L’ÎLE DE PÂQUES
L’île de Pâques dans l’après-midi, jointe par avion alors qu’il
eût fallu sans doute la gagner par les voies maritimes, l’espérer longuement …
L’île de Pâques : rien ! Rien de rien ! Très petite terre pelée, rouge.
Quelques endroits plantés d’arbres, collines rases, rares toitures de tôles
rouillées, baraques de l’aéroport : Quatre box ou quatre personnes tiennent
boutique, chacun une dizaine de cartes postales, pas plus, deux ou trois bois
gravés , un collier de lapis-lazuli. Il semble qu’aucun des boutiquiers
n’espère vendre quoi que ce soit.
La piste d’atterrissage est la plus longue du monde , construite
par la NASA pour être la piste de secours des navettes spatiales. J’ai choisi
de ne pas m’arrêter ici. On pourrait s’interroger sur les raisons de ce choix :
Je poursuis aujourd’hui d’autres mythes. Au total, rien : Tristesse et abandon
… Film américain, l’impression d’un fortin abandonné aux limites du désert. Un
oiseau de pierre ou de béton sur un piédestal, deux hommes oiseaux enlacés : ce
sont des faux en ciment, mais les passagers de l’avion en escale prennent tout
de même des photos, bien sûr ! Une antique machine agricole abandonnée et qui
rouille, des broussailles. Cinq à six vaches …
Au décollage, on mesure mieux l’étroitesse et le vide : Petit
cratère, rempli d’eau verte qui forme une mare … Un alignement de Moaï, ces
statues célèbres dans le monde entier : On l’aperçoit au bord d’une plage, dos
tournés à l’océan. Adieu. Je ne repasserai que de nuit, sur le chemin du
retour. Peut-être, de nuit, adhérerai-je plus étroitement au mythe ? … Il est
des songes qu’il vaut peut-être mieux ne pas faire pénétrer dans le réel … Il
me semblait ... Il me semblait que je me trouvais devant les alignements de
Carnac. Il me semblait percevoir la loi qui ramène l’homme à lui-même,
irrésistiblement. Se voulant Dieu, il a dressé la pierre. C’était au jour
lointain ... Peut-être dès le premier jour ...
Depuis les îles britanniques jusque par-delà la Méditerranée,
l’homme a dressé les pierres : Signes dont on discute, de civilisations dont on
ne sait rien. Le rite est partout : stèles, obélisques, minarets, tours,
statues, pyramides et clochers ... Et les coqs sur les clochers. Un jour de
Pâques, des navigateurs égarés passent près d’une île montagneuse. Ils y
découvrent des géants de pierre au regard éteint ... On en discute encore ...
Mais les géants, pour la plupart, sont couchés et la mémoire en
a perdu le sens. Pour autant, on n’a pas fini d’élever des dieux. La prétention
de l’homme est de vaincre la pesanteur ... Fût ce en expédiant des fusées dans
les airs, ce qui n’est guère autre chose que de dresser des Moaï, des Menhirs
ou des Stupas. Sur l’île de Pâques, on trouve aussi l’obsidienne : véritable
verre naturel, d’un noir absolu, dont le brillant réjouirait sans doute Pierre
Soutine. J’ai ramené de cette île un petit morceau d’obsidienne. C’était avec
des lames d’obsidienne que l’Inca sacrifiait ses victimes!
Le saviez-vous ? Il n'y a plus un seul arbre sur l'île de Pâques : Ils ont servi de rouleaux pour le transport des Moaïs !
Le dernier arbre de l'île de Pâques se trouve dans le jardin botanique de Menton !
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