mercredi 30 novembre 2011

DES RESTAURANTS FORTIFIÉS ?




Sur la Croisette ... On n'en finirait pas de parler de la Croisette ... Sur la Croisette ont été installées, quasiment sur toute la longueur de la promenade, des chaises métalliques peintes en bleu, lourdes à dessein, assez difficiles à manipuler pour ne pas être volées, assez solides pour demeurer en bon état. Souvent, il est vain de chercher à s'asseoir sur l'une de ces chaises, tant elles sont monopolisées par les vieux qui les déplacent, les disposent en rond pour bavarder tout à loisir. C'est un beau spectacle.

Il peut vous arriver de voir quelqu'un saisir l'une de ces chaises, la soulever et, carrément, la lancer par-dessus le parapet ... Elle retombe sur ses pattes, dans le sable de la plage. Ce genre d'exercice est interdit, mais il fait si bon sur le sable ! On les regroupe même, pour jouer aux cartes et ce sont alors de longues parties silencieuses qui durent tout un après-midi : Heureux temps !

Mais les plages publiques ne se trouvent qu'aux deux extrémités de la Croisette. Tout le reste du rivage est occupé par des plages dont la ville a concédé l'exploitation à des restaurateurs ou à des plagistes. Nous en avons déjà parlé.

L'autre jour une tempête a sévi sur le Var et la Côte d'Azur. Chacun a pu voir à la télévision les serveurs et les employés de ces restaurants manipuler de dérisoires balais-brosses pour tenter d'évacuer les eaux de mer et les galets projetés par les vagues déchaînées. Les tables et les sièges, les bars et la vaisselle ... Tout partait à vau-l'eau et à la dérive ! Les images donnaient l'impression que nous étions, avec Moïse, à l'instant de la traversée de la Mer Rouge ... Les Israélites venaient de passer de l'autre côté et la mer submergeait les troupes et les chevaux de Pharaon ! Cataclysme ! Réchauffement planétaire ! Déluge ! Tsunami ! ...

C'était oublier que, même au bord de la Méditerranée, le littoral, c'est essentiellement le territoire de la mer ... Qu'elle s'y comporte comme si elle était chez elle, cela n'a rien de très anormal ... Le sable de la plage est entré dans les salles de restaurants, a envahi les planchers, s'est insinué partout, en force. Quoi d'anormal sur une plage ? Est-il plus normal d'installer des restaurants sur le sable, au ras des flots ? Est-il anormal que surviennent des tempêtes, de temps à autre ?

Du reste, ces restaurants et ces guinguettes ne sont que des constructions légères, vite endommagées, mais aussi vite réparées. On le vit bien : Quelques jours seulement après la tempête, tous les établissements étaient fonctionnels ... Seulement, nous avions assisté à d'étranges choses : Des pelleteuses gigantesques étaient apparues, creusant la plages, ramenant les sables en tas immenses, remplissant ces sacs à pleines bennes et les alignant les uns à côté des autres : Sacs de matière plastique ... gigantesques sacs, cabas de géants ... contenant chacun au moins cinq mètres cubes de sable. Une fois plein, le sac tient debout ... Un cordon de sacs pleins de sable s'est vite élevé, formant digue tout autour de chaque restaurant.

Curieux spectacle, que l'on peut admirer encore maintenant : Les planchers ont été déblayés, les tables ont tant bien que mal retrouvé leurs emplacements, les chaises tout autour de chacune d'elles. Tant bien que mal, la vaisselle, le linge, ont été remis en service. tant bien que mal le mobilier de cuisine a été récupéré. Les serveurs, toujours impeccables dans leurs veste blanches, s'activent .... Mais tout cela donne l'impression d'un spectacle surréaliste : Nul doute que les convives, entourés d'une digue pareille, ne voient pas la mer ! ... Alors, si c'est pour ne pas même voir la mer .... Quel est le plaisir de manger sur la plage ? ... Il nous semble voir des prisonniers, condamnés à la forteresse, manger entre les murs qui les empêchent de s'évader ... C'est tout à fait l'impression que l'on peut avoir lorsqu'on visite certaines forteresses de l'Atlantique qui, autrefois, ont servi de prisons à de célèbres personnages ... Mais, justement ...Le but recherché n'est-il pas de se prendre pour un "célèbre personnage "?

mardi 29 novembre 2011

UNE VILLE FLAMBOYANTE ?

LE PALAIS DES FESTIVALS




Je connais encore peu la ville de Cannes, n'y ayant transporté mes pénates que récemment. Pourquoi les avoir transportées là plutôt qu'ailleurs ? - "Eh ! Pourquoi pas là ?" - Ma réponse ne saurait aller plus loin : Le climat ... Et puis certaines affinités.

On dit que cette ville est flamboyante. De fait, on y trouve une accumulation peu ordinaire de restaurants, de bars, de boîtes de nuit, de plages réservées, de salles de spectacles, de galeries d'art, de palais, palaces, voiliers, yachts et vedettes, de vitrines de luxe ...

Parlons de palaces, seul Paris en offre un nombre supérieur : Il y a six cinq étoiles à Cannes ! Parlons de boîtes huppées, la ville peut rivaliser avec Saint Tropez et Monaco : Les nuits sont longues et elles sont chaudes à Cannes ... "Parmi les clients les plus fidéles, beaucoup d'étrangers, Monégasques venus en yachts, Russes, Moyen-Orientaux ..." ** ! Les bateaux de luxe se pressent dans les différents ports comme sardines en caque. Les paquebots de croisières s'ancrent quotidiennement dans la baie, aux abords du vieux port. Des hélicoptères transportent de discrets et riches visiteurs. Des avions privés assurent la liaison entre l'aéroport de Nice et celui de Mandelieu. .

Parlons de congrès et de festivals : Seule Deauville peut rivaliser et le Palais des Festivals de Cannes accueille aussi bien le congrès des "Duty-free" que les représentants du G20 ... Disons tout de suite que, pour le G20, la ville s'est transformée en véritable bastion renforcé, avec des kyrielles de C.R.S., de policiers, de gendarmes et de soldats ... Mais tout s'est très bien passé : La ville s'est mise en vacances pendant quelques jours. N'oublions tout de même pas de dire que le Palais des Festivals accueille aussi bien le festival de danse que le festival de cinéma ... Le festival de cinéma ! ... Il a lieu tous les ans depuis 1948. Il est mondialement connu, mondialement attendu, mondialement reconnu : Les palmes d'or qu'il décerne sont célébrées plus encore que les lions de Venise ou les ours de Berlin ... Elles rivalisent avantageusement avec les Oscars que délivrent les Américains. Les cameramen se bousculent pour filmer la "montée des marches" et les actrices et acteurs raffolent de l'exercice ... Les foules aussi.

En ce moment, c'est l'hiver ... Toutes ces "boules à facettes" tournent au ralenti. Il semblent que l'on ne se bouscule plus, pour le moment, ni dans les boutiques de luxe, ni dans les "boîtes", ni à l'entrée des casinos ... Mais ne vous y trompez pas : La ville vit encore ... La nuit ?- En quelques endroits !

Flamboyante, la ville ? ... Trois casinos ... Deux pour le groupe Barrière, un pour le groupe Partouche. En cette saison, on ne voit, le plus souvent, que les vigiles qui veillent aux portes, en costume sombre de croque-morts. Mais ne nous y trompons pas : On joue, dans les casinos ! Qui joue ? - On parle des émirs d'Arabie, on parle des oligarques russes, on parle des Monégasques ... On parle, on parle ... On chuchote plutôt, et pour l'instant, je n'ai pas vu grand monde bouger ... Mais peut-on en voir plus ? ... Une longue limousine s'approche sous le porche d'un palace ... Les "grooms" s'avancent, stylés mais peut-être, de nos jours, les appelle-t-on plutôt des "hôtes d'accueil" ... Une, deux portières s'ouvrent et se referment, des silouhettes descendent, s'engouffrent dans le hall ... Plus rien ! ... L'hebdomadaire "L'Express", dans son édition du N° 3151, de la semaine du 23 au 29 novembre 2011, précise que " 38 000 euros ;;; C'est le montant à débourser pour passer une nuit dans la plus belle suite de l'Hôtel Majestic, avec piscine, majordome, terrasse et vue imprenable sur les marches du Palais ..."


-"Moi, me disait Nunuche, à ce prix-là, dans un endroit pareil ... Cela me ferait mal de perdre mon temps à dormir !"

Qui va là ? - Mystère ... Chuchotis ... Le même hebdomadaire rapporte les propos du "coiffeur chic de la ville, qui tient salon au Martinez : "On voit parfois certains nababs entourés d'une nuée de filles dépenser des fortunes en champagne dans les boîtes ..." Gageons que les clientes des grandes marques de luxe se font présenter leurs bijoux et leurs vêtements de haute couture dans les salons des palaces, plutôt que dans les boutiques que l'on voit superbes mais assez désertes ...

Un marchand de chaussures me disait :

-"Oh ! Les Chinoises ... C'est toujours pareil : Elles sont en croisière; elles débarquent ; elles font toutes les vitrines, elles entrent dans tous les magasins ; elles tripotent tous nos articles ; elles demandent les prix. Elles n'achètent rien."

Précisons tout de même que les trois casinos rapportent ensemble à la ville 7% de ses recettes de fonctionnement (in L'Express, N) déja cité).

Alors ? ... Alors, attendre et voir ... Voir au fil des saisons ...

Un vieux Cannois, antiquaire sur la place du Commandant Maria me disait hier :

-" Je ne sais pas si vous avez bien fait de venir habiter ici : Cannes n'est plus la même ... La ville est devenue une ville de résidences secondaires . Les gens achètent, très cher, un appartement dans lequel ils ne viennent passer que quinze jours par an. Le reste du temps, les stores et les volets sont fermés, les balcons déserts."

Tout cela est vrai, certainement, tout cela ! Il reste à voir à quoi on doit attacher le plus d'importance !

Et pendant ce temps-là, des groupes de jeunes hommes, sur la place du Commandant Maria, désoeuvrés, accoudés à une table, devant des tasses de café vides depuis longtemps ... Mornes journées : Ils regardent les jeux d'eau des fontaines ... Ils regardent ... Regardent-ils encore ?


** N.B. : in l'Express", N° 3151

lundi 28 novembre 2011

ENCORE LA BROCANTE




Je suis revenu sur les allées, voir la brocante et les brocanteurs. Nous sommes à la fin du mois de novembre. Les étals sont mieux garnis : kyrielles de cristalleries, amoncellements de couverts argentés, ménagères d'argent massif, services de porcelaine, miroirs, tableaux, biscuits, horloges et nappes brodées ... Qui, de nos jours, voudrait perdre son temps à entretenir de l'argenterie alors que les couverts en acier-inoxydable passent si bien au lave-vaisselle ? Qui voudrait perdre une heure à repasser les serviettes de table et la nappe ?

La vie est courte, il faut profiter du soleil, de la plage ... Il faut danser, il faut chanter, il faut s'aimer !

Pour comprendre, il faut penser aux fêtes de famille, (Si, si, il y en a encore quelques unes !). Tenez, pensons à un mariage, (Eh ! Oui ! Il y a encore quelques mariages ... Quant à la durée pendant laquelle ils tiennent ...)

Autrefois, les familles n'avaient pas besoin d'être fortunées outre-mesure pour que soit ouverte une liste de mariage. Les parents et amis y choisissaient leurs cadeaux selon les désirs des jeunes mariés : Celui-ci offrait la soupière, celui-là offrait les assiettes creuses et les autres avaient le choix entre les couverts et la verrerie, entre le linge et la batterie de cuisine ...

Une soupière ? - Fi ! Qu'en ferais-je, et dans quel buffet la rangerais-je ? ... Un buffet qu'il faudrait astiquer, épousseter, cirer ... Ah ! oui ! C'est vrai, la cire, ça sent bon ...
Des verres en cristal de chez Lalique, Saint-Louis ou Baccarat ? - Il faudrait les laver et les essuyer à la main ... Vous avez des domestiques, vous ? Et la lingère ? - Vous avez une lingère, vous, pour amidonner et repasser ?

Allons ... Sur les listes de mariage ... (On peut ouvrir une liste de mariage même si l'on ne se marie pas : On annonce que l'on se met en couple, ou plutôt on officialise ce qui est déjà fait ... Cela n'empêche pas de faire bombance pour marquer le coup.) Sur les listes de mariage, on peut inscrire la machine à laver et le lave-vaisselle ... Mais, la plupart du temps, on les a déjà acquis à crédit (Avec l'aide de papa et maman, souvent ) ... Alors, sur la "liste" de mariage, il n'y a , le plus souvent qu'un seul et unique article : Un voyage ! ... Un voyage vers le soleil, les îles ou les rêves ... Et chacun, autour du nouveau couple, se cotise pour la réalisation de ce voyage ... Et si l'on a déjà un bébé dans son berceau ... Cela arrive ! ... On le confiera aux grands-parents pendant la durée du périple : Ils en seront ravis !

Alors, vous comprenez ... L'argenterie, les miroirs, les nappes brodées, la vaisselle de porcelaine de Limoges ...

Si, si ... Allez vous promener sur les allées, à Cannes, le samedi ou le dimanche ... D'abord, cela vaut bien une visite au musée. Vous y verrez de très jolies choses ... Ensuite ... Vous savez, on fera toujours semblant d'être aux anges en recevant vos cadeaux ... Très bientôt, voilà venir Noël, et voilà venir le Nouvel An.

Et puis, Vous pourrez peut-être les retrouver quelques semaines plus tard ... Sur les étals des brocanteurs des "Allées de Cannes !

samedi 26 novembre 2011

AH ! MONSIEUR ....




Ah ! Monsieur, ça a bien changé ... D'abord, autrefois, nous étions tous Provençaux ... Maintenant, il n'y en a presque plus ! Ensuite, si vous saviez ... Autrefois, on vivait à peu près tous de la même façon : On cueillait les olives ensemble .... On taillait la vigne ensemble et ensemble on faisait les vendanges. Et puis, quand il faisait trop chaud, on jouait aux boules sous les grands platanes, on buvait l'anisette ... Maintenant, il n'y a plus de convivialité : Chacun s'enferme chez soi. Je vais vous dire : Je suis marchand de fruits et de légumes. Je fais les livraisons à domicile. On me téléphone pour passer la commande, et je vais porter mes fruits à la porte de chacun ... Mais, attention ! - La porte, on ne me l'ouvre pas assez grand pour que je risque d'entrer ! Mon cageot, je le porterais bien jusqu'à la cuisine ... Pas question : La porte entre-baillée et le chèque, on me le glisse sans me faire entrer ! - Quand je pense que dans les films de Marcel Pagnol, on voit des livreurs qui sont accueillis avec le sourire : On leur offre un verre, et on bavarde un peu ... C'est la vie, ça !

Maintenant, chacun s'enferme chez soi ... D'abord, chez nous, maintenant, il y a plus de vieux que de jeunes, et les vieux, ils ne sont venus chez nous que pour y prendre leur retraite ... Le dimanche, on allait à la messe ... Enfin, c'était surtout les femmes qui allaient à la messe, les hommes, ils se retrouvaient à la terrasse du café ... On ne faisait pas de mal ... On jouait aux cartes, parfois, ou bien j'en ai connu qui faisaient claquer les dominos sur les tables ...

Maintenant, les oliviers ont été arrachés, pour la plupart ... Ceux qui demeurent, les olives tombent à terre toutes seules? Elles pourrissent là? Savez vous, Monsieur, que je vends des olives qui viennent d'Afrique du Nord ... Elles sont plus grosses que les nôtres, mais elles sont loin d'avoir le même goût !

On cultivait les orangers, et les figuiers .... Les orangers qui demeurent, et les citronniers, et les mandariniers, ne sont plus là que pour la décoration. Les figuiers ... Il y en a encore quelques uns, mais les figues que je vends viennent de Turquie. Il n'y a plus de vignes : Je vends du raisin d'Italie ou du chasselas de Moissac.

Et puis les collines ... Nos collines .... Il n'y aura bientôt plus de collines : On construit des immeubles les uns par-dessus les autres, on les entoure de parcs bien clôturés. On monte des murs, on installe des portails et des digicodes, des alarmes ...
Cette colline là ... Vous la voyez ... Quand j'étais gosse, elle appartenait à un parfumeur de Grasse ... Elle était couverte de jasmin !

Ah! Monsieur ... Qu'est-ce qui nous reste ? ... Le climat !
Et puis, quand même, quand on descend jusqu'à La Croisette ou jusqu'au Palm-Beach ... C'est beau, hein, la Méditerranée !

ACCUEIL ; LES PALACES




À Cannes, ce ne sont pas les hôtels qui manquent ! Les palaces se succèdent tout au long de la Croisette : Auvents sous lesquels glissent les limousines, halls d'entrée aussi vastes que des cathédrales, agents stylés pour l'accueil ... en gants blancs. Ils ouvrent et ferment les portières, comme à la Belle époque. Palmiers, fleurs ... Longues et hautes façades, enfilades de fenêtres et de balcons ... Mais comment fait-on pour emplir de pareils hôtels ?

Eh bien on les remplit, souvent ... et les autres hôtels aussi, ceux auxquels on n'accorde que deux ou trois étoiles : Cannes est une ville qui vit au rythme des festivals et des congrès. Vous pouvez y trouver une chambre à prix raisonnable (si ! si !), mais il faut vous renseigner soigneusement avant de venir : Lorsqu'il y a un festival ou un congrès, les prix des chambres, tout à coup, montent en flèche .... Jusqu'à trois fois leur prix courant ! Ce n'est pas tout : Ne venez pas à Cannes ^pendant ces périodes là : Toutes les chambres, absolument toutes, dans tous les hôtels de Cannes et des alentours ... Toutes les chambres sont retenues par les organisateurs des festivals. Nous avons vécu l'expérience et nous avons dû quitter notre hôtel et reprendre le train parce que la direction de l'hôtel dans lequel nous étions hébergés nous faisait savoir que nous étions dans l'obligation de nous en aller.

Bon, que tout soit réservé, je veux bien ... Mais que les prix soient, d'un jour à l'autre, multipliés par trois ... J'ai du mal à le comprendre !

Quant à ceux qui occupent les chambres pendant ces périodes là, ce sont ceux que vous rencontrez dans la rue d'Antibes, tous en "uniforme" sombre, un cordon autour du cou et un badge pendu à ce cordon : Ce sont les festivaliers : Gageons que, de toute façon, ce ne sont pas eux qui paient la note !

vendredi 25 novembre 2011

ADOLESCENCE




Il n'y a que sur la Côte d'Azur que cela peut vous arriver : Une rencontre pour le moins surprenante ....Dans le quartier de la gare de Cannes il y a quelques hôtels et plusieurs restaurants, dont un restaurant libre-service cambodgien.

Rien que de très normal me direz-vous. Passent des taxis : La station est dans le coin. Passent des bus : Les stations se trouvent là. Passent beaucoup de gens, pressés le plus souvent : Ils se rendent à leur travail ou rentrent chez eux. Quartier très affairé. La rue Mercadier est juste à côté, et les Galeries Lafayette et le magasin Monoprix. Un train entre en gare .... Des voyageurs s'animent.

Une adolescente ... Une "minette" de dix huit ans ou à peine plus ... Jolie, blonde, l'air décidé, aux pieds des bottes de cuir blanches .... Sur les fesses, qu'elle a rebondies de façon splendide, une minijupe blanche ... en dentelle à jours ... et par-dessous ... un string et c'est tout ! Et ce qu'il y a de plus superbe, c'est que personne ne semble s'en étonner ! - À moins que les passants ne soient fascinés par le visage de la jeune fille !

Le soleil permet toutes les audaces, semble-t-il ....

jeudi 24 novembre 2011

DES AGENCES


Des agences, des agences, des agences .... Et encore des agences !
Agences de quoi ?
Agences immobilières, bien sûr !

J'avais dit qu'à Menton, il y en avait une tous les dix mètres, dans les rues. À Cannes, leurs bureaux sont peut être un peu plus espacés ? - Je n'en suis pas certain. En tout cas, j'ai compté sur les pages de l'annuaire téléphonique : Si l'on additionne les agences immobilières du Cannet à celles de Cannes ... Et il me semble logique de le faire : Ne s'agit-il pas d'une seule et même agglomération ? ... Si l'on additionne les agences de ces deux communes, on arrive à peu près au total de deux cent vingt agences immobilières ... Pas une de moins ... Enfin, si j'ai bien compté ! Comme le nombre d'habitants, au total, est d'environ soixante quinze mille, cela fait une agence immobilière pour trois cent quarante habitants ... Et comme chaque agence immobilière emploie environ trois ou quatre agents ... cela fait un agent immobilier pour ... Allons, faisons une cote mal taillée : Disons un agent immobilier pour une centaine d'habitants. C'est beaucoup !

Jeunes gens en costumes trois pièces sombres, impeccables, jeunes femmes en tailleur stricts, perchées sur des talons hauts et coiffées à la dernière mode. Voitures miniatures souvent ... Dame, se garer dans les rues de cette agglomération relève de l'acrobatie et celui qui y parvient mérite une médaille ! Pourtant, il faut bien aller d'un immeuble à l'autre ...

-" Maintenant, je vais vous montrer un appartement exceptionnel. Il devrait vous plaire ... Évidemment, son prix est un peu plus élevé que ce que vous vouliez y mettre, mais ...." La jeune femme a tout l'ait d'une starlette, elle range sa petite Smart avec virtuosité en travers du trottoir.

-"Vous savez, me disait un jeune agent italien, à Menton, les prix des appartements sont si élevés que, si j'en vends un ou deux dans l'année, cela me suffit !" ... C'était un sage ?

Mon épicière me disait qu'elle était allée passer ses vacances dans le Périgord : -" À Périgueux, pour le prix d'un trois pièces de chez nous, on aurait un château ! " - Elle exagérait un petit peu, mais à peine ...

Si l'on observe bien, et le long de la Croisette c'est particulièrement flagrant : Au rez-de- chaussée de chaque immeuble un peu récent, s'ouvre la vitrine d'une agence immobilière ... À croire, et je pense que l'on ne se tromperait guère en le disant, que l'agence est occupée par le promoteur qui a construit l'immeuble ... Bénéfice à la vente - Bénéfice à la revente ...

Si l'on en juge par la taille des immeubles et le nombre d'appartements contenus dans chacun d'eux, les bénéfices doivent être à la mesure des sommes engagées pour l'achat du terrain et la construction ... Disons quand même qu'il arrive souvent que l'immeuble soit beau.

Ce qui me surprend toujours, c'est le nombre d'appartements fermés .... Rideaux électriques baissés qui, en cette saison d'hiver, ne s'ouvrent jamais .... La Côte d'Azur, c'était bien en saison hivernale qu'elle connaissait le plus de succès, non ? ... Les temps ont changé et l'on m'assure que beaucoup de fenêtres ne s'ouvrent pas même en saison d'été ... Alors ? - Alors, disons les mots tels qu'ils nous viennent : Spéculation ! On achète pour faire un placement ... "Vous comprenez, en ces temps de crise !" Mais qui achète ? - Cela mériterait une enquête approfondie : Disons qu'il y a beaucoup d'étrangers : Russes et Anglais, Allemands .... Ils sont discrets, pour la plupart : Ils vont de chez eux à leur voilier ou à leur vedette, stationnés au port Canto ou au vieux port. Ils se rendent au casino, enfin, à l'un des casinos ... Mais ils s'y rendent en voiture aux vitres fumées ... Ils dînent dans un des palaces que la Croisette leur offre. Ils laissent leur épouse entrer chez Prada ou chez Chanel .... On voit très peu d'animation dans ce genre de boutique, mais on doit bien y vendre quelque chose de temps en temps ? Ne poussons pas plus loin avant notre enquête : Ces gens-là , et l'on parle d'émirs arabes fortunés ... Ces gens-là, on les voit peu et ils prennent un hélicoptère pour rejoindre l'aéroport .... Sur la Croisette, sous les palmiers, défilent les autres, à pied, accompagnés de petits chiens. Ceux-là, ils sont venus par le bus ou en voiture ... Si, si ... Il y en a qui trouvent à se garer ... Mais la Croisette ! - La mer si bleue, le ciel si pur, les bateaux, si blancs, les collines de l'Estérel, si vertes ! ... Allons, ce n'est pas demain que la baie de Cannes sera désertée ... On commence même à se demander s'il y a autre chose ici que la Croisette : Tant de nouveaux immeubles grimpent aux collines, offrant leurs balcons au soleil !


mercredi 23 novembre 2011

BONJOUR !


"On peut cliquer sur l'image pour l'agrandir ..."



Si vous êtes entré dans ce blog par hasard

S'il a eu la chance de vous plaire ... Un peu, au moins

Sachez que leur auteur en a ouvert vingt cinq autres

Très différents ou comparables

Exotiques ou poétiques, documentaires ou autres ...

Il suffit d'aller dans Google et d'y taper mon prénom et mon nom :
Michel Savatier,
puis d'appuyer sur la touche "Retour" de votre ordinateur. En suite cliquez dans "Blogger Profile".


Un petit signe d'amitié ou un commentaire seraient les bienvenus ...


LA VIEILLE VILLE




Quelle merveille, cette vieille ville du Cannet ! Des venelles tortueuses, des escaliers, des rampes, des placettes, des porches, des courettes, des murs couleur ocre, ocre rouge ou ocre jaune, des persiennes vertes, des persiennes bleues, des géraniums et des jasmins ... des échappées vers la Méditerranée, par-dessus les toits et entre les platanes ... Mais c'est comme une laitue : Il faut y pénétrer jusqu'au coeur, pour trouver la merveille, en écartant les feuilles ... Si, si, passez outre les immeubles modernes ... Vous trouverez ...


Et si vous y sentez un petit air d'Italie, ne vous étonnez pas trop : La ville a été bâtie par les Italiens. Les moines de Lérins les avaient fait venir pour planter des orangers ... Des orangers, il y en a encore quelques-uns. Quant aux Italiens, ils ont fait souche ...



Cliquer sur l'image pour l'agrandir ... évidemment ... L'orthographe !


mardi 22 novembre 2011

LA CRISE ...ON VOUS LE DIT !

CLIQUER SUR L'IMAGE POUR L'AGRANDIR
ET MÉDITER !
"C'EST UN AMATEUR QUI VOUS LE DIT !


C'EST LA CRISE ! .... ON VOUS LE DIT !


DOCUMENT TROUVÉ SUR UN TROTTOIR, DANS LES HAUTS DE CANNES ...

lundi 21 novembre 2011

LA BROCANTE




Ce tableau, j'en avais vu un semblable dans une galerie de la rue d'Antibes. J'ai reconnu tout de suite le sujet, le coup de patte, le grisé de la mer et du ciel, le blanc pur des bateaux, traités en figures géométriques : Un descendant de Nicolas de Staël ... Ce tableau était accroché n'importe comment, de guingois, au tronc d'un platane.

-" Je l'adore, me dit le brocanteur. Vous connaissez le peintre ?"

-"Non, je ne connais pas le peintre. Je ne l'ai jamais rencontré, mais je connais sa peinture. Je l'ai remarquée."

-" En galerie, ce tableau se vend quarante mille euros ..."

Je n'ai pas demandé combien il se vendait à la brocante : Je ne vois pas où je l'accrocherais dans mon appartement !

Je "badais", comme on dit chez moi. J'avais débouché, derrière la mairie de Cannes, sur un place oblongue qu'on appelle "les Allées". Elle est bordée de bistrots et de brasseries. En semaine, elle est occupée par les boulistes. Le samedi et le dimanche, c'est là que se tient la brocante, autour du kiosque à musique, (Sert-il encore parfois à jouer de la musique ?) ... On dirait un marché provençal, de ceux que chantait Gilbert Bécaud : Stands abrités sous des parasols ou des tentes, longues tables, badauds qui déambulent, brocanteurs qui boivent du café ou qui papotent en petits groupes. Vous vous arrêtez devant un éventaire ? - Un homme, ou une femme, quitte sa chaise et se détache du groupe pour venir vous faire le boniment.

Nous étions arrivés là par hasard, ayant poursuivi notre promenade au-delà de la Croisette. Il y avait de tout, ou à peu près de tout, dans cette brocante : Un véritable inventaire à la Jacques Prévert, mais beaucoup d'objets de qualité : Vases de cristal de chez Lalique ou de Baccarat, services de table en porcelaine de Limoges, bibelots et objets d'art, linge brodé, sacs de chez Vuitton ou de chez Prada, cannes à pommeau ou sans pommeau, vestes et manteaux de petit-gris ou de vison ... ( J'ai du mal à imaginer comment il se fait que les brocanteurs vendent autant de sacs ! ).

On vend aussi des encadrements, des cartes postales, des timbres poste ...

J'ai autant de mal à imaginer comment tous ces objets peuvent bien arriver là, quels qu'ils soient ! - Compte tenu de la qualité des objets, on peut penser qu'ils sont sortis de quelques demeures du haut des collines, ou de quelques villas du dix-neuvième siècle : Quel était le Milord qui avait offert à une Princesse ce sac à main ou cette parure ? Furent-ils utilisés ? - Et en quelles occasions ? Une vieille dame, très vieille, s'est elle séparée de ses souvenirs, pieusement gardés pendant de longues années ? - La vieille dame est-elle décédée et ce qui lui a appartenu est-il dispersé par ses héritiers ? - Ses héritiers, étaient-ils ses enfants, ses petits enfants, ou bien de purs étrangers ? - La vieille dame, l'ont-ils connue ? Ont-ils vendu tout en bloc, ou bien est-ce là le résultat d'une sélection dédaigneuse ? - Avec le produit de la vente, sont-ils allés acheter quelque meuble chez IKEA ? Un petit Monsieur a-t-il offert un Swarowsky à sa belle ... pour le prix d'une ménagère argentée ?

Cette nappe de dentelle, ces porcelaines fines, toutes ces coupes, ces flûtes de cristal, toute cette argenterie armoriée .... Était-ce pour toi, la jeune et belle alanguie à la robe de soie ? Était-ce pour toi, bel officier du tsar, galonné et décoré ? - Ces photographies passées, couleur sépia, ont-elles été prises le soir où vous avez gagné la chambre dans laquelle régnaient ces tapis et qu'illuminaient ces lampes précieuses ?

Qu'es-tu devenu, bel officier du tsar ? - Es-tu tombé dans les neiges du Caucase ? - As-tu joué ta vie à la roulette du casino ? - As-tu fini ta vie dans une villa, sur les pentes des collines ?

Un peu plus loin, mais juste à côté, l'espace est réservé aux peintres et aux marchands d'images ... Combien de temps mettront-ils, ces tableaux et ces lithographies, combien de temps mettront-ils pour passer des chevalets aux éventaires des brocanteurs ?

samedi 19 novembre 2011

VIVRE ENSEMBLE

Tout le monde il est beau ... Tout le monde il est gentil ... (Photo : Le Cannet, Rue St. Sauveur)


QUE FAUT-IL EN PENSER ?

L'autre jour, nous nous promenions sur la Croisette ... On ne s'en lasse pas ... Une foule est apparue, en cortège, comme une noce : Homme, femme, enfants même. Les premiers se tenaient aux épaules ou à la taille. Plusieurs avaient la mine réjouie. En tête venaient, en grande tenue, un bonze à l'épaule nue, robe safran, un imam en djellaba, chéchia sur la tête, un prêtre catholique, ou bien un évêque, je ne sais pas, il y avait aussi des popes couverts de broderies, des pasteurs à l'aspect sévère, un rabin tout de noir vêtu, haut chapeau sur la tête ... Dans cette foule on distinguait parmi les civils, d'autres clercs de toutes confessions . Et le cortège n'en finissait pas d'arriver et de nous dépasser, fleuve s'écoulant du palais des festivals vers le port Canto.

Cela n'en finissait plus ... Passé le front des troupes, les marcheurs étaient détendus, bavardaient entre eux .... Tout à fait surprenant : De quoi s'agissait-il ?

Et cela avançait, avançait ... J'aurais juré qu'il y avait plus d'un millier de marcheurs, décontractés, joyeux ... Nous étions quasiment noyés dans le fleuve !

Ils allaient vers la salle Miramar. Il paraît que là, il y eut des chants et des danses ...
Le journal m'apprit le lendemain qu'il s'agissait du "Festival Vivre Ensemble" ... On voit ce que cela veut dire, et cela explique la présence des Ministres des cultes ... Mais pourquoi fallait-il qu'ils se soient vêtus de tous leurs signes vestimentaires distinctifs : Vivre ensemble, n'est-ce pas se mêler, c'est à dire tout le contraire de se distinguer des autres ? - Bon, manifestation de solidarité, de quête d'unité, de tolérance ... Cela ne mange pas de pain, et cela ne fait courir aucun danger, ni aux manifestants, ni aux badauds ... Ni aux églises !

Ces temps-ci nous ont tellement habitués aux manifestations violentes, voir sanglantes, qu'il faut goûter notre plaisir lorsque tout se passe en chansons ... Il n'empêche ... J'aurais aimé que tous ces gens, quelle que soient les formes de leurs croyances, ne retournent pas, une fois le rassemblement terminé, s'enfermer chacun dans leur temple spécifique ! Cela eut peut-être évité que les portes des temples soient aussi rapidement fermées à clef.

Le "Festival" est fini ? - Allons regarder les vitrines des agences immobilières ... Elles sont nombreuses, à Cannes ... Et cela permet de rêver ! ... On pourra passer chez le marchand de glaces, par la même occasion ...


vendredi 18 novembre 2011

C'EST PAS GENTIL ?- OU C'EST LUCIDE ?


Page 293 de son livre, intitulé "Un candide en Terre sainte", Régis Debray écrit , à propos de Tibériade :




" ç 'aurait pu être, cette ville d'eau, avec son ciel bleu, ses lauriers-roses et ses retraités,

quelque chose comme Garde ou Côme en Italie. Enfin, je l'imaginais ainsi, Tibériade. La ville

de Maimonide et de Bérénice, en fait, c'est bêta comme Saint Raphaël, vulgaire comme la

Côte d'Azur. Quelque chose comme Cannes sur le lac du Bourget. Une forfaiture, une

escroquerie quand on porte un nom pareil. Tibériade, Hérodiade, Olympiade, la diphtongue

crée des obligations, non ?



- Que faut-il en penser ?






jeudi 17 novembre 2011

LE MUSÉE PIERRE BONNARD







Je ne veux pas que l'on m'explique l'oeuvre d'art. J'accepte à peine que l'on me raconte la vie de l'artiste et qu'on la replace "dans son époque". Je suis ainsi, et je n'ai pas envie que l'on "m'éduque". L'oeuvre d'art, je suis en face d'elle ... Je la regarde ... Je ne la touche pas ... Je la perçois. Elle me parle ou elle ne me parle pas.

L'artiste a fait une recherche. Il a tenté de trouver le trésor de la Golconde, ou de pénétrer au coeur même du mystère. Il a réussi et il est satisfait, plus riche de l'or qu'il a trouvé. Il n'a pas réussi et il boit pour se consoler. Il peut finir par se pendre par désespoir. Il a tenté le diable, il a bravé les interdits, il a pris le chemin pavé de braises ... C'est pour lui. Il faut craindre les artistes qui travaillent pour d'autres qu'eux mêmes. Je suis devant une oeuvre d'art, en l'occurrence il s'agit d'un tableau ... Que me dit ce tableau ? Et d'abord me dit-il quelque chose, à moi ? Je ne prétends pas être moi-même un "artiste", mais enfin, comme tout le monde, je me suis essayé parfois à chercher "Le" secret. Je ne veux pas que l'on me demande de m'expliquer : J'ai "fait" ... C'est à dire qu'une relation s'est établie entre moi et mon sujet, entre le sujet que j'ai choisi, ou qui s'est imposé à moi. Cette relation, elle a éveillé des perceptions, des sentiments, des émotions qui me sont personnelles et qui ne seront certainement pas les vôtres si vous vous placez devant le même sujet. Elles ont encore moins de chances d'être les vôtres si vous vous placez devant la représentation que j'en donne : Que pourriez vous savoir des borborygmes qui agitaient mes entrailles alors que je peignais ou alors que je rêvais ?

Je n'ai donc pas accepté l'audioguide que me proposait l'hôtesse. J'ai payé mon billet d'entrée et j'ai aussitôt pris l'ascenseur. Bâtiment tout de verre, propre, net ... Le Ministre de la Culture l'a inauguré il y a à peine quelques mois ... Mais, m'a-t-on dit, les collections qui avaient été prêtées pour l'occasion par le musée d'Orsay ne sont plus là.

En effet, elles ne sont plus au Cannet. Quelques toiles cependant, peu nombreuses, issues des collections d'Orsay ou appartenant au musée du Cannet ... Trop peu nombreuses et ... Ce ne sont sans doute pas les meilleures !

J'entends d'ici les rumeurs, je sens l'agitation des "purs" et des "fervents" ... Qui suis-je pour faire "la fine bouche" ? - Je ne fais pas la "fine bouche", mais enfin, combien y a-t-il vraiment de tableaux ici ? Beaucoup de petits dessins au crayon à mine de plomb ... Études sur le vif sans aucun doute ... Une inscription sur un mur nous explique la méthode de travail de Pierre Bonnard : -"Je me promène dans la campagne, dit-il en substance, je bavarde avec ceux que je rencontre, je prends des croquis, je rêve ... Et je rentre chez moi pour peindre". Que l'on me pardonne si je ne rapporte pas ici les mots exacts pour cette citation. Je crois cependant que mes phrases en rendent bien le sens ... Et puis après tout, je maintiens ce que j'écrivais plus haut : Seule l'oeuvre m'intéresse. C'est elle qui est devant moi, non pas le peintre. Les études au crayon ? - Oui, Pierre Bonnard a un bon coup de crayon ... Mais enfin, Pierre Bonnard, c'est un peintre de la lumière, non ? - Un peintre des couleurs. Et c'est bien la lumière, et ce sont bien les couleurs, que sont venus chercher tant d'artistes dans les collines de Provence : Matisse, Van Gogh, Gauguin, pour n'en citer que trois parmi les plus connus. Alors ... Les lithographies, les dessins d'illustration de livres d'enfants, les affiches pour les music-halls ... Oui, bien sûr, et l'on songe parfois à Toulouse-Lautrec ... Mais enfin !

Pierre Bonnard est peut-être surtout un peintre de nus. Nous savons tout de son épouse, à sa toilette dans le tub, derrière la porte entrebaillée ... Que sais-je : Le portrait de son épouse dans la baignoire est reparti au musée d'Orsay : C'est lui que l'on a montré sur tous les écrans de télévision au moment de l'inauguration du musée du Cannet. Je ne soulèverai pas ici la problématique de la représentation du nu, je remarque simplement que c'est, dans presque tous les cas, une femme que l'on montre nue ... Un moyen de pénétrer au Paradis ? ... Un moyen pour les "machos" ? Mais allons, laissez-nous rêver ! Encore y faut-il une ambiance.

Pierre Bonnard a peint la Méditerranée. Il y a même fait figurer des baigneurs, surpris au moment du coucher de soleil. Il a fallu au critique d'art toute une science pour faire la louange de ce tableau où je ne vois qu'empâtements et couleurs violentes, formes indéfinies : Permettez au béotien, sans attenter le moins du monde à l'opinion des fervents admirateurs, permettez de ne pas admirer : Un enfant de six ans ferait mieux, me semble-t-il. Mais passons ... Fenêtre ouverte sue la colline, arbres et verdure ... Matisse aussi a exploré la vue de la fenêtre.

Ce qui m'a semblé le plus intéressant, à part le paravent sur les panneaux duquel figurent, en noir, des personnages qui ont valu à Bonnard le surnom de "Nabi japonisant", ce qui m'a paru le plus intéressant, c'est un grand panneau, dont le haut est arrondi en demi cercle : "Vue sur Le Cannet" ... Là se retrouvent les couleurs qui n'appartiennent qu'à la Provence : Verts des palmes, jaunes éclatants des mimosas en fleurs, orange tendre des toits, ocres des murs. Ce panneau, destiné initialement à décorer un intérieur, éclate de lumière : C'étatit ce que je venais chercher dans une collection d'un "Nabi" post-impressionniste. Une note nous "explique" que ce tableau est merveilleux par ses couleurs, par la représentation des différents plans qui donnent la profondeur du paysage ... Je n'avais pas besoin de lire la notice : J'avais reconnu le paysage, vu du haut des collines qui dominent Le Cannet ... Du temps de Pierre Bonnard, il n'y avait pas tant d'immeubles de béton ; La végétation était plus libre, plus abondante, plus sauvage, la vieille ville était plus dégagée, plus resserrée aussi, le panorama était plus ouvert ... Mais je retrouvais bien ici la Provence ... La Provence telle que l'avaient faite en moi les "Lettres de mon Moulin" d'Alphonse Daudet, telle qu'avaient contribué à la faire Mistral, Mireille, les vignerons de Vidauban, les bartavelles de Marcel Pagnol, la Femme du Boulanger, le "Père Fournier" qui demeurait à "la Grande Bastide", au Cannet des Maures, les chansons de Gilbert Bécaud, les romarins et les oliviers, et cette fille si belle avec sa chevelure rousse : Elle habitait à Saint Raphaël.

Et c'est pour ça que je ne veux pas que l'on "m'explique" le tableau, ni même que l'on me raconte tout de suite la vie de l'artiste qui l'a peint : Le tableau qui est en face de moi, c'est à moi qu'il parle ... Ou ne parle pas. Et s'il me parle, c'est parce que j'y mets quelque chose de moi-même, quelque chose de ma vie, quelque chose de mes émotions, quelque chose que j'ai aimé ou que je n'ai pas aimé. Plus tard, beaucoup plus tard ... Peut-être chercherai-je à connaître Pierre Bonnard : Après tout, il est mon frère, comme il est le vôtre ... Mais, pour l'instant, laissez moi contempler le tableau, laissez-moi, au delà du tableau, me chercher moi-même et ... Peut-être, trouver le "trésor".

Je retournerai au musée Bonnard. Il n'est pas très éloigné de chez moi. Peut-être les collections se seront-elles enrichies ?

mercredi 16 novembre 2011

LA LÉGENDE DES ÎLES DE LÉRINS


Les îles de Lérins sont deux. L'une s'appelle Saint Honorat et l'autre Sainte Marguerite.

Cric ! Crac ! - C'est ainsi que le conteur dit pour attirer l'attention, dans certaines îles créoles, beaucoup plus éloignées ...

En ce temps-là ... En ce temps-là ... C'était en l'an quatre cent dix après la mort de Notre Seigneur Jésus Christ ... En ce temps là sont venus jusqu'aux îles de Lérins deux moines que, grâce à leurs mérites, on appela plus tard Saint Honorat et Saint Caprais ...

En ce temps-là, Nos deux îles s'appelaient, l'une Lérina, l'autre Léro, l'archipel qu'elles forment s'appelle Lérins ... Honorat reçut de son évêque l'autorisation de s'installer sur Lérina. Il y fonde un monastère qui devient très vite l'un des deux plus importants de la Gaule romaine. Sept chapelles sont construites, entourées de cellules monastiques. Le rayonnement spirituel de l'abbaye devient si important que l'on prend la décision d'agrandir cet établissement en construisant de nouveaux bâtiments sur l'île de Léro.

C'est ici ... Cric ! Crac ! ... C'est ici que mon histoire commence à prendre forme.

On raconte, (faut-il y croire ? - Mais pourquoi ne pas y croire ? - On en a vu bien d'autres et on en verra encore ! ) ... On raconte que les deux îles étaient infestées par les serpents ... Pleines de reptiles, on vous le dit ! ... Un tremblement de terre, un tsunami (On ne connaissait pas encore ce nom, qui est japonais, mais on connaissait la chose) ... Un tsunami, donc, recouvre Lérina, recouvre Léro ... Tous les serpents sont noyés ou s'en vont, le Diable sait où ! - Débarassées, les deux îles ... C'était peu avant l'arrivée de Saint Honorat et Saint Caprais, et c'était peut-être bien un miracle du Très-Haut, pour permettre l'installation de l'abbaye ... Pas étonnant qu'elle fût promise à si grand avenir ! ... On dit que, de cet instant, et de ce miracle, est issue la palme qui figure sur l'écusson de la ville de Cannes .... N'allez pas croire que la palme figure sur l'écusson parce que le Festival du cinéma décerne la "Palme d'or" ! ... Non , la palme, elle est là pour commémorer le miracle de l'extinction des reptiles sur les îles.

Bon, j'ai dit .... Cric ! Crac ! ... J'ai dit que l'abbaye s'est agrandie sur l'île de Léro. On raconte .... On raconte que c'est Marguerite, la soeur d'Honorat, qui s'est installée à Léro, et que c'est pour cela que Léro est devenue Sainte Marguerite .... Faut-il y croire ? Faut-il y croire ?

Et d'abord, cette supposée Marguerite, était-elle bien la soeur d'Honorat ? - Vous savez, vous savez, en ce temps là ! ... Beaucoup plus tard, beaucoup plus tard, on trouve bien l'histoire d'Héloïse et Abélard, lesquels, bien que mari et femme, et en religion tous les deux, ne cessèrent de s'aimer et de s'écrire ...

Mais revenons à Marguerite et Honorat ! - Marguerite demande l'autorisation de fonder un couvent sur l'île de Léro ... Hum ! L'évêque de Fréjus ( qui, en ce temps là ne s'appelait pas Fréjus, mais Forum Julii ... Bonne ville de la province romaine) ... L'évêque de Fréjus flaire la possible aventure : Il accepte bien l'installation de Marguerite à Léro, mais il y met une condition : Il impose à Marguerite et Honorat de ne se rencontrer que "lorsque les amandiers fleuriront" ! - Chacun sur son île ... Et chaque année une visite ... Chaque année seulement ! -"Vade Retro satanas !" -et je ne lui mets pas de majuscule, à celui-là : Il ne la mérite tout de même pas !

Ah! Bien oui ! On verra ce que l'on verra ! Est-ce bien le fait du Prince des Ténèbres ? ... Marguerite fonde sa communauté de femmes ... Tout va très bien ... Mais voilà que les amandiers se mettent à fleurir tous les mois ! - Marguerite et Honorat, ainsi, peuvent se rencontrer presque aussi souvent qu'ils le veulent.

Et depuis ... Les îles de Lérins s'appellent, l'une l'île de Saint Honorat, l'autre, l'île Sainte Marguerite ... Il faudra que j'aille y voir .... Les amandiers fleurissent-ils toujours tous les mois? ... Allons, il faut encore croire aux miracles !




lundi 14 novembre 2011

Le MIRAMAR


Le Miramar est un ancien palace, sur la Croisette. C'est un très bel immeuble, style "années Folles". Il se situe non loin du Carlton et du Grand Hôtel. Façade superbe, hall d'entrée grand comme une cathédrale, marbres, tapis rouges, escaliers monumentaux, glaces et vitres, statues de bronze, chromes ... Lumières partout, ascenseurs silencieux, couloirs qui n'en finissent pas de s'allonger ... En face, la Méditerranée. Tout à côté, la Galerie Bartoux et ses expositions.


Le Miramar a été rénové, puis vendu par appartements : Chic ! ... On nous a loué ici, pour quinze jours ... Ce qui ressemble à un placard ! ... Cher, très cher : Ailleurs, j'aurais pu passer deux mois dans un trois pièces, avec ce que j'ai dépensé ici pour une location de deux semaines.

Mon placard ne donne pas sur la mer, mais on a la vue sur un immeuble tout neuf ... Sur les balcons d'en face, on peut voir les gens prendre leur petit déjeuner ou une femme de ménage manier son balai. Pour accéder à la fenêtre, il faut pousser la table repliée qui est adossée contre le mur. Mais une fois dépliée, cette petite table est très pratique pour déjeuner ... À condition d'avoir replié le lit, qui prend alors la forme d'un canapé et d'avoir déplié les deux chaises qui étaient adossées elles-aussi contre le mur, à côté de la table.

Après la fin du repas, replier la table, replier les deux chaises, les replacer contre le mur ... Saisir le pied du canapé et tirer : Le lit se déplie : Le pied du lit touche l'écran du poste de télévision : Écran plat, accroché directement au mur, comme un tableau ... Immense écran. Vous avez trouvé la télécommande ? Bonne chance pour sa manipulation : Au bout de trois jours pendant lesquels j'ai fait des essais infructueux, j'ai fini par avoir une image ! ... Image de très bonne qualité.

La porte d'entrée est blindée, la fermeture est à cinq points : Indubitablement, on est à l'abri ! ... Mais quand vous êtes sur le pallier et que vous voulez entrer, bonne chance encore, pour trouver la position juste de la clef ! Bon, vous êtes entré ... Il faut refermer cette porte pour pouvoir ouvrir celle de la cuisine : Pas mal ! Pas mal ! ... À part que la cuisine et la "salle d'eau" sont tellement étroites et tellement imbriquées l'une dans l'autre que vous vous demandez comment vous allez pouvoir ouvrir la porte du réfrigérateur ... Les "toilettes" et la douche sont elles aussi imbriquées avec la cuisine : Pour poser une casserole sur la plaque électrique, il faut baisser le couvercle des toilettes, faire pivoter la tringle du rideau de douche ... Coffre fort à combinaison dans le placard : Je n'ai jamais pu l'ouvrir !

Aménagements dignes d'un architecte de haut vol, coutumier des aménagements de cabines de bateaux de course ou des cabines spatiales !

Je suis au rèz de chaussée, j'attends l'ascenseur ... Les portes coulissantes s'ouvrent sans bruit. Une femme monte en même temps que moi : Jeune encore, et vêtue en "Prada" ... Chic, très chic, et très bien coiffée. Elle doit être propriétaire d'un appartement, ou d'une "suite" au Miramar ...

-" Cela sent mauvais, dans cet ascenseur ..."

- Vous vous sentez tout de suite à l'aise : Vous regarderiez bien sous vos semelles pour voir si vous n'avez pas marché dans quelque chose de nauséabond ...

-"Cela sent le tabac !"....

Vous n'avez pas fumé depuis trente cinq ans ...

-"On ne devrait pas tolérer que les propriétaires louent leurs appartements à n'importe qui ..."

- Vous baissez le nez et vous observez la belle, à la dérobée, par l'intermédiaire de son reflet dans les glaces ... L'ascenseur s'arrête au pallier du quatrième étage, la belle part sous les lumières du couloir, en montrant bien ses talons rouges, hauts, très hauts ... Enfin, les portes se referment : Vous êtes reparti vers votre cinquième étage. Avez-vous préparé vos clefs ... De sécurité !