VENISE
LA SÉRÉNISSIME
Venise ...
Oui, Venise ...
Venise quand même !
En dépit des escadrons de touristes dociles
Parlant Chinois ou Japonais
Parlant Russe ou bien Allemand
Et les guides élèvent de petits drapeaux
Des ombrelles ou des mouchoirs
Suivez-moi à mon panache blanc !
Venise quand même
Bien que les zombies se serrent dans le vaporetto
Tout comme à Paris dans le métro du soir
Venise quand même
Malgré les foules qui se pressent sur la place Saint Marc
Photo !
Il y a toujours des pigeons et quelqu’un pour les nourrir
Sous les ponts, les gondoliers sont crânes et gais
Même si la promenade est hors de prix
Venise quand même
Bien que dans chaque ruelle
se vendent à la sauvette des articles contrefaits
Venise quand même
Et toutes ses boutiques de luxe
Tous ses pas-de-portes de perles et de verroteries
Venise quand même
Ses restaurants attrape gogos
Ses moustiques et ses odeurs de moisi
Venise !
Oui, Venise, ses palais, ses chapelles
Ses églises
Et ses cathédrales
Ses campaniles, ses dômes
Ses canaux et ses venelles
Venise, ses façades de marbre
Venise et ses toits de tuiles
Ses paquebots au coeur de la ville
Oui, Venise
Du haut de la tour San Giorgio
La lagune et ses îles
Ses ponts et ses quais
Sa lumière
Venise à nulle autre semblable
Venise d’aujourd’hui et Venise historique
Venise des images, des sculptures et des noms
Titien, Véronèse, Tintoret, Bellini et les autres
Oui, Venise ...
Venise de Chateaubriand et de Byron
Thomas Mann, Proust et Musset
Venise des doges et des ambassades d’orient
Venise et le Bucentaure
La chimère du lion ailé
Venise des soieries somptueuses et des bannières
Des festivals et des carnavals
Mais Venise morte quand tombe le soir
Ville vide
Dont les rues s’emplissent trop vite le matin
Et les guides élèvent bien haut de petits drapeaux
Des ombrelles ou des mouchoirs
Suivez-moi à mon panache blanc !
FLORENCE
( à Franco et Giuliana Alessandri )
Ocre
Ocre jaune
Ocre rouge
Les villas s’accrochent aux pentes boisées
Campaniles
Les monastères dominent aux crêtes des collines
Longues files des cyprès colonnaires
Montant jusqu’au ciel
Bleu pervenche
Dômes et coupoles
Tours
Remparts
Briques
Tuiles très douces
Rues étroites
L’Arno feint le sommeil
Le Ponte Vecchio se recueille
Les palais sculptent la ville
Laurent
Laurent le Magnifique
Mosaïques
Pavements colorés de pierres dures
Marqueteries
Façades revêtues
De marbres antiques
Arrachés aux monuments des Césars
Et les bijoux des Barbares luisent au vitrail
Portes modelées et fondues dans le bronze
Couvertes de feuilles d’or
Arcades et balcons
De fer forgé
Balustres
Escaliers en souples volées
Mais Persée brandit la tête
De Méduse à bout de bras
Baptistères
Chapelles et églises
Cathédrales basiliques et musées
Le Christ en majesté
Le Christ triomphant
Le Christ mort
Visages de Madone
La Madone glorieuse
Mais la douloureuse mère d’un homme mort
Tant de beauté !
Tant d’or
Tant d’argent
Tant de talent et tant de travail !
Le David de Michel-Ange
Mais aussi sa Piéta
Mécènes peintres sculpteurs
Architectes maçons
Tout cela pour exorciser la mort ?
Laurent, ton tombeau est magnifique
Mais c’est un tombeau..
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