mardi 26 avril 2016

MARGUERITE - REINE.







MARGUERITE


























Reine au coeur d'or
L'or de l'oeuf du paradisier
Ou du colibri buvant la rosée
Perles de rubis
Dans l'oeil de la queue du paon
Roue frémissante du paon de fortune







Et l'arc en ciel reflétant les eaux du lac
Iris tout de voiles et de gazes habillée
Déshabillée
Plus que nue
Sinueuse
Allongée tout à coup
Demoiselle nacrée
Rencontrée vibrante
Volant
D'amour encore enchaînée
Sur les ors répandus des colzas













Incroyable manteau de roi couronné
Chevelure de Marguerite-reine
Coeur d'or plus que vrai
Et ces yeux où passent des poissons chinois






Des papillons guyannais
En des plis de bannières déroulées
Des conquérants du Krach des Chevaliers

Marguerite-reine
Au hennin tuyauté de mousseline
De khôl les yeux de violine
Buvant au hanap ciselé
L'hydromel de l'Hymette déversé







Marguerite-reine
Reine étranglée
Aux marches du palais coquelicot
Reine foulée aux pieds par les chevaux de Picasso
Guernica brisant le vase


















Les eaux déversées en flaques irisées
Arrondies en roue de fortune
Queues de paons étalées
A la volée du destin















Dans l'oeil de la roue du paon le paradisier
Et le colibri buvant la perle de 
rosée ...



Je vous offre ce poème ...

Vous l'aviez déjà lu sans

doute, mais, comme je 

vais être absent pendant 

quelques jours, j'ai choisi 

l'un des poèmes que 

j'aime le plus. Je rentre à 

l'hôpital demain matin. 

Je ne serai pas absent 

pendant longtemps ... 

C'est promis !

lundi 25 avril 2016

LES BAINS-DOUCHES À ROCHEFORT.





LES BAINS-DOUCHES


À ROCHEFORT - SUR - MER.







































C'est un beau bâtiment, qui se veut néoclassique en quelque sorte. Il se trouve place "Pique-Mouche", ainsi appelée parce qu'autrefois, c'était là, tout autour, que se trouvaient les remises à chevaux de la ville. À l'heure actuelle, il abrite un théâtre mais au fronton figure toujours l'inscription :

" SOIS PROPRE " --- Caton.

De mon temps, comme disent toutes les personnes de mon âge, ce bâtiment abritait les bains-douches. Tous les dimanches matin, nous allions là pour nous laver. Notre mère nous remettait à chacun une serviette et un morceau de savon, un peu de monnaie pour payer l'accès en ce paradis.


























On traversait le terrain des "fortifications" et, dès que l'on atteignait les premiers platanes du square, on entendait monter, confuse mais éclatante, la clameur des bains-douches. C'était au-milieu de cette clameur amplifiée que l'on passait la porte. La responsable avait là son poste, dès l'entrée du hall. On la distinguait encore assez bien, malgré les volutes de buée qui s'enroulaient et se déroulaient. Ici, on pouvait encore distinguer des formes, et même quelques couleurs. L'employée était moins qu'avenante.
On payait, elle donnait un ticket, arraché d'un carnet à souches. On passait alors la deuxième porte. Là, on ne voyait plus rien : Le brouillard était plus épais que dans les marais écossais, en automne au bord du Loch Ness ! En se baissant un peu on réussissait à apercevoir les portes des cabines. Il fallait en trouver une qui soit vacante. Je ne sais trop où se trouvaient les chaudières, mais on les entendait ronfler. On entendait siffler la tuyauterie. On entendait gicler les pommes de douches. On entendait surtout les chants et les sifflements des gens qui étaient en train de se laver ... On ne les verrait pas, chacun arrivant dans le brouillard, s'enfermant dans sa cabine, repartant dans le même brouillard.

Comment dire ? _ Aller aux bains-douches, c'était s'enfoncer dans une fête barbare : Des voix de stentors hurlaient des airs d'opéras ... Airs différents les uns des autres ! D'aucuns chantaient la Marseillaise, d'autres l'Internationale, certains parvenaient, au milieu de tout cela, à faire entendre une romance de Tino Rossi. Il y avait parfois des hurlements sauvages d'Indiens des Montagnes Rocheuses, modulés, prolongés. Il y avait aussi des Yodlis tyroliens, que sais-je encore ! Des portes claquaient. La responsable criait et tambourinait des deux poings sur les portes :

_ " C'est fini ! C'est l'heure ! Il y en a qui attendent leur tour ! "

Protestations de ceux qui affirmaient qu'ils venaient juste d'entrer ... On avait droit à dix minutes. En fait, si l'on restait sourd aux vociférations et aux tambourinements, on parvenait à faire durer le temps, un peu ...






















Une fois refermée la porte de la cabine, le verrou tiré, on était chez soi. Dans le brouillard toujours, mais on était chez soi. On pouvait se déshabiller, accrocher aux patères les vêtements et la serviette, ouvrir les deux robinets l'un après l'autre, en se tenant de biais pour ne pas recevoir les premiers jets, ou bien trop chauds ou bien glacés. L'eau coulait, en véritable cataracte. On hurlait quand la savonnette nous glissait des mains. On frottait, frottait. On chantait la Marseillaise, comme les autres ... Et on faisait, avec délices et ardeur, mousser le savon. Dans nos pays, le sauna est une introduction moderne. Les nuages de vapeur qui envahissaient nos douches devaient bien avoir sur nos corps et nos esprits les mêmes effets toniques que ceux d'un sauna. En tout cas, sortant de là, on avait vraiment l'impression de faire partie d'un peuple et d'avoir communié avec ceux qui le composaient : L'établissement des bains douches comme temple d'une république ... La République de Caton !

_ " Allez, c'est fini ! Il y en a d'autres qui attendent ! Il faut sortir !

dimanche 24 avril 2016

NOTRE ENFANCE ...





NOTRE ENFANCE












Nos vaisseaux ayant descendu le cours des fleuves
Avançaient dans une plaine immense
Nos amours nous portaient
Que nous ne connaissions pas
Désirs de fruits et de sel
Soifs
Pour un million d'années
Nos certitudes immuables

Éclosions de lueurs
Aux indes étaient les îles
Des souffles tièdes nous poussaient
Carènes de navires invulnérables
Comprenez-vous bien cela
Vous qui avez déchiffré les portulans ?
La toile de nos voiles était taillée dans nos rêves
Maîtres de l'immensité
Ô douceur !
Ivres d'immages nouvelles
Toute foi toute confiance !

En vérité ce furent des millions d'étoiles
Des comètes en pluie
Des milliers de soleils et des milliers de lunes
Poissons étincelants
Myriades d'oiseaux jaillissant des flots
Tous plumages toutes couleurs
Dans nos sillages vibraient des cordes de cristal
Mozart chantait à l'étambot
Nous maintenions le cap
Avançant vers nos fiancées

Lignes bleues des araucarias au ras des flots
Éblouissements du corail
Palmes
Sables et floraisons de l'océn
Porcelaines diaphanes dans le creux des vagues
Irisation des verreries
Saveurs de nos vins !

De grandes fleurs très étranges flottaient entre deux eaux
Mauves et laiteuses
Mais au resserrement des détroits nous cherchions
Des effluves plus suaves encore
Les parfums d'autres épices
Souffles de cannelle
Haleine de la cardamome
Encens musc cire et benjoin
Girofle poivre tamarin

Au long des plages du santal et du piment
Des caravanes charriaient du sucre et du gingembre
Des coupons de damas et de brocarts
Des paniers pleins de perles ou bien d'écaille
Les matins allumaient des couleurs de verrières
Et les soirs déroulaient des tapis somptueux
Sur l'écran du ciel parfois s'épanouissaient des pavots























Ô nous en avons vu des crêtes chargées de neige
Des glaciers et des volcans
Des dunes jaunes et des terres rouges
Des anémones et des lys !
Auréoles d'amarante
Iris vallées de pivoines
Les pollens répandus en poudre d'or
Ont célébré nos passions
Nous rêvions de papillons
De coquilles et de nacre
Les océans roulaient des rubis
Des diamants et des saphirs
Émeraudes et pierres de lune
Nous quittions les îles l'une après l'autre
Leur laissant les prénoms de nos femmes de nos amours
Caroline Thérèse Lucie Dominique
Chacune un lotus posé sur la mer
De fastueux banquets nous ont été offerts
Chansons de harpes de violes et de flûtes
Musique de chalumeaux trompes et tambours

Nous allions toujours suivant la Croix du Sud
Alpha du Centaure
Ou le navire Argo






















Qui nous eût appris que des tempêtes
Allaient déchirer notre voilure
Abattre nos vergues briser notre mâture ?

Allez donc savoir quand et comment
Nous entrâmes dans cette lagune qui se meurt!
Nous voici pourrissant
Vapeurs de fièvres qui rôdent fétides
Fades odeurs des moisissures
Chairs humides feuillages gras
Anthuriums inquiétants balisiers
Improbables orchidées
Dans les sargasses de la tourbe et de la vase
Sous de lourdes frondaisons
Étranges respirations
Nous n'apercevons que serpents
Salamandres sauriens
Animaux de toutes tailles
Bardés de cuir ou bien d'écailles
Aux figures surprenantes
Il serait bien hasardeux de les décrire ici !

Comprenez-vous cela
Vous qui savez tant de choses ?