
Rickshaw
Souffle de l’esprit
Et puis la merveille
Les cerisiers sont tous en fleurs !
Soleil
Madame Chrysanthème
Essaie un kimono


Lumière !
























TANNA - VANUATU

Strélitzias
Aussi nommés oiseaux du paradis
Bleus parfois
Ou blancs
Le plus souvent jaune orangé
Acérés
Fleurs
Flammes

Le volcan explose dans la nuit





14 avril 2014


Tous droits réservés-Michel Savatier

jeudi 29 mai 2014

SOUVENIRS ...








LE CANAL DE MAGELLAN




  C'est un rêve, n'est-ce pas, mes aventures ?




Comment dire ? 
C’est un monde minéral 
En quatre jours je n'ai vu qu' un seul oiseau








Un rêve très étrange
L’impression de planer sur un tapis volant
Je glissais au-dessus d’un fleuve couleur d’étain vieilli
Et le ciel aussi était d’étain
On n’en voyait d’ailleurs qu’une lanière découpée
Tout en haut 
Comme un couvercle faiblement halogène entre les falaises abruptes
Vertigineuses
Le navire avançant tout au fond d’une monstrueuse 
* faille de rocaille grise
La nuit parfois scintillaient de froides étoiles
Arbres morts
Labyrinthes de très étroits canaux 
Fronts des  glaciers bleus
Bouées noires
Et l’épave d’un navire écorché
Glaçons partant à la dérive
Chutes d’eau
Pas une fumée
Pas une cabane
Pas une vie






L’impression très étrange de pénétrer dans un autre monde
J’avais rêvé de grands voiliers à trois ou quatre mâts
De baleines et de rorquals
D’albatros
Rien
Rien que le canal lisse
Unicolore
Muet
J’avais rêvé d’orpailleurs
De trappeurs
De guanacos en liberté
Je n’ai rencontré rien de tout cela
Mais contemplé 
L’indicible et effrayante beauté.







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mardi 27 mai 2014

ARTISTE ? OU ARTISAN ?







ARTISTE OU ARTISAN ?





Passant vers le bout de la Croisette, je m'aperçois que l'artiste 
qui sculpte le sable sur la plage a créé une nouvelle oeuvre : 
Le mythe venu du fond des temps de Satan enchaîné aux 
Enfers et qui essaie en vain d'émerger à l'air libre ...
Mais peu importe le mythe ... C'est sur l'artiste et son art que m'entraîne ma méditation.     
                    




Paul Valéry écrivait : 
"Un désir, une idée, une action, une matière, s'unisse 
dans toute oeuvre. Ces éléments essentiels ont entre 
eux des rapports très divers, très peu simples et parfois 
si subtils 
que leur expression est impossible. Quand il en est ainsi, 
c'est à dire quand  nous ne pouvons représenter ou 
définir un ouvrage par une sorte de formule qui nous 
permette de le concevoir fait et refait à volonté, nous 
l'appelons une "Oeuvre d'Art."
Aucun doute là-dessus, notre "artiste sur sable" 
a bien réalisé une Oeuvre d 'Art.





"On voit, dans les belles époques, les artistes se créer 
des difficultés imaginaires, inventer des conventions et 
des règles .... "

Ici, la difficulté tient à la Matière : Le sable ... Du sable ... 
Ce n'est peut-être pas trop difficile à travailler, mais les 
contraintes sont nombreuses et tiennent aux conditions atmosphériques : Vent, pluie, excès de soleil .... 
L'oeuvre de sable est périssable. Elle peut être détruite 
en quelques minutes ... Les contraintes sont là, 
inexorables.





Paul Valéry poursuit : "Et c'est pourquoi le travail du 
marbre nous semble plus digne que celui de la glaise, 
le burin plus honorable que l'eau forte ; la fresque, 
(qui s'exécute sous la pression du temps, et dans 
laquelle 
l'action, la matière et la durée sont intimement et 
réciproquement liées), plus vertueuse que toute 
peinture 
qui admet la reprise , la retouche, le repentir."

Ici, notre artiste puise sa dignité dans sa connaissance 
de l'éphémère ...






Mais ce que j'en retiendrai quant à moi, 
c'est une définition de l'Oeuvre d'Art :

La noblesse d'un art dépend de la pureté du désir 
dont il procède et de l'incertitude de l'auteur quant à 
l'heureux succès de son action Plus l'artiste est-il 
rendu incertain du résultat de son effort par la nature 
de la  matière qu'il tourmente et des agents 
dont il use pour la contraindre, plus pur est son désir, 
plus évidente sa vertu."

Hors de cette oeuvre incertaine, l'artisan 
prend la place, 
lui qui ouvre le compas et utilise la règle graduée 
pour mener à bien son projet et ceci chaque fois 
qu'il le désire et avec les mêmes certitudes 
quant à la perfection qu'il atteindra.





Et pendant ce temps-là ... Le palais des festivals ... 
Qui est juste à deux pas ... célèbre les nouveaux 
conquérants !

                                  

Citations extraites de " De l'éminente dignité des arts du feu" (Pièces sur l'Art) Paul Valéry.