mercredi 31 octobre 2018

SUR LE QUAI DE PAPEETE ...




SUR LE QUAI DE PAPEETE
















C’est à partir de cette taille, sans doute, qu’un voilier, de nos 

jours, ne s’appelle plus un voilier, mais un “yacht”.

“Freedom Georgetown”



Vingt deux mètres de long, peut-être plus. Gréé en ketch. Mâts

 en acier. Enrouleurs automatiques pour les voiles. 











Coque blanche, pont de teck verni. La proue est tournée vers le 

quai. Amarres de nylon bleu. Banquettes aux coussins 

profonds. Porte de cabine à persiennes. Rambardes à 

balustres. Un homme à cheveux gris. Une femme beaucoup 

plus jeune. Boissons glacées . Verres givrés.


Deux limousines en bas de la coupée, identiques, blanches,

 longues, longues ...

Cadillac, modèle Lincoln.


Trois ou quatre jeunes hommes s’affairent, se croisent,

 montent à bord, en redescendent.






De la première voiture ils sortent des sacs de linge venant du 

pressing. Dans l’autre, ils enfournent des housses à vêtements. 

Cuirs et monogrammes.


... Inestimable liberté !

mardi 30 octobre 2018

À L'APPROCHE DE LA TOUSSAINT ....





GARDER LA LAMPE ALLUMÉE



                     Cette complainte rapporte des événements qui sont réellement survenus au port de pêche de La Cotinière, dans l'île d'Oleron   ... N'oublions pas !
























                                 La vague vient et se meurt

Chant 1


Il y a des bouées rouges

Blanches et vertes

Il y a des mouettes

L’eau est calme dans le port

Les pavillons s’agitent

Les mâtures doucement

Se balancent

Les façades sont blanches

Les volets sont verts

Il y a un pin

Presque noir

Odeurs de varech

Mais aussi de pralines

Il y a des marchands

De chapeaux

De lunettes

De maillots

Des marchands de barbe-à-papa

De beignets






Au carénage un chalutier

Comme un gros sabot

Incongru sur son ber

















                      Le port de la Cotinière


Chant 2



Les grosses vagues éclatent

Au musoir obstiné

L’une après l’autre

En gerbes de lumière


Embrassons-nous mon amie

Nous irons lancer

A l’océan

Une couronne

Pour les péris en mer




Chant 3




C’est le quinze août

Noces du soleil et de la mer

Fanfares

Glaces en cornets

Le surplis du Curé

La cravate de Monsieur le Maire

Il y a des filets sur le quai

Allongés

Il y a un cerf-volant

Qui monte et qui descend

Un carrousel

De chevaux de bois

Qui tourne lentement

Au son 

De l’accordéon





Chant 4




Il y a cinq ans

Peut-être

Peut-être six

Ou bien dix ans déjà

Peut-être plus






C’était le quinze août

Les fêtes de la mer

C’était hier assurément

Assurément c’est toujours aujourd’hui





















Chant 5






Il y a un phare

À tête rouge

Deux pêcheurs à la ligne

Des coques d’acier

Des coques de bois

Dodelinant


Embrassons-nous mon amie

Nous irons lancer à l’océan

Une couronne

Pour les péris en mer







Chant 6





Chapelle des marins

Croix de bois

Croix

Croix

Combien étions-nous

Sur le pont

Quand le bateau chavira ?



Croix

Croix

Croix de bois










Chant 7


Entendez-vous

Entendez l’accordéon

Entendez-vous pleurer

Entendez pleurer l’accordéon


Chant 8










Un goéland

Lentement

Sur un cercle

Toujours le même

Les ailes immobiles

Une âme ...

Toi l’oiseau ?


L’éternité




La vie est un désir

Quand le désir n’est plus

La vie s’en va ...


















                                            La bouteille à la mer ... Photo Nicole Albertelli


lundi 29 octobre 2018

AU TEMPLE DE PAOFAI - TAHITI




LES CULTES  À TAHITI














Le Temple de Paofaï reluit comme une pièce montée. 

Un peu trop de peinture sans doute. On croirait qu’on l’a 

importé tout construit d’un crémeux village du Devon.

Balustres blancs et clocher rouge. Le carillon tinte clair.









Il fait déjà nuit. Par les baies ouvertes , on aperçoit des lambris

 vernis. Les hommes sont à droite, tête nue. À droite, les

 femmes portent de blanches capelines.










“SILENCE-CULTE” dit la pancarte.



En chaire parle un pasteur, veston croisé, cravate noire.


Mais c’est l’endroit le plus bruyant de la ville : route devant,

 route derrière ... toutes deux à grande circulation. Larges

 pneus qui crissent sur l’asphalte. Échappements pétaradants, 

hurlement des motos dans les embouteillages.




“SILENCE-CULTE”.






Et pour que nul n’en ignore, les fidèles ont bouché les rues 

adjacentes, obturées, remplies, garnies par leurs voitures. 


À l’intérieur du temple, on chante en choeur. On chante les 

hyménées, à pleins poumons.