lundi 31 décembre 2018

AUX ÎLES SAMOA ....








             







               Sina était une

très belle princesse des

îles Samoa. Elle était

alliée à tous les grands

chefs de son temps.


La réputation de sa

beauté s'était d'abord

répandue partout dans

les îles proches, puis

dans les îles Tonga et,

au-delà, jusque dans les

 îles Fidji. 










             Tous les grands

 chefs de son pays

avaient rivalisé

d'habileté et de parures

pour toucher son coeur

mais aucun, même le

ceux des îles Tonga qui

se présentèrent.


Ils s'essayèrent aux

concours de javelots :

C'était à qui en planterait

 le plus grand nombre

dans la noix de coco la

plus éloignée, fixée le

plus haut. Ensuite, il y

eut un concours de

pêche au harpon et ce

fut à qui, des plus hauts

récifs de corail, prendrait

 le plus gros poisson, il y

 eut des courses sur la

plage. On se défia à

celui qui réussirait à

soulever la plus grosse

pierre, la plus lourde.

Je crois même que l'on

se défia à celui qui

plongerait le plus

profondément dans le

lagon, à celui qui

resterait le plus

longtemps sous les eaux











. Quelques uns y

laissèrent la vie ...

Les survivants

rivalisèrent ensuite pour

la beauté de leurs

parures et la grâce de

leurs chansons et de

leurs danses. Rien n'y fit

 : Le plus jeune, le plus

beau et le plus brave

des chefs Tongans ne

parvint pas à toucher le

coeur de la princesse. 




                      







               Tingilau, fils du

 grand chef fidjien

Tui-Viti décida d'aller

voir la princesse

qu'aucun chef n'avait pu

 conquérir. Paré de toute

 sa beauté, guidé par

deux tortues favorites

au service de ses dieux,

 suivi par une flottille de

canots de guerre,

Tingilau prit la mer.

Il arriva à Samoa sans

difficulté, porté par les

eaux calmes et une

douce brise. 

Il se présenta devant la

belle Sina : Beau et

brave, gai et éloquent, il

n'eut pas de mal à

gagner le coeur de la

princesse : Ce fut pour

eux comme si le ciel

s'était entrouvert !

Ils annoncèrent leur

bonheur... 














             Tous les chefs

Samoans, piqués de

jalousie, s'opposèrent

au départ de la

princesse : il n'était pas

question qu'elle suivît

un étranger! 



Tingilau leur répondit

que, dans son pays,

personne n'aurait osé

s'opposer aux désirs du

fils de Tui-Viti.

Il demanda à son

équipage de se préparer

 à combattre . Mais Sina

 tempéra sa colère

impétueuse en lui disant

 : 

_ " Je ne peux pas me

rendre à ton canot en

marchant dans le sang

de mes parents ! " 





                  







              Puis, mutine et

rusée, elle ajouta :



_ " La lune est ronde et

brillante ...

Combien d'hommes

faudrait-il pour vaincre la

 résistance d'une femme

 et de quelques-unes de

 ses domestiques, si on

les trouvait se

promenant

tranquillement au bord

de la mer au clair de

cette pleine lune ? " 









             Tingilau garda

le silence. Il cherchait

dans son esprit quel

était le sens du

message caché.

Il réfléchit longuement

puis il dit à la belle Sina

qu'il se retirait, avec ses

hommes, pour aller boire

, comme tous les soirs,

la liqueur sacrée du

Kawa. 

Sina avait compris : Elle

 attendit que le temps fût

 venu d'aller se

promener sur la plage

au clair de la lune ...














               Autour du bol

 à Kawa étaient assis

Tingilau, fils de Tui-Viti,

et ses chefs, choisis

parmi les fidèles

capitaines de sa flotte.

Tingilau, s'adressant à

eux, dit : 


            _ " Mon père,

Tui-Viti, attend notre

retour. Je lui ai promis

que nous sonnerions de

 la conque et du tambour,

 en arrivant, pour

annoncer l'heureuse

arrivée de la princesse

Sina. S'il n'entend pas le

 tambour et la conque,

jamais il ne nous

laissera aborder les

Fidji. Nous devons

absolument ramener la

belle Sina, que tous les

autres chefs n'ont pu

obtenir ... Cette nuit,

quand la marée atteindra

 les pieux auxquels les

canots sont amarrés et

que la fraîche brise de

terre apportera le

sommeil aux jeunes

guerriers samoans, que

vos voiles soient prêtes

et vos pagaies dehors ..."










                  Tingilau, fils

de Tui-Viti but son kawa

et il retourna vers la

belle Sina.

Il lui dit tranquillement à

l'oreille: 


_ " Je pense qu'un chef,

 avec l'aide de trois ou

quatre guerriers fidèles,

pourrait vaincre la

résistance d'une jeune

princesse et de trois ou

quatre de ses suivantes,

 si elles se promenaient

sur le rivage pour voir

 la marée montante et le

 coucher de la lune. "








           Avec un petit

sourire en coin, Sina

sussura à son oreille : 

_ " Tingilau, le fils de

Tui-Viti, pourrait s'en

assurer en en faisant

l'essai ... "

                Les suivantes

de Sina chantèrent des

chansons qui louaient

sa beauté. Le refrain

répétait à l'envi que

jamais aucun chef ne

pourrait toucher son

coeur ou l'emmener ...











            Les compagnons

 de Tingilau chantèrent

des chansons qui

plaignaient leur chef: Le

choeur répétait à l'envi

l'impossibilité de toucher

 le coeur de Sina et la

"nécessité" de retourner

aux îles Fidji sans la

belle princesse ...

Les jeunes Samoans

s'endormirent

tranquillement. 










              Au moment où

le milieu de la nuit était

passé, quand la lune fut

dans l'ouest, Sina et

cinq filles se rendirent

sur la plage de sable

du rivage. Les flots

montants battaient leurs

 pieds nus. Tingilau était

 là, avec cinq fidèles

compagnons. 









              Chaque homme

 enleva son fardeau, qui

 restait silencieux, et le

porta dans le canot de

Tingilau. Les pieux

furent abandonnés.

La fraîche brise de terre

gonfla les voiles.

La belle Sina, qui avait

attiré aux Samoa un si

grand nombre de jeunes

 chefs des autres îles,

parés de leurs belles

nattes ornées de plumes

 de perroquet rouge, de

leurs brillants ornements

 de tête en coquilles de

nautilus , de leurs riches

 colliers de perles et de

nacre, la belle Sina, dont

 le coeur n'avait pu être

touché par aucun chef

des Tonga, partait et

s'éloignait sur la mer
                                            


avec le beau et brave

Tingilau, le fils de

Tui-Viti ...




dimanche 30 décembre 2018

CRÉATION DU MONDE (SUITE)



LA CRÉATION DU MONDE (SUITE)









Qui faut-il croire ?



 _ Que faut-il croire ? 

_ Mais tout est vrai,

voyons ! Tout est vrai !












               Tangaloa,

( C'était un très grand

dieu ! ), voulut que

Tongatabou fût peuplée

d'êtres dotés

d'intelligence. Il appela

ses deux fils .

_            " Emmenez vos

femmes avec vous.

Vous irez demeurer à

Tonga. Vous diviserez

le pays en deux moitiés. Chacun en prendra une".










          L'aîné se nommait

 Toubo. Ce n'était qu'un

paresseux.

De plus c'était un

envieux. Comme il ne

travaillait jamais,

il comptait sur son frère

pour obtenir ce dont il

avait besoin, qu'il

s'agisse de nourriture,

de vêtements,

d'instruments ou bien

d'outils. Le plus jeune

se nommait

Vaka-Aku-Uli. Il était

plein d'intelligence :

Ce fut lui qui inventa la

hache, les miroirs et les

colliers ...

Un jour, Vaka-Aku-Uli dit

 à Toubo : 

                  


_ " Tu pourrais bien

travailler toi-aussi, ne

serait-ce qu'un tout petit

peu" ...



       Vexé, Toubo résolut

 de tuer son frère.

Un jour, se promenant

sur la plage,

il le rencontra et le battit

jusqu'à ce que mort s'en

 suive. 

        Tangaloa accourut.

 Il était très en colère.

_" Pourquoi as-tu tué

ton frère ?

Ne pouvais-tu pas

travailler comme lui ?

Pars, misérable !

Va dire à la famille de

Vaka-Aka-Uli de venir

me trouver

immédiatement."




       Les divers membres

 de la famille étant

arrivés, Tangaloa leur

dit :

    " Mettez vos pirogues

 à la mer. Faites voile du

 côté de l'est.

Vous trouverez une

grande terre. Fixez-y

votre demeure. Je vous

donnerai de grandes

pirogues, des haches,

toutes sortes de biens.

J'ordonnerai aux vents

de souffler de votre terre

 vers celle des Tongans

pour que vous puissiez

venir jusqu'à cette île

chaque fois que vous le

désirerez.

Mais les habitants de

Tonga n'auront que de

petites pirogues,

les vents leur seront

contraires :

Ils ne pourront pas aller

vous rejoindre chez

vous."



                    





           _ " Quant à vous,

 dit-il à Toubo et à sa

famille, votre coeur est

méchant. Vous ne

connaîtrez pas la

sagesse et vous

manquerez de tout ce

dont jouiront vos frères.

 Vous n'irez jamais dans

 la grande terre qu'ils

habiteront car vos

pirogues ne pourront

vous y conduire.

D'ailleurs, les vents vous

 seront contraires.

Vos frères, eux, pourront

 venir à Tonga et y faire

du commerce aussi

souvent qu'ils le

voudront.











  Les anciens rapportent

 qu'il en fut selon la

volonté de Tangaloa.

mais d'autres

poursuivent leurs récits ...



      C'était à une époque

 très reculée dans le

temps ... Les îles Tonga

 existaient déjà, mais

elles étaient uniquement

 peuplées par des êtres

sans intelligence ...

Quelques uns des dieux

 inférieurs de Boulotou,

ayant appris que

Tangaloa avait pêché

des îles, furent désireux

 de les voir. Il partirent,

au nombre de cent

couples, dans une

grande pirogue.

Ils arrivèrent à l'île de

Tonga.









             Ils trouvèrent ce

lieu si beau qu'ils

résolurent d'y fixer leur

séjour. En conséquence,

 ils brisèrent leur grande

 pirogue pour en faire

plusieurs petites.



_" Et ils y vécurent

heureux, bien sûr "... 



_ "Il y eut un problème :

Deux ou trois jours

après leur arrivée,

( cela ne se fit pas

attendre longtemps !... )

deux ou trois d'entre eux

vinrent à mourir.

Cela alarma beaucoup

les autres car l'idée

même de la mort ne

pouvait leur venir :

Pensez donc, un dieu,

par définition,

c'est éternel, et il en

avait toujours été ainsi !
"
          Au même moment

 l'un d'entre eux, qui se

disait inspiré par l'un

des dieux supérieurs de

Boulotou ...

 " Mais c'est de la

télépathie ! "

_" Si l'on veut ...









Il annonça que les dieux

 supérieurs, pour les

punir d'être partis sans

autorisation, avaient

décrété que, puisqu'ils

avaient respiré l'air de

Tonga et avaient

consommé ses fruits ;

 ils étaient devenus

mortels, comme tout ce

qui les entourait ...

Cet arrêt les plongea

dans la consternation :

 

_" Que faire pour éviter

cette malédiction ? ...

Dire que nous ne

pouvons même pas

retourner à Boulotou,

puisque nous avons

brisé notre grande

pirogue "...

        Ils en construisirent

 une autre.

Quelques uns d'entre

eux s'y embarquèrent : 


_ " Nous reviendrons

vous chercher, ne vous

inquiétez pas ... "


      Mais ils s'efforcèrent

 en vain de retrouver le

chemin de Boulotou.

Jamais ils ne purent

parvenir jusqu'à la terre

de leurs aïeux.

Tout ce qu'ils réussirent,

 c'est revenir à Tonga.

                  


            Pour ma part, je

crois que toutes ces

histoires sont vraies,

toutes à la fois.

Il faut y croire. 



       Aujourd'hui encore

on voit, à l'extrémité est

de Tongatabou, l'endroit

 où les dieux

débarquèrent à leur

arrivée. Cet endroit

porte le nom de

" Lavenga-Tonga "

( Le point de

débarquement à Tonga ). A cet endroit les rochers acérés

que les Tongans

appellent " Haamonga

_ Maui ( La charge de  Maui ),

             

 passent pour

avoir été apportés de


Boulotou, par Maui.