mardi 31 mars 2015

LES ÎLES DU VANUATU


Nouvelles Hébrides

     Actuellement dénommées           

                                                       Vanuatu  (1965)














                                                                À TANNA (Îles du Sud)











« Ô TOI QUI VIENS ICI, REGARDE ET MÉDITE SUR LE TEMPS, SES VICISSITUDES, CAPRICES ET INCERTITUDES, NE TE LAISSE PAS ABUSER PAR LES ATTRAITS DE CE BAS MONDE, DE SES LEURRES, MENSONGES ET FAUX CLINQUANTS. »

                Les Contes des Mille et Une Nuits.




LE JADE   
      

     LE VANUATU 



Le jade est une pierre magique. Plus ou moins verte, plus ou moins claire, elle est très utilisée par les joailliers chinois. Ils la sculptent à merveille. Elle supporte toutes les incisions, toutes les gravures. Mais au Mexique aussi, on sculpte le jade depuis des siècles et des siècles.

Il apparaît que, dans la plupart des cas, les objets en jade sont dédiés aux Dieux ou aux plus hauts seigneurs, en Chine comme au Mexique.

Dans le lit des torrents du Vanuatu (Cet archipel, du temps où je m’y trouvais, s’appelait les Nouvelles-Hébrides et se trouvait sous une domination franco-britannique dont je ne connais pas d’équivalent dans le monde ni dans l’histoire ….)

On trouvait du jade, sous forme de galets ronds d’une quinzaine de centimètres de diamètre. On en trouvait souvent. Je n’en ai ramené qu’un seul, lisse, pur, d’un vert étrange parce que très clair.









Cette histoire se déroule dans l’île de Malikolo. Vous pouvez aussi l’appeler Malekula, c’est selon votre bon plaisir. L’archipel s’appelle maintenant le Vanuatu, depuis qu’il est indépendant. À l’époque, il s’appelait l’archipel des Nouvelles-Hébrides et il était placé sous le gouvernement conjoint de la Grande-Bretagne et de la France. On appelait ça un condominium. De cette formule de gouvernement, il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire ... et beaucoup à rire, parfois à pleurer;

J’en donnerai juste quelques aperçus car ce n’est point là mon propos d’aujourd’hui.
On peut constater tout d’abord que, les Anglais roulant à gauche, et les Français à droite, pouvaient naître certains problèmes : J’ai connu de vieux planteurs qui n’auraient cédé pour rien au monde lorsqu’ils se trouvaient face à un véhicule venant sur le même côté de la route, mais en sens inverse. On peut imaginer le genre d’apostrophes qu’ils pouvaient s’adresser en ces occasions !

Pour aller vite, on peut raconter aussi l’histoire de la fourrière de Port-Vila, la capitale.




Il faut pour cela noter qu’il n’y avait pas aux Nouvelles-hébrides deux, mais bel et bien trois administrations puisque l’assemblée du Condominium avait aussi son mot à dire : Elle réunissait des représentants anglais, des représentants français et des autochtones.

L’assemblée condominiale, un jour, constatant qu’il y avait de plus en plus de chiens et de chats errant à Port-Vila, décida de la construction d’une fourrière. La fourrière construite ... Qui allait payer le fonctionnement et l’entretien des animaux ?
Après moult palabres, exposé des exigences et des concessions possibles, on décida ... Que les chiens seraient anglais et les chats français ! Et cela fonctionna ainsi !

Il y aurait beaucoup de choses à raconter encore. je vous laisse imaginer, mais peut-être reviendrai-je un jour, sur les “joyeusetés du condominium” !













                                               Éruption  nocturne au volcan de Tanna



Pour le moment, c’est de la visite d’un Ministre qu’il s’agit : Une visite à Malikolo. Il s’agit, si mes souvenirs sont bons de Monsieur Bourgès-Maunoury, Ministre de la France d’Outre-mer, sous la Présidence de Charles de Gaulle. C’était dans les années soixante.



Je n’étais pas à Malikolo, mais je résidais dans une île du même archipel et l’un de mes amis résidait, lui, en tant que médecin, dans l’île en question;

Il faut dire quelques mots à propos de ces îles : Îles hautes, volcaniques, aux plages noires, aux terres sombres, aux frondaisons impressionnantes en épaisseur et en hauteur … La forêt primitive dans toute son acception, impénétrable et foisonnante. Il pleut souvent et il fait souvent chaud. Philodendrons, lianes, de rares oiseaux du genre pigeons ou tourterelles et des cochons sauvages.

Quelques rares Européens, dans des boutiques où l’on vend de tout. Les autochtones sont des Mélanésiens vivant leurs coutumes et se réunissant le soir ( Seulement les hommes) sur la place du village, (le « nakamal ») pour boire le kava (drogue douce ayant des effets oniriques ). Autour du nakamal, des cases de bambou à toit de roseaux.

À Malikolo vivent deux peuples : Sur les rivages, les “Small Nambas” et dans l’intérieur de l’île, les “Big Nambas”. (Je schématise, que l’on me pardonne).

Savez-vous ce que l’on appelle le “namba” ? Eh bien voilà : Les gens des deux peuples vivent nus. Les mâles des deux peuples cachent leur sexe dans un étui attaché autour des reins par des brins de raphia ou de quelque chose qui y ressemble, afin, sans doute, de figurer une érection permanente.

Le reste de la description de cet attribut, on peut le déduire des noms qu’on lui donne :

Les Big Nambas portent un étui pénien qui est beaucoup plus long que celui des Small Nambas !
Orgueil ? Machisme ? Prétention ? J’ai vu des photos : les étuis péniens des Big Nambas sont vraiment impressionnants et peuvent laisser rêveur !

Les Big Nambas sont chez eux. Ils acceptent les gouvernements qui les dominent, mais c’est à leurs conditions :

-” Tu vois, dira le Chef des Big Nambas au Ministre qui leur rend visite. Tu nous promets la construction d’un hôpital. C’est bien, mais tu sais, quand on est dans la pirogue, si on pagaie d’un seul côté, la pirogue ne va pas droit, alors, nous, nous pagayons des deux côtés.” Il sous-entendait par là qu’il sollicitait l’aide de la France, mais qu’il ne s’interdisait pas pour autant de solliciter aussi celle des Britanniques. Fierté et sagesse et la pirogue ira bien droit!

Pour aller chez les Big Nambas, il faut demander l’autorisation plusieurs jours à l’avance et respecter les coutumes : On doit envoyer un émissaire chargé de présents : Un coupon de tissu, un paquet de tabac, un billet de banque ...

Les Big Nambas voulaient bien recevoir le Ministre français. Celui - ci allait décorer le Chef des Big Nambas. De quelle décoration s’agissait-il ? … Il ne m’en souvient guère et, au fond, il importe assez peu. Une décoration avec une médaille et un ruban de couleur, comme toutes les décorations qui s’accrochent à la poitrine des récipiendaires ...

Vous avez parlé de la poitrine ?
Certes, justement ... Parlons-en ! Monsieur Bourgès-Maunoury, Ministre de la République Française et du Général Charles de Gaulle s’apprêtait à remettre la décoration piquée sur un coussin ...

Allez donc épingler une décoration sur la poitrine d’un homme nu des pieds à la tête, portant pour tout vêtement un orgueilleux étui pénien ! Perplexité ... Ô ! Solennité de l’instant!
Je ne sais qui trouva la solution : On passa un collier de ficelle autour du cou de ce Chef et le Ministre accrocha la médaille à la ficelle.







Ce fut après, que le Ministre prononça le plus sérieusement du monde un discours dans lequel il promettait de faire construire un hôpital. Et ce fut après que le Chef des Big Nambas fit un exposé sur la meilleure façon de pagayer lorsqu’on est dans une pirogue.

Quelques années plus tard, la pirogue devait aller seule, l’archipel étant devenu indépendant sous le nom du Vanuatu.

Le Vanuatu est maintenant une destination touristique. La longueur des étuis péniens est-elle pour quelque chose dans son succès auprès des touristes ? Je suis certain que l’on pourrait répondre par l’affirmative !









« Ô TOI QUI VIENS ICI, REGARDE ET MÉDITE SUR LE TEMPS, SES VICISSITUDES, CAPRICES ET INCERTITUDES, NE TE LAISSE PAS ABUSER PAR LES ATTRAITS DE CE BAS MONDE, DE SES LEURRES, MENSONGES ET FAUX CLINQUANTS. »

       ( Les Contes Des Mille Et Une uits).

lundi 30 mars 2015

LA THAÏLANDE SURPRENANTE





THAÏLANDE ...


                        SURPRISES













































j’avais pourtant bien rencontré, sur ma route, au petit matin, cinq ou six camions en convoi. Ils étaient chargés, chacun dans sa benne d’acier, de groupes d’hommes équipés de pelles et de pioches. En prévision de la grosse chaleur qui ne pouvait manquer de s’appesantir, en cette saison annonciatrice de mousson, les hommes étaient emmitouflés de lainages, certains même cachaient leur visage sous un passe-montagnes. En ces jours, parmi les plus pénibles, la nature et les hommes s’apprêtaient à suer. La sueur montait des rizières et s’étalait en une sorte de brume légère.

j’avais posé des questions, mais je n’avais pas bien compris les réponses que mon chauffeur m’avait faites.
Elles m’avaient semblé bizarres ... Allons, encore une chose incomprise : La barrière des langues ! Mon lourd paquebot climatisé avait continué sa route et je n’avais plus pensé à rien.











L’après-midi, j’avais visité la ville : Ville de bois et de parpaings, à toitures de tôles, échoppes incertaines, le marché, vide à cette heure-ci, un rond-point surmonté d’un pagodon doré, réservoir d’eau rougie, cages de bois toutes petites contenant chacune un mainate siffleur et parleur, balcons branlants, odeurs d’épices, guirlandes de papier découpé.




Il faut bien se souvenir de l’itinéraire que l’on a suivi car on ne pourra demander son chemin à personne. Les panneaux de circulation routière sont énigmatiques et leur écriture m’est absolument inconnue. Sois sans crainte : Les rues se coupent à angle droit et tu as tourné à droite deux fois, puis une fois à gauche ... Tu ne devrais pas avoir de difficultés pour retrouver l’hôtel.










L’hôtel : Quelques chambres dans des bâtiments sans étage, organisés sur le périmètre d’une cour en terre battue. La terre est rouge ici, comme de la bauxite. Les arbres sont rares. L’air sent la poussière. Tout est poudré de poussière rouge. Deux buffles vautrés dans le ruisseau. Leur peau est rose et noire. Ils lèvent leurs mufles. Dans le même ruisseau, une femme récolte des liserons d’eau. L’hôtesse m’accueille avec un sourire. Elle joint les mains et me salue en les portant à son front. Elle plie les genoux. Elle a mis le climatiseur en route dans ma chambre et elle a déposé quelques orchidées violettes dans une coupe.

Je n’ai pas dormi la nuit dernière. Juste derrière ma chambre, il y a une pagode. On y célébrait quelque chose. Je ne sais quoi et je n’ai personne pour me renseigner, mais la musique n’a pas cessé jusqu’à l’aube : Musique aigrelette et lancinante. Je n’ai pas vu de musiciens. On doit passer des disques.


La musique, ici, est accompagnée de voix, ou plutôt c’est la voix qui est accompagnée de sortes de fifres, de tambours, de xylophones et de cithares. Incontestablement, on peut la qualifier de romantique, songer à des psalmodies, à des plaintes, à des litanies, à des prières. Le gong y a sa part.

Et ce soir, cela recommence. Il faut aller y voir, tu ne peux pas rester stupide !

























Il fait nuit, nuit noire, très noire. Il continue à faire chaud. Tout est moite. Un seul réverbère. Halo de lumière jaune. Suivre la foule, car il y a foule devant le temple. Elle s’engouffre sous un porche. Grouillements. Je débouche dans une cour et dans la lumière. Gueuloirs. Accrochés dans tous les angles, des haut-parleurs gueulent la musique et les chants. Couleurs. Beaucoup de jaune, jaune primaire, jaune safran, jaune tirant sur le rouge. Robes rayées de vert et d’or. Soies. Peu d’enfants, je ne peux même pas assurer qu’il y en ait...
Des femmes, des hommes. Un arbuste aux branches duquel sont accrochés des billets de banque. Vasques emplies de sable, des baguettes d’encens y sont plantées. File, et chacun à son tour allume une poignée de baguettes, s’incline plusieurs fois, tandis que la fumée bleue, odorante, monte devant l’effigie du Bouddha impassible. Guirlandes dorées ...


























Suivre les mouvements de la foule, il n’y a pas moyen de faire autrement. L’impression, un peu, de suivre une lente farandole. Personne ici ne fait attention à ma présence. Sur les côtés, les gens parlent sans s’agiter. Bonzes safranés à l’épaule nue, bonzillons vêtus de même et le crâne rasé. Révérences, fumée des baguettes d’encens que l’on replante ensuite dans la vasque où elles achèvent de se consumer. Suivre les mouvements...

L’impression, parmi ces rites qui me sont étrangers ... L’impression d’un autre monde, auquel je ne comprends rien. Psalmodies dans une langue que je ne comprends pas. Inutile de questionner, on ne me comprendrait pas. Suivre ...

Et puis ... Et puis, dans une cage grillagée posée sur une table ... Un bébé ! Un bébé que l’on prendrait pour un poupon de celluloïd, joufflu, vêtu d’une layette de laine rose, chaussons aux pieds. On le croirait vivant mais, pas de doute, il est mort ! Il s’agit d’un cadavre de bébé que l’on a lavé et habillé. Il est intact, couché, comme s’il dormait. Où suis-je? -  Je regarde les gens autour de moi : ni inquiétude ni surprise, ni horreur ...


Autre mouvement de la foule. Autre bébé, même ahurissement ... Autre monde et les sons, les odeurs, les couleurs, tout se conjugue pour me procurer cette impression de malaise ... Voir pourtant, voir pour tenter de comprendre.


Cinq bébés morts, et tout à coup ...

























La cage est plus grande cette fois : Son occupant est le cadavre, intact lui aussi, d’un homme adulte. Il est vêtu d’une tenue de combat militaire. Les parties visibles de son corps sont un peu parcheminées, mais à peine ! On a dû le laver lui aussi et les vêtements sont neufs. Il est chaussé de brodequins, mais on voit que la peau sèche est fendue, au cou du pied. On aperçoit les tendons. C’est la seule preuve qu’il est bien mort et qu’il doit être mort depuis longtemps, desséché, momifié en quelque sorte ... Les baguettes d’encens continuent à brûler, les gens à psalmodier, l’aigre musique à hurler, les bonzes à accrocher des billets aux branches , courbettes, saluts, les deux mains jointes ...

Mais enfin, qu’est-ce que cela signifie ?

Et puis à ce moment-là, un homme qui se précipite vers moi en criant, qui menace et me prend à partie ...


Mais qu’est-ce que cela signifie donc ?



Une femme qui passait par là porte l’index à sa tempe, montrant par là qu’il ne faut pas que je m’effraie, l’agresseur est un simple d’esprit, un fou ! Fou, oui, peut-être, mais, faute de comprendre et faute de pouvoir me faire expliquer les choses, je m’enfuis. C’est plus sûr !

La musique, derrière ma chambre, continuera toute la nuit. Ce ne sera que le lendemain que l’on pourra me donner les clefs explicatives :

Les camions rencontrés le matin, dont les plateaux étaient remplis d’hommes armés d’outils et couverts de lainages ... Ces camions emmènent chaque matin, depuis une semaine, les volontaires pour déterrer les morts ... Rien de moins ! – mais rien de plus … Dans ce pays on considère que l’âme ne peut se dégager du corps que lorsque ce dernier a subi l’incinération. On va donc, une fois par an, déterrer les cadavres. Ils sont pour beaucoup d’entre eux, desséchés et en parfait état de conservation.

La fête s’achève avec la crémation.














« Ô TOI QUI VIENS ICI, REGARDE ET MÉDITE SUR LE TEMPS, SES VICISSITUDES, CAPRICES ET INCERTITUDES, NE TE LAISSE PAS ABUSER PAR LES ATTRAITS DE CE BAS MONDE, DE SES LEURRES, MENSONGES ET FAUX CLINQUANTS. »

         (Les Contes des Mille et Une Nuits)

dimanche 29 mars 2015

THAILANDE ET CAMBODGE


THAÏLANDE ET CAMBODGE


LES CAMPS DE RÉFUGIÉS





















                  “Savez-vous comment on reconnaît un Cambodgien parmi d’autres asiatiques ?”

                   “-C’est celui auquel il manque une jambe, un bras ou un œil ... Les mines !”

Les volontaires des organisations non-gouvernementales s’affairent comme ils le peuvent : Les chirurgiens amputent, les kiné appareillent ...




En principe, par les portes d’un camp n’entrent et ne sortent que les camions de vivres, que les voitures des volontaires autorisés

Organisations de toutes origines, de toutes nationalités, de toutes confessions

On y devine des “marginaux” idéalistes, dévoués, admirables et un peu naïfs.

On y devine aussi les rivalités, les ambitions, les nationalismes, les projets et les supputations.

Les Australiens sont là, mais aussi les Américains, les Français, les Belges.
Des écussons marqués de la Croix, d’autres portent des bannières.
Une organisation offre du soja, l’autre des métiers à tisser. Il y a ceux qui assurent la formation des polices futures, ceux qui enseignent la mécanique automobile, ceux qui soignent et ceux qui prient.




Les boîtes de thon arrivent du Japon.
Les sacs de riz proviennent des Etats-Unis.





















Des camps rouges,
des camps nationalistes,
des camps Royalistes.

Bambous
Bambous
Bambous

Certains sculptent dans des souches les chimères du Ramayana.

Racines !

Un camion décharge le riz des Nations-Unies
Un autre camion charge le même riz et part le vendre sur les marchés de Thaïlande.
On trouve sur tous les marchés des alentours le riz et le thon des Nations-Unies.
Des camions partent la nuit pour ravitailler les zones de combat … S’indigner ?
Crier au scandale ?
Rester pragmatique : Qui peut croire qu’il serait possible, pendant dix ans, de ne manger que du poisson en conserve et du riz ?
Quant au riz pour les combattants !


Le vrai scandale, ici, ce sont les enfances brisées. Cent cinquante mille enfants en âge d’aller à l’école !
Écoles en bambous, que disloquent les pluies et les vents.
Écoles dont les « maîtres » ne savent guère plus que lire.
Équipes de formateurs hétéroclites : professeurs Thaïs, enseignants philippins, Khmers francophones, dont l’un a sans doute enseigné, pendant un an ou deux, autrefois, avant de devenir “aide-opérateur” d’une station d’épuration dans la région parisienne : tourmente oblige!

Le vrai scandale, ce sont ces cent cinquante mille enfants dont la plupart n’ont jamais vu un buffle,- … une rivière !
Merveille ! On fit entrer un éléphant dans un camp, à l’occasion d’une fête !




Quel avenir, pour ces enfants ? Quels schémas psychiques ? Quels repères ? Quelle conception du monde ?


Dans le lointain
Qui s’en soucie ?
Pleuvent les roquettes sur les cabanes de bambou.

Mais le Bouddha sourit toujours


















Sihanouk
Son Sann
Sat Susakorn
Tamok, satanique général unijambiste des troupes de Pol Pot



Ministres, Chefs, prétendants et courtisans.
Bureaux des Administrateurs des camps
Bambous !

Plaques gravées célébrant des fonctions vides de sens, vides de réel, ne justifiant que des envies de survivre.

Monsieur Meak-Lean, “Ministre de l’Éducation”, bambous, cabane, tables, chaise, tableau noir où sont portées des listes fictives !




Un élève ajouté à la liste égale une ration de riz supplémentaire.
Antique machine à écrire à caractères khmers, importée de République Démocratique d’Allemagne.

Monsieur Meak-Lan accroupi sur une claie en bambou, vêtu d’un sarong et ne pouvant pas s’asseoir pour cause d’hémorroïdes

Monsieur Meak-Lan est mort, respect !

Il ne faut rire ni des plaques gravées, ni des chaises vides. Il ne faut railler aucun de ces partis “politiques”, aucun de ces clans, aucune de ces rivalités, aucune de ces magouilles qui permettent à ces hommes et à ces femmes de survivre.

Tombent les pluies des moussons, violentes et lourdes. Les enfants, en piaillant, roulent dans la boue des caniveaux. Piaillent-ils ?
Tout m’a semblé si terriblement silencieux!

Ce qui m’a semblé le plus triste, dans ces camps, c’est qu’il n’y a pas de jouets pour les enfants : Ni jouets à tirer, ni jouets à pousser, ni jouets à cajoler !

Celui qui, un jour, s’avisa de faire dessiner ces enfants, sur de grandes feuilles de papier, celui-là n’obtint que des images de flammes, de fusils, de bombes, de bombardiers !