dimanche 29 mars 2015

THAILANDE ET CAMBODGE


THAÏLANDE ET CAMBODGE


LES CAMPS DE RÉFUGIÉS





















                  “Savez-vous comment on reconnaît un Cambodgien parmi d’autres asiatiques ?”

                   “-C’est celui auquel il manque une jambe, un bras ou un œil ... Les mines !”

Les volontaires des organisations non-gouvernementales s’affairent comme ils le peuvent : Les chirurgiens amputent, les kiné appareillent ...




En principe, par les portes d’un camp n’entrent et ne sortent que les camions de vivres, que les voitures des volontaires autorisés

Organisations de toutes origines, de toutes nationalités, de toutes confessions

On y devine des “marginaux” idéalistes, dévoués, admirables et un peu naïfs.

On y devine aussi les rivalités, les ambitions, les nationalismes, les projets et les supputations.

Les Australiens sont là, mais aussi les Américains, les Français, les Belges.
Des écussons marqués de la Croix, d’autres portent des bannières.
Une organisation offre du soja, l’autre des métiers à tisser. Il y a ceux qui assurent la formation des polices futures, ceux qui enseignent la mécanique automobile, ceux qui soignent et ceux qui prient.




Les boîtes de thon arrivent du Japon.
Les sacs de riz proviennent des Etats-Unis.





















Des camps rouges,
des camps nationalistes,
des camps Royalistes.

Bambous
Bambous
Bambous

Certains sculptent dans des souches les chimères du Ramayana.

Racines !

Un camion décharge le riz des Nations-Unies
Un autre camion charge le même riz et part le vendre sur les marchés de Thaïlande.
On trouve sur tous les marchés des alentours le riz et le thon des Nations-Unies.
Des camions partent la nuit pour ravitailler les zones de combat … S’indigner ?
Crier au scandale ?
Rester pragmatique : Qui peut croire qu’il serait possible, pendant dix ans, de ne manger que du poisson en conserve et du riz ?
Quant au riz pour les combattants !


Le vrai scandale, ici, ce sont les enfances brisées. Cent cinquante mille enfants en âge d’aller à l’école !
Écoles en bambous, que disloquent les pluies et les vents.
Écoles dont les « maîtres » ne savent guère plus que lire.
Équipes de formateurs hétéroclites : professeurs Thaïs, enseignants philippins, Khmers francophones, dont l’un a sans doute enseigné, pendant un an ou deux, autrefois, avant de devenir “aide-opérateur” d’une station d’épuration dans la région parisienne : tourmente oblige!

Le vrai scandale, ce sont ces cent cinquante mille enfants dont la plupart n’ont jamais vu un buffle,- … une rivière !
Merveille ! On fit entrer un éléphant dans un camp, à l’occasion d’une fête !




Quel avenir, pour ces enfants ? Quels schémas psychiques ? Quels repères ? Quelle conception du monde ?


Dans le lointain
Qui s’en soucie ?
Pleuvent les roquettes sur les cabanes de bambou.

Mais le Bouddha sourit toujours


















Sihanouk
Son Sann
Sat Susakorn
Tamok, satanique général unijambiste des troupes de Pol Pot



Ministres, Chefs, prétendants et courtisans.
Bureaux des Administrateurs des camps
Bambous !

Plaques gravées célébrant des fonctions vides de sens, vides de réel, ne justifiant que des envies de survivre.

Monsieur Meak-Lean, “Ministre de l’Éducation”, bambous, cabane, tables, chaise, tableau noir où sont portées des listes fictives !




Un élève ajouté à la liste égale une ration de riz supplémentaire.
Antique machine à écrire à caractères khmers, importée de République Démocratique d’Allemagne.

Monsieur Meak-Lan accroupi sur une claie en bambou, vêtu d’un sarong et ne pouvant pas s’asseoir pour cause d’hémorroïdes

Monsieur Meak-Lan est mort, respect !

Il ne faut rire ni des plaques gravées, ni des chaises vides. Il ne faut railler aucun de ces partis “politiques”, aucun de ces clans, aucune de ces rivalités, aucune de ces magouilles qui permettent à ces hommes et à ces femmes de survivre.

Tombent les pluies des moussons, violentes et lourdes. Les enfants, en piaillant, roulent dans la boue des caniveaux. Piaillent-ils ?
Tout m’a semblé si terriblement silencieux!

Ce qui m’a semblé le plus triste, dans ces camps, c’est qu’il n’y a pas de jouets pour les enfants : Ni jouets à tirer, ni jouets à pousser, ni jouets à cajoler !

Celui qui, un jour, s’avisa de faire dessiner ces enfants, sur de grandes feuilles de papier, celui-là n’obtint que des images de flammes, de fusils, de bombes, de bombardiers !






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