samedi 4 mars 2017

UN HOMME À LA MER ! ....




La nuit règne

 maintenant, de

 toutes ses ténèbres …





             Trois jours se sont écoulés depuis que nous avons fêté le passage de la ligne. Le soleil a terminé sa course, ses dernières lueurs illuminent la mer de paillettes d'or ondoyantes, la Corvette, poussée par une faible brise, file à peine trois noeuds.
Comme à l'accoutumée les hommes sont réunis sur le gaillard d'avant lorsque, brutalement, l'un d'eux est précipité par-dessus bord par l'écoute du grand foc :
- " Un homme à la mer ! "
À ce cri, on s'empresse autour des embarcations avec une telle promptitude qu'une baleinière reste suspendue par une extrémité, les deux garants s'étant engagés l'un dans l'autre. Les sept canotiers qui la montaient tombent à l'eau et sont immédiatement recueillis par un youyou déjà sur place, tandis qu' une chaloupe s'éloigne à la recherche de l'infortuné.









La nuit règne maintenant de toutes ses ténèbres. De temps à autre l'obscurité est déchirée de fusées tirées du bord afin de permettre aux canotiers de rallier. L'un après l'autre, ils reviennent.

Malheureusement les recherches ont été vaines ... Parfois cependant, un Matelot appelle, puis écoute anxieusement ... Évidemment on ne se fait pas d'illusions : Les parages que nous traversons sont hantés par de nombreux requins, mais ... Qui sait ? 




_ Non, rien ! On perçoit seulement le murmure de la vague le long de la carène ... Au jour, le navire reprend sa route.


On dit que les marins sont superstitieux : Il est vrai, mais c'est qu'une longue fréquentation des forces de la nature leur montre amplement que les phénomènes ne répondent pas toujours à la logique.
Nous voici en mer depuis seulement deux semaines ... Déjà un drame ! _ Faut-il voir là le présage néfaste d'un voyage difficile ? _ D'une catastrophe peut-être ? _ " A Dieu va ! " , comme on a coutume de dire : Nous sommes peu de choses sur les flots ... À tout prendre cependant, je vois en ces tristes événements une part de présages favorables : François, le jeune frère de celle que j'aime, aurait aussi bien pu être emporté par la mer ... Il se tenait juste au côté de celui qui a disparu lorsque l'écoute du grand foc a fouetté l'air au ras du pont ... Dieu nous ait toujours en sa Sainte Garde !











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