vendredi 31 mars 2017

C'EST LE VENT DE LA MER ....




Chanson





Il vente …

Il vente …

C’est le vent de la mer
Qui nous tourmente












À la sonde plus de fond ...



À la sonde

Plus de fond
Une île encore
S'en est allée
Jamais
Au grand jamais
Je ne saurai son nom

Nous rangeâmes un matin
Un beau matin de juin
Nous rangeâmes une île
À notre vent

Or nous courions
Depuis si longtemps
Ô ! Si longtemps
Tant d'océans
Et tant de brumes
Et tant de vents !

Bâbord amures
Et bord sur bord
Petite voilure
Ô ! Si longtemps !
Tant de fièvres
Et tant de faims !

À notre vent
Des bois
Des champs
Des boeufs passant
Ô ! Si longtemps !
Oui, si longtemps !

À la sonde
Plus de fond
Encore une île
À la dérive
S'en est allée
Jamais
Au grand jamais
Je ne saurai son nom




jeudi 30 mars 2017

UN CUISINIER EST DÉJA À MOITIÉ CUIT !




UN CUISINIER EST DÉJÀ PRESQUE CUIT …


 







La joie revint parmi l'équipage. Elle releva quelque peu leur moral, que tant de calamités avaient abattu. Je vis un marin tirer sa pipe, qu'il avait conservée précieusement, et la fumer avec un plaisir que seul un fumeur peut comprendre ... Nous n'étions pourtant pas au bout de nos aventures ...









_" Le Second fit une plaisanterie à destination de l'un des passagers au sujet de ses appréhensions, puis de grands éclats de rire se firent entendre : Quelques matelots, après avoir fait accroire au cuisinier qu'on allait être obligé de manger de la chair humaine, essayaient de le persuader qu'il serait sacrifié le premier à cause de sa fonction :









_" Un cuisinier, disaient-ils, est à l'avance moitié cuit !"

_" La tête lamentable du pauvre diable et son burlesque effroi avaient déclenché cette surprenante gaîté.










_"Le huit au matin ... Triste devoir... Il nous fallut jeter à la mer le corps d'une jeune négresse, morte d'inanition. Son corps avait à peine touché l'eau que nous eûmes la douleur de le voir dévorer par un requin énorme qui nous suivait depuis quelques jours déjà ... Peu de temps après, nous fûmes pris dans les grains. Nous espérions recueillir de l'eau en assez grande quantité pour ne plus avoir à souffrir de la soif ... Hélas ! _ Malgré tous nos efforts, nous ne réussîmes à en recueillir que trois ou quatre bouteilles !










_" Dans la journée, le vent passa à l'est. Il devint très violent. Je faisais gouverner au sud-ouest, un quart ouest. Nous nous trouvions par 4°1 de latitude. Cette route nous menait aux Seychelles.




mercredi 29 mars 2017

QUE FAIRE ? ...



À LA DÉRIVE




-" Malgré ces périls et malgré ces angoisses, l'amour parvenait encore à trouver sa place. Mademoiselle Palmas était très attachée à Monsieur Moreau, notre Second ... Nul ne l'ignorait. Bien qu'elle fût elle-même très affaiblie par la faim, je la vis obliger celui-ci à accepter la moitié de sa ration d'eau et la moitié du pain qu'elle avait reçu.


_"  Monsieur Moreau repoussa cette offre, mais je crus cependant devoir intervenir dans ces délicats débats en déclarant que quiconque recevait une ration était tenu de la consommer ou de la restituer à Monsieur Lesage afin d'augmenter la part commune.









_" Nous recevions parfois du ciel quelques secours inespérés ... Des poissons volants, poursuivis par des bancs de bonites ou des dorades fendant l'air et, heurtant nos voiles, retombaient dans le bateau ... Ils devenaient, de droit, la propriété de celui qui s'en saisissait le premier. Ce soir-là, c'est moi qui fus favorisé : Un fou s'était imprudemment posé sur l'espar qui nous servait de gouvernail _ Je réussis à l'attraper _ J'en bus le sang et je partageai la chair avec le Maître d'équipage.

_" Le six, le temps était beau et nous avions gagné 38 minutes en latitude depuis la veille. Monsieur Lesage nous distribue notre ration d'eau et notre part du troisième mouton, que nous avions tué et qui fut mangé cru comme les deux premiers.
Le manque de sommeil nous faisait cruellement souffrir. Après beaucoup d'essais et avec beaucoup d'efforts, nous avons fini par trouver une solution ... Tout le creux du bateau était occupé par les marins et les passagers, le tillac l'était par les femmes et les enfants ... Sur les trois bancs de l'arrière nous étions installés : trois des passagers, le Second, le maître d'équipage qui tenait la barre et moi-même. Les jambes repliées, le dos sans appui, nous étions obligés, pour soulager l'inconfort de notre posture, d'appuyer notre tête tantôt sur les genoux du voisin, pendant qu'il posait la sienne sur notre dos, tantôt de nous étreindre à bras-le-corps comme lorsqu'on s'embrasse et de placer notre tête sur l'épaule l'un de l'autre. Pitoyable repos, continuellement troublé, interrompu sans cesse, à chaque secousse infligée par les vagues à notre bateau ! Aussi nous faisions d'affreux cauchemars ... Tant d'affreux cauchemars que l'insomnie nous paraissait encore préférable au sommeil !
_" Le sept le temps était toujours beau. Les vents étaient toujours favorables. En frottant deux morceaux de bois l'un contre l'autre, nous réussîmes à faire du feu ... C'était un événement considérable ! Nous apportâmes tous nos soins à la conservation du feu.









_" Il fut placé dans la seule marmite que nous possédions. Nous l'alimentions avec le bois que nous arrachions aux caissons de la chaloupe. Nos deux petits cochons furent immédiatement saignés et débités en tranches. On les fit cuire en les appliquant sur les parois extérieures de la marmite.