dimanche 31 juillet 2016

ENCORE UNE ÎLE ...







Encore une île à la

dérive …












À la sonde
Plus de fond
Une île encore
S'en est allée
Jamais
Au grand jamais
Je ne saurai son nom

Nous rangeâmes un matin
Un beau matin de juin
Nous rangeâmes une île
À notre vent








Or nous courions
Depuis si longtemps
Ô ! Si longtemps
Tant d'océans
Et tant de brumes
Et tant de vents !

Bâbord amures
Et bord sur bord
Petite voilure
Ô ! Si longtemps !
Tant de fièvres
Et tant de faims !












À notre vent
Des bois
Des champs
Des boeufs passant
Ô ! Si longtemps !
Oui, si longtemps !

À la sonde
Plus de fond
Encore une île
À la dérive
S'en est allée
Jamais
Au grand jamais
Je ne saurai son nom




samedi 30 juillet 2016

À LA DÉRIVE ...






Chanson












Il vente …

Il vente …

C’est le vent de la mer

Qui nous tourmente …
                                                          *

À LA DÉRIVE DANS

 L’OCÉAN INDIEN










             

           _" Dans la journée, le vent passa à l'est. Il devint très violent. Je faisais gouverner au sud-ouest, un quart ouest. Nous nous trouvions par 4°1 de latitude. Cette route nous menait aux Seychelles.

_" La mer était forte, nous embarquions beaucoup d'eau par-dessus les plats-bords. J'estimai que cela ne devait pas nous empêcher de porter nos deux voiles hautes. Nous ressentions en effet le besoin de faire cesser nos souffrances, que chaque heure rendaient de plus en plus insupportables ... Nous préférions à la prolongation de cette souffrance le risque d'une mort subite.






           

               _"Il nous avait été facile de mesurer la latitude, que la hauteur du soleil nous donnait. Il n'en était pas de même pour la longitude ... Nous pensions, et cet espoir était assez général, que nous allions bientôt arriver ... Quelques passagers impatients se hasardaient même à déclarer que nous pourrions bien avoir dépassé notre objectif, ce qui aurait effectivement pu se produire si nous n'avions été sur la bonne latitude ... Je tentai de les ramener à la raison, mais l'un d'eux, Monsieur Le Moulec, s'entêtait dans son erreur et contribuait ainsi à abattre le moral des autres. J'eus quelques paroles dures et, ... folie dont nous avons ri plus tard ... nous ne trouvâmes pas mieux à faire que de nous provoquer en duel: Nous croiserions le fer dès notre arrivée à terre !














               _" Vers la fin de la journée, il fut beaucoup question du brick le "Courrier", lequel devait être parti des Seychelles peu après nous. Certains rêvaient d'une rencontre avec lui. En pleine nuit, nous fûmes soudain réveillés par des cris :

_" Navire ! Navire ! "







Notre joie fut aussi vive que vite dissipée.





JE PARTIRAI ...
























Ce sont toujours des merveilles d’aurores
Ah ! Ne fermez pas les fenêtres ... !
Demain matin ...
Demain matin au bord de la plage
M’attendra un grand poisson d’or
Aux écailles d’émail










Nous partirons vers des îles lointaines
Où les brises bercent les palmes
Des montagnes nues à la peau très douce
Baignent leurs pieds dans une eau de cristal


Les lendemains ont toujours des merveilles d’aurores





J’enfourcherai mon grand destrier
Qu’on m’apporte ma lance de bronze
Demain ...
Demain j’enfilerai l’annelet d’or
Suspendu sous la feuille du pommier


Oh oui !









Demain je survolerai
Sur le dos d’un grand oiseau blanc
Des océans de coquelicots et de bluets !
Ah ! Ne fermez pas la fenêtre ...
Demain je partirai








jeudi 28 juillet 2016

À LA DÉRIVE ...








À LA DÉRIVE …











































_" Le six, le temps était beau et nous avions gagné 38 minutes en latitude depuis la veille. Monsieur Lesage nous distribue notre ration d'eau et notre part du troisième mouton, que nous avions tué et qui fut mangé cru comme les deux premiers.










           Le manque de sommeil nous faisait cruellement souffrir. Après beaucoup d'essais et avec beaucoup d'efforts, nous avons fini par trouver une solution ... Tout le creux du bateau était occupé par les marins et les passagers, le tillac l'était par les femmes et les enfants ... Sur les trois bancs de l'arrière nous étions installés : trois des passagers, le Second, le maître d'équipage qui tenait la barre et moi-même. Les jambes repliées, le dos sans appui, nous étions obligés, pour soulager l'inconfort de notre posture, d'appuyer notre tête tantôt sur les genoux du voisin, pendant qu'il posait la sienne sur notre dos, tantôt de nous étreindre à bras-le-corps comme lorsqu'on s'embrasse et de placer notre tête sur l'épaule l'un de l'autre. Pitoyable repos, continuellement troublé, interrompu sans cesse, à chaque secousse infligée par les vagues à notre bateau ! Aussi nous faisions d'affreux cauchemars ... Tant d'affreux cauchemars que l'insomnie nous paraissait encore préférable au sommeil !











                 _" Le sept le temps était toujours beau. Les vents étaient toujours favorables. En frottant deux morceaux de bois l'un contre l'autre, nous réussîmes à faire du feu ... C'était un événement considérable ! Nous apportâmes tous nos soins à la conservation du feu.












             _" Il fut placé dans la seule marmite que nous possédions. Nous l'alimentions avec le bois que nous arrachions aux caissons de la chaloupe. Nos deux petits cochons furent immédiatement saignés et débités en tranches. On les fit cuire en les appliquant sur les parois extérieures de la marmite.













           _"La joie revint parmi l'équipage. Elle releva quelque peu leur moral, que tant de calamités avaient abattu. Je vis un marin tirer sa pipe, qu'il avait conservée précieusement, et la fumer avec un plaisir que seul un fumeur peut comprendre ... Nous n'étions pourtant pas au bout de nos aventures ...

_" Le Second fit une plaisanterie à destination de l'un des passagers au sujet de ses appréhensions, puis de grands éclats de rire se firent entendre : Quelques matelots, après avoir fait accroire au cuisinier qu'on allait être obligé de manger de la chair humaine, essayaient de le persuader qu'il serait sacrifié le premier à cause de sa fonction :

_" Un cuisinier, disaient-ils, est à l'avance moitié cuit !"

_" La tête lamentable du pauvre diable et son burlesque effroi avaient déclenché cette surprenante gaîté.








        _"Le huit au matin ... Triste devoir... Il nous fallut jeter à la mer le corps d'une jeune négresse, morte d'inanition. Son corps avait à peine touché l'eau que nous eûmes la douleur de le voir dévorer par un requin énorme qui nous suivait depuis quelques jours déjà ... Peu de temps après, nous fûmes pris dans les grains. Nous espérions recueillir de l'eau en assez grande quantité pour ne plus avoir à souffrir de la soif ... Hélas ! _ Malgré tous nos efforts, nous ne réussîmes à en recueillir que trois ou quatre bouteilles !



mercredi 27 juillet 2016

À LA DÉRIVE DANS L'OCÉAN INDIEN ...








À LA DÉRIVE DANS

 L’OCÉAN INDIEN…
















_" Le cinq août, à cinq heures du matin, le vent cessa de souffler, aussitôt, nous couchâmes les mâts que nous avions remis en place la veille au soir. Nous nous mîmes aux avirons, mettant le cap au sud pour monter en latitude. Je fus parmi les premiers à prendre les avirons, avec le Second et quelques passagers. Ensuite, à tour de rôle, chacun se mit à ramer de bonne grâce. Un passager, un seul, refusa de ramer, prétendant ne pas savoir s'y prendre parce qu'il ne l'avait jamais fait ... Je lui demandai de se placer auprès d'un rameur et, au moins, d'essayer de l'aider ... Il refusa de nouveau ... Je lui dis résolument que, puisqu'il ne voulait pas nous aider, il nous était impossible de garder parmi nous une personne aussi inutile qu'embarrassante ... Je le menaçai de le faire jeter à l'eau ... À l'instant, il saisit un aviron, et s'en débrouilla aussi bien que les autres !












_" Notre observation de midi nous donnait une augmentation de quatre milles en latitude. Monsieur Lesage procéda à la distribution d'eau ... Chacun en reçut un boujaron. On tua deux moutons, dont le sang fut recueilli dans un pot que vidèrent avec avidité plusieurs personnes. La chair fut partagée de façon équitable. On la mangea crue.


-" Malgré ces périls et malgré ces angoisses, l'amour parvenait encore à trouver sa place. Mademoiselle Palmas était très attachée à Monsieur Moreau, notre Second ... Nul ne l'ignorait. Bien qu'elle fût elle-même très affaiblie par la faim, je la vis obliger celui-ci à accepter la moitié de sa ration d'eau et la moitié du pain qu'elle avait reçu.


_"  Monsieur Moreau repoussa cette offre, mais je crus cependant devoir intervenir dans ces délicats débats en déclarant que quiconque recevait une ration était tenu de la consommer ou de la restituer à Monsieur Lesage afin d'augmenter la part commune.

_" Nous recevions parfois du ciel quelques secours inespérés ... Des poissons volants, poursuivis par des bancs de bonites ou des dorades fendant l'air et, heurtant nos voiles, retombaient dans le bateau ... Ils devenaient, de droit, la propriété de celui qui s'en saisissait le premier. Ce soir-là, c'est moi qui fus favorisé : Un fou s'était imprudemment posé sur l'espar qui nous servait de gouvernail _ Je réussis à l'attraper _ J'en bus le sang et je partageai la chair avec le Maître d'équipage.



mardi 26 juillet 2016

QUAND FLEURIT LE CHRYSANTHÈME DE LA MER ...







QUAND FLEURIT LE CHRYSANTHÈME DE LA MER …



























Chant 1




Quand fleurit le chrysanthème de la mer
Violet sur gris et vert
Quand fleurit le chrysanthème de la mer
Le vent souffle tant
Tant écume la vague courant courant
Le vent hurle tant
Un soir de février s’ouvrit le chrysanthème
Carême prenant
Le chrysanthème de la mer
Fleur de mort
Le vent souffle tant
Écume la vague courant courant
Corolle effeuillée par le vent
Entends le vent le vent le vent
Entends le vent carême prenant
Long beuglement porteur de misère
Le vent hurle tant
Fanée la fleur du chrysanthème
Nuages lourds courant dans le ciel noir
Courant vers le couchant
Ô courant !








Fanée sur la mer la fleur du chrysanthème
Longues lames déferlant
Coups sourds sur les sables
Le vent le vent le vent au goût du sel
Long beuglement annonceur de misère
D’où venu ?
Beugle dans le vent taureau blessé à mort
Hurlement du vent
D’où venu ?
Dans la nuit des chrysanthèmes
Longs beuglements annonceurs de misère
Ô le vent !





















Chant 2




La mort n’est rien vois-tu
Entends-tu bien le vent ?
O le cri de la sirène !
Au jour du grand mauvais temps


S’en va passer le goéland
Tout blanc
Indifférent


Aux allées du cimetière
S’en vient marcher le goéland
D’où venu
Sur l’aile du vent ?
























Chant 3






Dans le mauvais temps le navire
Haletant frémissant
Navire livré au vent tout vivant
O dans la nuit les déferlantes !
La roue de barre ne gouverne plus
Sous les pinceaux des phares naissent des fleurs
S’éteignent et se rallument
Chrysanthèmes violets ou blancs
Fleurs de la mer fleurs de la mort
Et ces longs beuglements qu’on entend
Du taureau qui va mourir et qui le sait
O le vent le vent le vent !
Le vent pousse à la côte inexorablement
Le navire halète et frémit
Livré vivant au vent au courant
José-Maria Marcelino Léandro Remigio
Bénito José José
Alvaro Grégorio Perfecto
Claudio Antonio Eugénio
Matias le mousse qui n’a que dix sept ans
D’autres encore dont rien n’a recueilli les noms
Dix neuf hommes
De San Sébastian en Corogne
Fleurs de la mer fleurs de la mort
O ce long beuglement du taureau blessé
Qui va mourir et qui le sait !

























Chant 4




Ô le cri de la sirène !
Au jour du grand mauvais temps
S’en va passer le goéland
Tout blanc


La mort n’est rien vois-tu
Qu’un grand poisson froid
En cotte d’argent


Il glisse invisible
Indifférent
Infiniment




Le vent le vent le vent dans les volets
Entends sur le toit claquer les tuiles
Entends craquer les arbres dans les bois
Entends sonner la vague
Entends fouetter la pluie
Le Malin frappe chez nous
Celui qui fait les malheureux




































Chant 5




Sainte Marie mère des marins
Nous te prions par Saint Jacques
Notre patron
Qu’une barque porta jusqu’à Iria Flavia
En Galice près de Padron
La première baleinière
Emportée par le vent
Dans la seconde nous grimpâmes deux
Que la vague arracha et jeta dans les flots
Sang du Christ !
Comment garder son souffle entre les gorgées d’eau ?
Arracher les bottes et les habits
Nager nager
Roulé tout nu sur le sable
J’ai couru dans la dune
J’ai couru dans les champs
J’ai couru dans les vignes
Sainte Marie mère des marins
L’aurore ne fleurissait pas encore






La mort n’est rien
Qu’un grand poisson froid
En cotte d’argent
Invisible il glisse
Infiniment
Indifférent




Au jour du grand mauvais temps
Entends-tu bien le vent ?
S’en va passer le goéland
Tout blanc































Chant 6




Sainte Marie mère des marins
Nous te prions
Par Saint jacques notre patron
J’ai couru dans les vignes
J’ai couru dans les champs
Jusqu’à cette lumière là devant


Arrivé devant la porte
Nu et les pieds sanglants
Sang du Christ ! Une femme m’ouvre
Sainte Marie mère des marins
Par Saint Jacques notre patron
Qu’une barque porta jusqu’à Iria Flavia
En Galice près de Padron
Veille sur mes dix sept compagnons
Assiste mes amis sur le bateau
Dans le vent et dans les flots


Le chrysanthème refleurit sur la mer
Au jour levé
De la dune on voit l’épave penchée
L’océan gronde et le vent souffle
Ah ! Le vent souffle !
Les embruns et la pluie !
Les nuages courent !
Les marins dans les haubans
Hissent un lamentable pavillon































Chant 7




Premier canot
Safran brisé
Second canot
Pas assez d’eau
Le troisième
On le traîne sur un chariot
Pour le quatrième
Trop de vent beaucoup trop
Fracas de l’océan
Ô le cri des marins là-bas !


Au jour du grand mauvais temps
Entends-tu bien le vent ?
S’en va passer le goéland
Tout blanc
Aux pertuis il accompagne
Un grand poisson d’argent


Ô le cri de la sirène !
La mort n’est rien vois-tu
Qu’un grand poisson froid
En cotte d’argent
Il glisse invisible
Infiniment
































Au jour du grand mauvais temps
Entends-tu bien le vent ?
Aux allées du cimetière
S’en vient marcher le goéland
D’où venu

Sur l’aile du vent ?