LES TORTUES DES GALAPAGOS
Soixante deux ans dans un enclos de soixante
mètres
carrés ! Même pour une tortue des Galapagos,
il y a de
quoi perdre la tête !
C’est un vieux mâle. Sa carapace est usée,
taraudée,
creusée. Il est arrivé dans le pays en mille
neuf cent
trente deux, sur le pont d’un bateau, à
titre de curiosité
ou bien rescapé d’un garde-manger. On
embarquait des
tortues vivantes pour conserver de la viande
fraîche ...
Il a depuis longtemps pris son parti de la
solitude.
Le célibat ne le dérange guère.
-”Croyez-vous ? Croyez-vous ?”
Il fait des grâces quand on grimpe sur son
dos pour la
photographie. Mais les grâces d’un mâle de
tortue des
Galapagos !
Nous nous promenions au jardin botanique.
T’en souvient-il ? Une chaude matinée de janvier ...
Des meuglements, tels ceux d’une vache ...
D’une vache un peu asthmatique. Cela nous
surprit.
Il nous fallut un certain temps pour
réaliser ce qui se
passait.
Soixante deux ans de célibat, dans un enclos
de soixante
mètres carrés !
On avait donné une femelle au mâle des
Galapagos.
Si, si ... Le mâle grimpe sur la femelle !
Ca couine,
ça grince, carapace contre carapace.
La femelle a rentré la tête. Le mâle étire
le cou et meugle.
Mais ... Il a perdu la boussole ! ...
Soixante deux ans ...
Que voulez-vous ! Pour l’instant, il
s’oriente à l’est : C’est
vers le sud qu’il faudrait se tourner ...
Sur le côté, rien à faire !
Tu as vu, dans le journal ? Regarde la photo
...
Le mâle des Galapagos ... Il n’a pas encore
trouvé le sud.
Il est en plein nord !
Mon Dieu, mon Dieu ... Que c’est malhabile
et grotesque,
les tortues des Galapagos !
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