samedi 28 février 2015

LES PETITS CAILLOUX




LES PETITS CAILLOUX














Mais je possède un autre caillou qui vient des Seychelles, de Mahé très vraisemblablement. Il se trouve sur une étagère, dans ma bibliothèque. Il n’est point seul : un morceau de bois l’accompagne. L’ensemble forme, je le pense, un message, un message que je ne suis jamais parvenu à déchiffrer, que je ne parviendrai jamais à déchiffrer très certainement, tout comme le message qui figurait sur le morceau de papier jeté dans la foule par le pirate « La Buse » au moment où on le pendait. Le message de « La Buse » donnait des pistes à ceux qui rechercheraient son trésor caché. Plusieurs le cherchent encore. Mon caillou a la forme et à peu près le volume d’un pamplemousse. Il a tout l’air d’un galet roulé. Il est d’un gris profond, presque noir, mais il présente en son milieu une tranche blanche. Bon, une curiosité, sans plus … Vous croyez cela ?









En fait, ce qui m’intrigue, c’est qu’il m’a été offert par Monsieur Gérald Vidot, mon chef de service au Ministère seychellois de l’éducation. Monsieur Vidot partait à l’étranger, en Angleterre je crois bien … J’ai trouvé ce caillou sur mon bureau, accompagné d’un morceau de bois de vingt-cinq centimètres de long sur cinq ou six centimètres de côté, à la coupe. Le morceau de bois est lisse, sombre. À l’une de ses extrémités, il est rongé, percé par je ne sais quel xylophage.
Un petit papier accompagnait l’ensemble, posé sur mon bureau, bien en évidence :

- « Au revoir. Je te laisse un caillou et un morceau de bois qui a bien trente ans. »

Depuis, je n’ai pas revu Gerald Vidot, que j’aimais bien ... Depuis, je n’ai cessé de me demander en quoi il était important de me signaler que le morceau de bois avait « au moins trente ans ».

Je n’ai cessé de me demander si le caillou avait une signification cachée … Sa forme ? … Ses couleurs ? Et si c’était l’ensemble, pierre et morceau de bois, et seulement cet ensemble, qui était porteur de sens ? Je n’ai jamais séparé l’un de l’autre. Souvent je me plante devant la vitre de ma bibliothèque. 
Peut-être, un jour trouverai-je le chiffre ? …








Et s’il n’y en avait pas du tout ? À Beauvallon, en lisière de la plage, les recherches se poursuivent épisodiquement : On recherche toujours le trésor du pirate « La Buse » ! Mais on le recherche dans tout l’Océan Indien, dans presque toutes les îles … Parlez-en à Le Clézio … Il faut lire "Le Chercheur d'Or dont l'action se déroule à Rodrigues.


                Aucun des petits cailloux présentés sur les images ne provient des Seychelles .... Ils ne sont là que pour faire rêver ! - Aux Seychelles, il n'y a que du granit !

vendredi 27 février 2015

NAVIGATION À LA VOILE-2



LES AVENTURES DU SEE QUEEN

DANS L'OCÉAN INDIEN



CHAPITRE  2












_" J'imagine que l'équipage, qui avait été longtemps rationné avant notre rencontre s'est immédiatement mis à boire et à manger jusqu'à satiété complète ... Ils ont dû s'assoupir et dormir pendant que leur bateau s'écartait de sa route : C'est la seule façon d'expliquer que ce bateau, malgré les conditions favorables, ait pu rater sa destination.





****
_"Nous avons continué à naviguer sans savoir où nous nous trouvions. Nous avions perdu toute notion du temps, toute notion des dates ... Jusqu'à ce que toute l'eau douce ait été consommée. Nous avons encore, parfois, eu un peu de pluie. Nous avons, chaque fois, recueilli autant d'eau que nous l'avons pu. Nous avons pêché quelques poissons ... Comme nous n'avions ni eau douce ni combustible, nous avons dû les manger crus. Pour ma part, j'en ai été réduit à boire de l'eau salée. J'en ai bu pendant presque un mois je pense, avant d'être secouru.

_"Je ne me souviens pas du tout de ce qui s'est passé ... Ni des dates ... Henry Clotilde est mort avant que notre provision de pommes de terre soit épuisée ... Nous avons jeté son corps par-dessus bord. Le Capitaine est mort avant que je ne sois moi-même sauvé. Il ne me restait pas assez de forces pour jeter son corps par-dessus bord.

_" Avant d'être sauvé, j'avais aperçu deux vapeurs, déjà ... Mais je présume qu'ils ne m'ont pas aperçu : Ils ont poursuivi leur route.

_" Le sept mai, c'est le "Telemachus" que j'ai aperçu. Il allait très vite. J'ai pensé qu'il allait, lui aussi, poursuivre sa route. Je n'avais que très peu d'espoir ... Puis je le vis faire demi-tour et revenir. Vous pensez comme ma joie fut immense.





























       -"Je m'appelle Goodwin. Je commande le "Telemaque", de Liverpool, appartenant à Messieurs Holts. Le sept mai mille neuf cent dix, par 9° 38 de latitude sud et par 65° 34 de longitude est, mon navire a rencontré un bateau, nommé le "See-Queen", du port de Victoria, dans l'île de Mahé des Seychelles. On pouvait, à la lunette, apercevoir un seul homme à bord. Je me suis douté que ce bateau était en difficulté. Je me suis rangé à son côté.

_" Grâce à une ligne, j'ai fait tout de suite descendre une bouteille d'eau. J'ai ensuite fait monter à mon bord l'homme qui était sur le pont de ce bateau. Je lui ai fait donner tous les soins que nécessitait son état et je l'ai emmené jusqu'à Singapour, qui était ma destination. Là-bas, il a été immédiatement pris en charge par le Foyer du Marin et j'ai appris qu'il avait été embarqué sur le "Umvoti" à destination de l'île Maurice, relativement proche des îles Seychelles et reliée à celles-ci par des lignes régulières. Je suis heureux d'avoir pu rendre service à l'un des membres de la communauté seychelloise.

****
_" Il est venu tout près de moi. On m'a descendu une bouteille d'eau. Depuis combien de temps n'avais-je plus d'eau douce ?_ Elle me rendit la vie. On me fit monter à bord du vapeur ...

_" Notre Capitaine était toujours dans le bateau ... Mort ... Pour ma part, je n'aurais pas pu résister bien longtemps encore ! ... Le Commandant du vapeur a fait examiner mon bateau, puis il l'a fait détruire par le feu pour qu'il ne constitue pas un danger à la navigation. À bord du "Telemaque", tout ce que l'on pouvait faire pour moi a été fait. Très vite, je me sentis mieux.

_" On m'a appris que j'avais été retrouvé à mille quarante milles de Mahé. Comment suis-je arrivé jusque-là ? _ Je l'ignore complètement !

_ " Je suis arrivé à l'île Maurice, venant de Singapour, par le navire "Umvoti". J'ai été accueilli au Foyer du Marin et j'y ai été hébergé. Une avance de dix roupies m'a été faite, pour que je puisse acheter quelques affaires en vue de mon voyage de retour vers les Seychelles. Je suis revenu à Victoria par le bateau seychellois "L'Union-La Digue", quittant Maurice le 26 juillet. Vous imaginez mon bonheur, en abordant à Mahé ! ... J'avais quitté mon pays le huit janvier !

Références : Archives Nationales des Seychelles, code B 50, page 51





jeudi 26 février 2015

NAVIGATION À LA VOILE



LES AVENTURES DU SEE QUEEN DANS        



                            L'OCÉAN INDIEN



















        LES AVENTURES DU SEA QUEEN

                   RAPPORT DE MISSION


                ET RÉCIT DU CAPITAINE                       

                       SEYCHELLOIS 

  




_" Je me nomme William Martin. Je suis Capitaine au long cours. Je demeure dans le comté d' Essex, à Colchester, 18, Greffield Road.

_" J'ai commandé l' "Héliopolis", pour un voyage de Hong-Kong à Durban, en Afrique-du-Sud. C'était un navire de cent vingt tonneaux et demie, immatriculé à Londres.






_" Le dix-neuf février mille neuf cent dix, faisant route vers le cap Ambre, pointe nord de Madagascar, nous apercevons un bateau, vers huit heures du matin. Il se trouve au large, par bâbord à nous. Il est environ huit heures trente lorsque je fais mettre le cap dans sa direction. Vers huit heures cinquante, nous sommes à son côté.

_ Nous lançons une échelle de corde. Le patron monte à notre bord. C'est un Créole. Il parle très mal l'Anglais. Personne ne comprend son patois. Nous finissons tout de même par deviner que son port d'attache est Mahé, dans l'archipel des Seychelles. Son esquif est un bateau de pêche. Il transporte trois hommes, qui sont tous en bonne santé. Mais les réserves d'eau et de vivres sont épuisées. Il ne leur reste que du riz, dont nous comprenons qu'ils ont une bonne quantité. Ils sont perdus. Ils ont navigué pendant un nombre considérable de jours et de semaines. Ils n'ont aucune idée de la route à faire pour rejoindre le groupe d'îles dont ils se sont écartés."






_" Je m'appelle Josué Green. Je suis Seychellois, originaire de Mahé. À dix -neuf ans, je me suis embarqué comme troisième matelot à bord du "See-Queen", un bateau de vingt-cinq pieds appartenant à mon père, William Green, demeurant à l'Anse-Royale, à Mahé. Ce bateau était gréé en goélette et pouvait charger quatre tonnes.

_" Le Capitaine était Arthémar Vidot. C'était un vieux loup de mer. Il avait peu d'instruction, certes, mais il n'avait pas son pareil pour présenter l'étrave à l'endroit exact de la vague où elle doit être attaquée. Il avait passé sa vie entière à pêcher dans les parages de nos îles et de nos récifs. Le second matelot s'appelait Henry Clotilde.

_" Nous appareillons de Victoria le huit janvier mille neuf cent dix. Il est à peu près vingt-deux heures ... C'est une heure bien tardive pour hisser les voiles, c'est vrai, Mais le voyage que nous avons à faire est si court ! Vers le Nord Est, le ciel est chargé mais, au moment où nous sortons du port, la lune nous éclaire bien ... Et puis, encore une fois ... Le trajet que nous avons à faire est si court : nous en connaissons tout puisque c'est chez nous, à l'Anse Royale, que nous allons ... à moins de dix milles de notre point de départ !

"Nous avons chargé une tonne de riz. Nous devons ensuite le transporter vers l'Ile du Nord, d'où nous rapporterons en échange une cargaison de guano pour Takamaka, dans l'île de Mahé.






_"C'est le dix neuf février mille neuf cent dix que nous avons rencontré le "See-Queen" et son équipage de trois hommes. Ils étaient tous en bonne santé, mais ils n'avaient plus ni vivres ni eau. Nous avons compris qu'ils avaient du riz en abondance, mais seulement du riz. Ils s'étaient perdus et avaient navigué pendant un nombre considérable de jours et de semaines. Ils ne savaient pas quelle route adopter pour rejoindre le groupe d'îles dont ils s'étaient écartés. Le patron est monté à notre bord.

_" Nous avons essayé de le convaincre qu'il valait mieux abandonner son bateau. Cela valait beaucoup mieux pour lui et pour ses deux matelots. Nous avons insisté : Je lui ai même offert de prendre son bateau en remorque et de me détourner de ma route pour le conduire à Farquhar. Il ne voulait rien savoir. Il me demandait de le ravitailler en eau et en nourriture et de bien lui expliquer la route à suivre pour rejoindre les Seychelles. Il se faisait fort, moyennant cela, de les atteindre sans difficulté. Je lui ai montré sur la carte la position de Farquhar, terre la plus proche. Je lui ai montré aussi la position de Mahé, île vers laquelle il voulait à tout prix se diriger. La discussion a été longue.



_" La brise portait à l'Ouest Sud Ouest. Elle lui était favorable. Je finis par me laisser convaincre et par me résigner à le laisser faire ce qu'il voulait : Il semblait intelligent et sûr de lui. Rien ne semblait justifier un éventuel recours à la force.



_" Nous lui avons expliqué longuement la route à suivre, vers le Nord Nord Est pour tenir compte du sens et de la force des courants ... Sauf imprévu, il arriverait par le Sud à l'une ou l'autre des îles du groupe qu'il voulait atteindre ...
                        À SUIVRE …

mercredi 25 février 2015

LES PETITS CAILLOUX-12



LES PETITS CAILLOUX-12




             LES ÎLES SEYCHELLES














« ON RACONTE ENCORE, SIRE, Ô ROI BIENHEUREUX, QUE SINDBAD DE LA MER, À LA VUE DU GIGANTESQUE OISEAU, SE RAPPELA UN RÉCIT QUE LUI AVAIENT FAIT JADIS DES VOYAGEURS ET SELON LEQUEL IL EXISTAIT SUR CERTAINES ÎLES, UN OISEAU NOMMÉ ROKH, TELLEMENT ÉNORME QU’IL POUVAIT SOULEVER UN ÉLÉPHANT ET NOURRIR SES PETITS DE SA CHAIR. »


« ON RACONTE ENCORE, SIRE, Ô ROI BIENHEUREUX, QUE SINDBAD DE LA MER, À LA VUE DU GIGANTESQUE OISEAU, SE RAPPELA UN RÉCIT QUE LUI AVAIENT FAIT JADIS DES VOYAGEURS ET SELON LEQUEL IL EXISTAIT SUR CERTAINES ÎLES, UN OISEAU NOMMÉ ROKH, TELLEMENT ÉNORME QU’IL POUVAIT SOULEVER UN ÉLÉPHANT ET NOURRIR SES PETITS DE SA CHAIR. »













LE GRANIT





J’ai parlé d’un bloc de granit rose, rayé d’une bande de noir profond. Celui-là se trouve dans mon jardin, au bout d’une allée. Il vient de Praslin, une des îles Seychelles, située à dix heures de vol de Paris. Je ne sais pas pourquoi, j’avais imaginé que le granit était une roche éruptive. En fait, c’est un agglomérat. Aux Seychelles, la roche se présente souvent sous l’aspect de hautes falaises ou de glacis. C’est d’ailleurs ce dernier mot que l’on utilise pour la désigner. Mais, comme d’ailleurs en Bretagne, le granit forme ici ou là, de grosses boules.

Avec un peu de recul, et compte tenu de leur couleur, on croirait des éléphants couchés : Soit ils se sont arrêtés à mi-pente des montagnes, soit ils se vautrent dans l’eau, au bord des plages blanches. La pluie les ride, les creuse, les ravine, on croirait parfois que les griffes des cyclopes en ont rayé le cuir.






LES SEYCHELLES























Des millions d’années ont façonné ces énormes blocs de granit et il arrive que d’énormes tortues, d’immenses sauriens, de monstrueux oiseaux ou d’improbables dragons, des navires entiers ou des baleinoptères se trouvent juchés en équilibre surprenant, tout en haut d’amas de roches vertigineux. Des millions d’années et des avalanches de pluies les ont écorchés, meulés, striés et les cristaux de feldspath sont descendus vers la mer : Le sable est de cristal. Sous l’effet de quelles pressions géologiques, sous l’effet de quelles températures ces roches se sont-elles formées, et qui me dira l’origine de ces stries, de ces veines noires, luisantes, que l’on trouve quand on fait éclater la roche ?

Ah ! Que l’on cesse de faire éclater la roche ! Que l’on cesse de décimer ces innombrables troupeaux de pachydermes dormant là depuis les origines de la planète ! Qu’on nous laisse rêver, bergers de ces colosses immobiles.






















CRÉOLE



Chocs sourds
Chambardements d'apocalypse
Bois noirs
De chêne et de châtaigne
Et les relents du coaltar
Voix du fer et du cuivre au grincement des poulies

 Chacals

Mais ne parlons plus de la mèche du fouet
Ni de la fourche au cou
Nos liens détordus sont allés aux sillages sur la mer
Avec les paroles anciennes
Galets de lest polis sur d'autres rives
Issus de navires venant lèges des pays du couchant 

Mots préalables
Prémonitoires
Ramassés au long des estuaires
Mots de fruits et de fleurs
De chemins francs
De cannelle et de muscade
De larmes et de rires
Mots de lignes et d'hameçons

Ô mère !
Un peuple est né de nos erreurs
Il écrit son avenir avec des caractères anciens
Dont l'assemblage est nouveau.





mardi 24 février 2015

LES PETITS CAILLOUX (11)




LES PETITS CAILLOUX 


             Chapitre 11



          SUR LES CHEMINS DE COMPOSTELLE


















MADRID








                                     LA GARE D'ATOCHA




Nous sommes tous Madrilènes
Et me voici
Devant la gare d'Atocha
Flaques brunes
Sang séché
Non pas de toros bravos
Mais de tendres chevreaux
De lourds engins brassent des décombres
Madrid mutilée encore
Écorchée
Déchirée
Écartelée
Ô Madrid !
Les poignards
La mitraille
Les obus
Les grenades et les bombes
Mais les voitures s’engouffrent
Dans l’avenue vers la Puerta del Sol
Tout comme hier
Et avant-hier
Les trains courent encore
Un jeune homme boit son café
Les belles employées
Vont à leur travail
Pressées
Des pelles creusent des tranchées
Les maçons s’affairent aux échafaudages
Les jardiniers ratissent Les allées du Prado
Ô Madrid ! J’ai rendez-vous avec Vélasquez
Et Francisco Goya
Je rendrai visite à Juan Gris
Et Picasso
Nous sommes tous Madrilènes
Ô Madrid !
Madrid qui ne dort pas Chante la nuit
Le jour travaille





SÉVILLE






                                         Cathédrale de Séville




Au bassin du jardin de l’Alcazar
Sous les feuilles du jasmin
Une orange a glissé
Elle a doré l’écaille
Des carpes centenaires
Voici qu'en haut du minaret
Éclatent tout à coup
Silencieusement
Au premier coup de midi
Douze quartiers écartelés
Gouttes de métal fondu

Semé de pâquerettes
Le fleuve tremble un peu
Les ocres et les jaunes des façades
Ont épongé leurs ombres
Les calèches luisent
De leurs cuivres et de leurs cuirs
Douze quartiers d’orange
Dardent des flèches d’or
À l’aplomb de la Giralda

Ce soir l’orange roulera
Rouge sang
Rouge sera le fleuve, rouge ...
Ô Séville !
Ô le parfum des orangers !
Le Guadalquivir saigne
Devant la Plaza de Toros







MERIDA
















                                        Le Théâtre de Merida





Ô Merida !
Plus connus le Douro et le Tage
Mais la Guadiana ...
Soixante arches d’un pont deux fois millénaire
Les appels d’un aurige levant haut la mèche du fouet
Galops
Hennissements vainqueurs et glorieux
Marchands de volailles
Porteurs d’outres luisantes
Vendeurs d’échalotes et d’oignons
Lourds fardiers chargés de poutres
Ou de pierres taillées

Place ! Place !
Olifant
Grelots et sonnailles
La ville est fière derrière ses murs
Odeurs de fleurs d’orangers
Place ! Place !
Aux multiples bras du fleuve Guadiana
Les pas précautionneux des cigognes
Jambes haut levées
Leurs nids craquettent
Sur l’aqueduc
Au sommet de chaque pilier rompu

Au bout du pont des Romains
La forteresse des maures
Ville fraîche
Ville blanche
Après des kilomètres rouge sang
Au long des vignes accroupies
Frétille la feuille de l’olivier
Nous irons flâner près des palmiers
La fontaine chante sur la place d’Espagne
Des patriciens en toges de lin
Passent sous l’arche de Trajan
Allant vers le Musée cathédrale
Où sont les statues et les bustes
Vivants encore
Les fiasques et les verres
Et les mosaïques aux poissons
Nous entendrons monter les vivats
Les trompettes sonner
Résonner les gongs et les tambours
Les lyres et les cistres chanteront
Lions et tigres rugissent
Dans l’arène de l’amphithéâtre
Et devant les gradins du théâtre voisin
On chante les fastes d’Hadrien
Merida !
Je veux m’asseoir encore une fois
Devant les colonnes du temple de Diane
Je retournerai le sablier
Mais le temps ne suspendra pas son souffle
Merida !
Les jours passent
Tu creuses et tu fouilles
Mais le temps ne reviendra pas.