lundi 11 juillet 2016

VINT UN CHEVAL ...






Vint un cheval …

















Les orages se dissipaient

Nous commencions à distinguer la ligne d’horizon
Grand cercle bleu au bout des sables














Un chameau arriva
Il se mit à genoux
Nous lui avons mis le bât
Pour le charger de sel

Vint un cheval
Il se cabra et puis hennit longuement
Sa robe était luisante
Sa bouche écumait un peu
Nous l’avons asservi

Nous lui avons mis le mors et la selle
Nous lui avons fait sentir nos éperons
Alors ont commencé les carnages
razzias
Enlèvements dans les sérails
conquêtes

Folles aventures

















Notre chant s’éleva
Ce fut un chant de guerre
Nous faisions taire les complaintes
Nous avons étouffé les psaumes

Notre chant de victoire
Notre chant n’avait pas de fin
Au fil des saisons il enfla
enfla













Puis nous avons inventé la roue
Nous avons inventé la voile


Plus loin
Nous allions toujours plus loin
Négociant
Pour aller chercher les fruits
Toujours plus loin pour quérir les gemmes

Et les métaux précieux

Nous avons eu des esclaves par milliers
Venant de tous les continents
Mâles et femelles
De toutes les couleurs
Creusant le sol
Portant nos charges





Nous fîmes plus grands carnages encore
Et notre chant enfla plus fort

Perfectionnant nos techniques
Nous inventâmes le moteur

Nous allions chercher les matériaux
Que nos machines broyaient

De hautes cheminées vomissaient
Dents d’acier
Engrenages implacables
















Navires monstrueux
Avions gros-porteurs

Nous avons domestiqué les énergies vives
Et les énergies fossiles
Nous avons mêlé le ciment et le fer
Nous avons élevé des tours
Nous avons lancé des ponts
Vidé des lacs et des mers

Nos guerres furent plus grandes et plus cruelles
Ce n’étaient plus des hommes
Qui tombaient par millions
Qui parlait d’hommes encore ?
Bientôt ils ne tombèrent même plus


Ils se désintégraient sous un grand coup de vent
Quelques-uns seulement laissaient leur ombre sur le roc
Quand il restait un roc














Chantez chantez
Chant de marche
chant de gloire
de victoire
Nous étions debout partout
Sur les monts
Dans les vallées
Sur les océans
Au fond des abysses
Voyageant dans les airs
Au coeur de la terre
Et dans les espaces sidéraux

Puis les brouillards revinrent
Sulfureux
Suffocants
Les fleuves cessèrent de couler
Les neiges avaient fondu












Que deviendra le chant des hommes
Tambours clairons
Cristallophones
Musiques électroniques

O Sartre !
Pablo Picasso !

S’il n’y a plus d’espoir
Que reste-t-il hormis l’ivresse
et le sexe !

Notre présent et notre avenir ...

Le chameau revenu baraque et puis blatère
Encore un moment ...
Il bave













Le cheval est mort depuis longtemps
Avec les oiseaux et les poissons






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