vendredi 31 juillet 2015

APERCU HISTORIQUE












LES SEYCHELLES :


PETIT RACCOURCI HISTORIQUE











Au cours de la seconde moitié du dix huitième siècle, les Seychelles, groupe d' îles inhabitées, sont progressivement colonisées par une population française en provenance de France ou des îles Mascareigne, et particulièrement de l' Ile Bourbon, qui font venir du Mozambique ou du Golf de Guinée des populations africaines pour les travaux serviles.




La faible superficie des territoires utilisables ainsi que les potentialités économiques restreintes de cet archipel font cependant que cette immigration restera modeste : Au début du XIXeme siècle, la population établie se monte tout au plus à quelques milliers de personnes ( quatre mille en 1810 ), dont quelques centaines d'Européens.




À l'issue des guerres napoléoniennes, les Seychelles deviennent une dépendance britannique qui sera administrée depuis Maurice jusqu'en 1903.




La présence britannique, essentiellement d'ordre administratif et militaire restera cependant limitée. Les structures sociales des Seychelles n'évolueront donc que lentement avec, en haut de l'échelle, quelques dizaines de familles de "grands -blancs"d'origine française cohabitant avec un nombre relativement restreint de fonctionnaires de Sa-Majesté. Il est à noter que, contrairement à ce qui se passera à Maurice, les grandes plantations ne pourront pas se développer aux Seychelles et qu'il n'y aura donc pas d'immigration massive en provenance d' Inde ou de Chine. Seuls quelques commerçants proviendront de ces deux pays asiatiques.




Ceci explique donc que, tout au long du XIXeme siècle et jusqu'au début de la seconde guerre mondiale, la langue française ait pu se maintenir aux Seychelles, en parallèle avec l'Anglais, d'autant que l'enseignement, qui n'intéressait certes qu'une partie réduite de la population, était aux mains de la hiérarchie catholique, très largement francophone, et que les liens avec la France n'étaient pas tous rompus
( Jusque dans les années 1920, un navire de la compagnie des Chargeurs-Réunis, assurant la ligne Réunion-Marseille fera régulièrement escale à Victoria, qui sera également la tête de ligne vers Nouméa et Papeete. Notons que c’est par ce bateau que Gauguin gagnera Tahiti. )




Dans les années 1940, les autorités anglaises entreprennent cependant d' "Angliciser" rapidement le pays en imposant notamment l'Anglais comme langue d'enseignement et en alignant l'organisation du système éducatif sur celle en vigueur en Grande-Bretagne.




Après l'indépendance, octroyée en 1976, l'une des premières mesures prises par le Gouvernement consistait à rétablir le Français comme langue officielle, en même temps que l'Anglais et le Créole, concession faite au peuple seychellois qui voyait sa langue d'usage quotidien reconnue officiellement.


D'après un rapport interne de la Mission française de coopération culturelle et technique ( 1992 )

mercredi 29 juillet 2015

LE VOYAGE DU PORTUGAIS ANACLETO GOMEZ










RELATION DU VOYAGE DU SIEUR ANACLETO GOMEZ,


NATIF DE PORTO, AU PORTUGAL ...

           (On a conservé à ce récit l'orthographe et la forme qu'il a dans le document conservé aux archives des Seychelles.)











Le sieur Anacleto Gomez était propriétaire d'un tonnie, sur lequel il s'embarqua à Trinquebar pour se rendre à Trinquemalay, avec une quantité de passagers qui, comme lui, après avoir été réduits aux plus cruelles extrémités de la faim et de la soif pendant une traversée de près de cinquante jours sont venus se perdre sur l'Ile-du-Nord, à six lieues de l'île Seychelles. ( L'île de Mahé était alors désignée sous le nom d'île Seychelles. )


 (Ce qui ne devait être qu'un court voyage des côtes de l'Inde à celles de Srilanka se transforme en un voyage de cauchemar ...)



Le sieur Gomez partit de Trinquebar le vingt Novembre mille sept cent quatre vingt huit pour Négapatnam où il arriva le soir du même jour. Il repartit de Négapatnam pour Trinquemalay à huit heures du matin, le vingt deux du même mois et fit route tout le jour avec bon train jusque vers les huit heures du soir : Le vent, qui avait soufflé du Nord au Nord-Ouest étant devenu trop violent, la mer embarquant de tous les bords et la pluye tombant à verse, le tandel fit mettre bas la voile, qui fut déchirée par morceaux en l'amenant.
Le lendemain à la pointe du jour il fit le Sud-Ouest pour tâcher d'accoster la terre, qu'on avait perdue de vue, et vers les huit heures du matin, il se trouva devant Trinquemalay, à environ six lieues, mais étant sans voile et ayant fait tout ce chemin par la force des courants et du vent, d'autres courants l'ont dépareillé de terre si violemment qu'à dix heures du matin, personne n'en avait plus connaissance.












N'ayant point encore perdu tout espoir, bien qu'à la dérive, tout le monde s'occupa à raccommoder cette voile pour tâcher d'approcher la terre, après quoi on a continué avec cette mauvaise voile ...
( mot illisible ) à faire le Sud-Ouest toute la nuit jusqu'au jour ( mot illisible ) passés au Sud-Ouest les ont forcés à virer de bord et à gouverner au Nord_Ouest. Ils ont tenu cette route jusqu'au lendemain à quatre heures du matin, vingt neuf du mois, qu'ils ont touché sur deux pièces de bois, l'une après l'autre, qui étaient entre deux eaux, ce qui leur a fait croire qu'ils étaient sur les basses de Ceylan, en conséquence de quoi ils ont amené la voile pour sonder, ce qu'on a fait, sans trouver de fond, la voile, en l'amenant, s'étant derechef mise en pièces et étant hors d'état d'être raccommodée ; ils ont resté à sec, en proye aux vents et aux courants qui, au soleil levant, leur ont fait reconnaître Batacale, à la distance de sept à huit lieues.
Etant absolument sans voiles, tout le monde fournit des draps, nappes, serviettes, même des jupes de femmes passagères pour refaire une voile à dessin de rattrapper cette terre qu'on avait reconnue au soleil levant , mais le malheur avait voulu que tout le monde travaillât avec la plus grande activité après cette voile qui devait faire leur salut, dès qu'elle a été faite, à dix heures du matin, on s'est trouvé sans terre, sans qu'aucun d'eux ait pu dire ou juger de quel côté elle leur restait.
Ayant donc perdu cette terre de vue, et toute espérance de la rattraper, ils ont tenu conseil sur la route qu'on devait tenir et, n'étant pas absolument d'accord, on fit les airs du vent depuis le Nord jusqu'à l' Ouest, autant que le vent l'a permis pendant la nouvelle lune, jusqu'au dernier quartier, que les vents ont passé au Nord-Est. Pour lors, on fit route directe à l'Ouest pendant vingt quatre heures, mais, croyant que cette route n'était pas la meilleure pour rattraper la pointe de Gal ou le cap Comorin, ils ont fait le Nord-Ouest jusqu'à la pleine lune en décembre.


Etant donc sans ressources, ni l'espérance d'une côte , puisqu'ils n'avaient ni eau ni vivres, ni instruments de marine et que tous les jours leurs noirs mouraient de faim et de soif, ils se sont accordés à diriger leur route sur les Maldives par le moyen d'un mauvais compas de routte et d'une mauvaise et informe carte, croyant qu'ils n'en étaient pas éloignés. Tellement était si (mot illisible ), qu'un des mariniers se jeta à la mer de désespoir et qu'un autre, peu de jours après, se pendit ; beaucoup de gens d'ailleurs mourant tous les jours, les autres jeûnant la faim et la soif , étant réduits à boire de l'eau de mer et leur urine, n'ayant pour toute nourriture que du poisson qu'ils prenaient de temps en temps et qu'on faisait sécher au soleil ( ce qui les rendait rouges comme du sang et leur causait de violents maux de tête. ) N'ayant d'eau douce que lorsqu'il tombait de la pluye, qu'ils ramassaient soigneusement ayant resté plus d'une fois deux, trois, quatre et cinq jours sans boire ni manger.












La quantité d'oiseaux de toute espèce et surtout des goélettes blanches dont ils examinèrent le coucher (mot illisible ) de la pleine lune de Janvier leur rendit leur courage et ( mot illisible ) la direction des oiseaux qui portait au Sud - Ouest , route qu'ils s' étaient proposés de suivre jusqu'au lendemain matin mais, vers minuit, à la lueur de la lune, ils aperçurent un haut - fond de roches et de corail. On sonda aussitôt, la voile dehors, et on a trouvé six brasses d'eau, ils ont amené la voile sur le champ et sondé derechef, trouvé sept brasses , ils se sont disposés à préparer une ancre pour mouiller, resondé de nouveau, trouvé treize brasses, par lequel fond ils ont mouillé.




Le câble ayant été coupé par les coraux vers les quatre heures du matin, peu après ils ont resondé sans fond et se sont laissé aller en dérive au vent et au courant jusqu'à que le temps, qui était chargé et couvert d'un grain fort épais , qui ne s'est dissipé que vers les huit heures du matin , se fut bien éclairci. Alors ils approchèrent, sans la connaître, l'île de Silhouette, droit au Nord. Ils s'en étaient alors éloignés de dix huit lieues environ, et firent route dessus.
Etant arrivés par son travers vers sept heures du soir, et ne voyant aucun endroit propre à mettre à terre, ils se sont déterminés à aller mouiller vis à vis une grande anse de sable qu'on voyait sur l' isle du Nord, que personne ne connaissait et où ils ont mouillés par les quatre à cinq brasses, vers les huit heures du soir.
Le tonnie étant mouillé, du bord on aperçut au clair de la lune des tortues sans nombre, qui montaient à terre ; la faim et la soif poussant fortement tous ces infortunés et n'ayant à bord du tonnie aucun petit bateau pour descendre à terre, les sieurs Gomez et Guillot prirent le parti de se jeter à la nage pour tâcher de procurer à tout le monde les premiers secours.
Ces messieurs, ayant manqué de se noyer en allant à terre sont restés toutte la nuit sur l'île et les autres à bord, sans pouvoir se communiquer. Au jour, ceux de terre ont fait de leurs mains une espèce de cati-maron pour tâcher d'aller à bord porter quelques secours à leurs camarades, mais la mer étant trop mauvaise, ils n'ont pu s'en servir : le tonnie ayant beaucoup fatigué toutte la nuit sur son câble, qui s'est trouvé coupé par les coraux vers les neuf heures du matin s'est jeté au plein le jour de la pleine lune en Janvier et s'est aussitôt rompu en deux, de manière cependant que tout le monde s'est heureusement sauvé avec une partie de leurs effets.




La lame ayant jetté au plein le reste de leurs effets, ils les ont tous ramassés en mauvais état mais avec peu de pertes. Tout le monde à terre, après avoir encore souffert la soif pendant deux jours, à force de chercher on a trouvé de l'eau dans une mare pleine de tortues qui la rendaient détestable mais excellente pour le moment. On s'en est servi pour boire et pour faire cuire les tortues et les oiseaux dont ils ont vêcu l'espace de près d'un mois.
Ennuyés de cette vie et de cette nourriture toute de viande et voyant, sans les connaître, des îles plus considérables qui, vraissemblablement devaient donner de plus grands secours, à la pluralité des voix, on s'est déterminé à faire un cati - maron dans l'espérance de pouvoir joindre quelqu'une de ces isles , mais, n'ayant ni hâches ni herminettes, enfin aucun instrument tranchant qu'un mauvais couteau, tout ayant été perdu dans le naufrage, on n'a pu faire, au lieu d'un véritable cati _ maron qu'un assemblage de cinq gros morceaux de bois des débris du tonnie, semblable à un mauvais rât, ( mot illisible ) long, qui surnageait si peu que les sieurs Coutous et Crambre ( ? ) qui ont eu le courage d'entreprendre le voyage de cette isle à celle de Seychelles étaient sur ce rât dans l'eau jusqu' à la moitié du corps.

(Rât = Radeau)






Ces deux messieurs, pleins d'intrépidité et d'espérance de trouver un soulagement à leur misère et d'en procurer à leurs infortunés compagnons ont donc entrepris le voyage le dimanche matin premier février avec trois lascars, sans vivres, sans eau douce, avec une mauvaise voile et trois mauvaises pagayes faittes de bouts de planches des débris du tonnie et ont attrapé par le plus grand hazard le lundi vers les trois ou quatre heures du matin la pointe du Nord de l'île Sainte - Anne dont heureusement le récif les a pris et les a jettés dedans en leur faisant un chapeau de leur rât, ayant attrapé comme ils ont pu l'établissement du sieur Hangard, ils s'y sont reposés et on les a remis à Seychelles vers deux heures après midi : Ces messieurs m'ayant instruit du sort de leurs compagnons, j'ai expédié le soir même deux pirogues des habitants pour aller chercher les pauvres naufragés qui, craignant que les navigateurs du cati - maron n'eussent péri, se croyaient encore une fois sans ressources. 






LE PIRATE LA BUSE, SON MESSAGE CRYPTÉ 

                            ET SA FIN :
































À un certain moment de l'année mille sept cent vingt et un, La Buse et ses hommes quittèrent les Seychelles pour se rendre à Madagascar, espérant peut-être une amnistie ... Tout près de la grande île, leur bateau fut pris dans une tempête et jeté sur les récifs, puis il se disloqua. Certains furent saufs, La Buse parmi eux.


























Les autorités françaises de l'Ile Bourbon,( l' actuelle Ile de La Réunion ), eurent vent de la présence de La Buse à Madagascar, et de son isolement. Un navire, nommé la " Méduse ", commandé par le Capitaine L' Hermitte fut envoyé pour le capturer, en mille sept cent trente.
On piégea facilement La Buse et on le ramena à Bourbon dans les fers. Le Gouverneur,Pierre _ Benoît Dumas, fraîchement arrivé, détestait les derniers pirates non repentis. Après plusieurs jours d'audition et d'interrogatoire, le Conseil de l'Ile Bourbon condamna La Buse à être pendu pour crime de piraterie.


Pendant qu'il se trouvait en cellule, dans l'attente de son exécution, La Buse, dit-on,réussit un exploit surprenant ... Sur un morceau de papier, il écrivit un cryptogramme absolument indéchiffrable, indiquant l'endroit où étaient cachés ses trésors et le moyen d' en trouver le chemin d'accès.
Une nuit, il reçut dans sa prison un visiteur distingué, qui lui offrit la liberté et le pardon s'il consentait à dire où il avait dissimulé son immense fortune, dont tout le monde connaissait l'existence ...


_ " Jamais ! Répondit-il ... Pas question ! "









La Buse fut conduit à St. Paul et, à cinq heures de l'après-midi, le sept Juillet mille sept cent trente, devant la porte principale de l'église, on lui demanda de faire amende-honorable, de se repentir de ses crimes et de prier Dieu et le Roi afin qu'ils veuillent bien lui accorder le pardon. Il tenait à la main un cierge allumé d'un poids de deux livres.





















Au moment où on allait le pendre, il lança le fameux cryptogramme au-milieu de la foule en criant :


_ " Trouve mon trésor celui qui le pourra ! " ...


Depuis deux cent cinquant huit ans, personne n'a encore rien trouvé, tandis qu'il repose au cimetière marin de St. Paul, à La Réunion, parmi les grands hommes passés dans l'autre monde.











( D'après une note  contenue dans l'annuaire des télécommunications des Seychelles_ " Cable and Wireless " _ 1990 ). 

mardi 28 juillet 2015

LE TRÉSOR DU PIRATE "LA BUSE"






LE TRESOR DU

PIRATE LA BUSE ...







































Les pirates européens ont régné sur les étendues de l'Océan-Indien tout au long des seizième, dix septième et dix huitième siècles . Ils y faisaient tout ce qu'ils voulaient, comme ils le voulaient, quand ils le voulaient.
A vrai-dire, leur puissance était plus que diabolique et leur bravoure dépassait les limites humaines. Ils ont été admirés par beaucoup, haïs par certains. De nos jours, tout le monde est intrigué par leurs aventures et leur vie.


Les îles de Madagascar, des Comores, Maurice, La Réunion et les Seychelles leur servaient de bases, tantôt semi-permanentes, tantôt strictement temporaires. Une grande partie de leurs trésors mal acquis et de leurs prises ne pouvait être conservée entre les flancs de leurs navires, au risque des rencontres avec des vaisseaux plus puissants que les leurs, corsaires ou appartenant aux marines de guerre. Ces trésors étaient donc souvent enterrés à la hâte sur les îles, en des endroits retirés permettant de les cacher. Ils étaient accessibles seulement par des itinéraires compliqués, marqués de signes cabalistiques.
Il est bien connu que les Seychelles ont reçu de telles visites, brèves ou longues, et qui se sont étalées sur trois siècles. Certains des pirates ou corsaires ont laissé des traces. Ils ont eu parfois une descendance, dont les membres ont participé de manière notable au développement de la nation seychelloise. On rappellera les noms de certains d'entre eux : Adam James, pirate originaire d'Ostende, Bernadin Nageon- de- l'Etang, Capitaine de corsaire français, Jean-François Hodoul, Capitaine de corsaire de La Ciotat, en France.
Le pirate le plus célébre qui soit venu aux Seychelles pour y cacher l'un des trésors les plus importants de tous les temps fut Olivier Levasseur, alias " La Buse ", homme d'excellente origine, venu de Calais, en France.








































LA BUSE ET TAYLOR _ Lorsque les Britanniques et les Français, au début des années mille sept cents, intervinrent aux Caraïbes pour y faire cesser la piraterie, pirates et boucaniers durent porter ailleurs leurs exploits ou mettre fin à leurs pratiques. Parmi ceux qui émigrèrent vers l'Océn _ Indien figuraient les célèbres Edward England et Taylor, Anglais tous les deux.
Il y avait aussi Olivier Levasseur, qui était Français. Le vingt cinq Juillet mille sept cent vingt, La Buse débarqua aux Comores pour y faire réparer son navire, endommagé. Pendant qu'il se trouvait là, il assista à un combat sanglant dans lequel était engagé Edward England, commandant le " Victory ", qui réussit miraculeusement à se tirer d'affaire. La Buse rejoignit ensuite Taylor, le plus célèbre des pirates, ancien Lieutenant de la Marine Royale.
Il reçut le commandement du" Victory ", tandis que Taylor prenait celui de la " Défense ", prise au cours de la bataille dont nous venons de parler. Au total, quelque cinq cents pirates furent rassemblés et répartis sur les deux navires, qui cinglèrent ensuite vers les côtes de l'Inde.
Ils se ravitaillèrent à Cochin. Avec une immense sauvagerie et une grande brutalité ils maltraitèrent les habitants des Maldives et des Lacadives.
La Buse et Taylor fient ensuite route vers l'Ile-de-France ( Ile Maurice ) en février mille sept cent vingt et un : Ils devaient y renouveler leurs vivres, qui étaient complètement épuisés. A Maurice, Edward England et quelques autres décidèrent de rester et de s'installer. Le quatre Avril mille sept cent vingt et un, nos deux " maîtres-pirates " et leurs équipages mettaient le cap sur Madagascar.



















dimanche 26 juillet 2015

SEIZE CAPITULATIONS SUCCESSIVES !






UN RECORD HISTORIQUE ABSOLU...




CAPITULATIONS ET CHANGEMENTS DE DRAPEAUX ...
























Seize capitulations successives ! _ C'est un record sans doute ... N' est-ce pas ?


_ " Envoyez les couleurs!"


_ " Amenez ! "

Et c'est le même homme qui a signé toutes ces capitulations, dans le même pays : Les Seychelles ... Et devant le même adversaire : L ' Anglais. Autant dire que, de mille sept cent quatre vingt quatorze à mille huit cent onze, le pavillon français
et l ' Union-Jack n'ont cessé de monter et de descendre alternativement au mât de l ' "Etablissement du Roi" !
_ Autant dire qu' en ces dix-sept années, le pavillon britannique a flotté chaque fois que passait un navire britannique, remplacé par le pavillon tricolore dès que disparaissait le visiteur. 






















_ Du reste, si le Capitaine Newcome avait, le premier, recueilli la capitulation des Seychelles, le dix sept Mai mille neuf cent quatre vingt quatorze, le Commandant des îles n'avait pas changé : C'était toujours Jean-Baptiste Quéau de Quincy, gentilhomme et Capitaine du Régiment de Pondichéry, ancien écuyer de Monsieur, frère du Roi de France.




_ Première capitulation le dix sept Mai mille sept cent quatre vingt quatorze, donc, sous la menace des cent soixante canons de quatre vaisseaux ...
Le pavillon français remonte au mât dès le premier Juin.
_ Deuxième capitulation le vingt et un Août mille huit cent un, devant les bouches à feu de la "Sybille",qui venait d'amariner la Frégate française "La Chiffone". _ Capitulation encore, et encore capitulation ... Les drapeaux se succèdent en haut du mât. Pour un peu, les Seychelles seraient devenues un condominium franco-britannique ! ... On se les partage sans l'autorisation des métropoles !


_ Les métropoles, elles, ne se satisfont pas toujours de ce manège ... Ainsi, en septembre mille huit cent quatre, Monsieur de Quinssy capitule encore, devant le Capitaine Wood cette fois, commandant le " Concorde". Mais ... Par inadvertance sans doute,
 ( L'habitude précipite les réflexes conditionnés ! ) Quéau de Quinssy bouscule un peu les choses : Il capitule ... Avant qu'on le lui demande ! ... Nouvel échange de pavillons !




















_ Le Général Decaen, Gouverneur-Général, depuis l'Ile-de-France sermonne le Commandant des Seychelles, et rappelle qu'il ne faut point tant se presser.


_ " Il est évident que la Colonie ne peut être défendue ... Néanmoins, si Messieurs les Anglais veulent s'emparer des Seychelles, ils devront y mettre les formes. Tant qu'ils n'auront pas effectué une prise de possession officielle, le pavillon français devra flotter en haut du mât ... Chaque fois que ... Les Anglais ne seront pas là ! "
... En substance, c'est ce qu'écrit le Général et , croyez-nous, un Général, ça s'y connaît !






_ " Donc, ne vous hâtez point trop quand vous capitulez ... Il y va de l'honneur de la patrie !

































_ On ne détourne pas le cours de l'Histoire : Le drapeau français a fini par rester en bas du mât.


Les forces navales anglaises croisent entre les Seychelles, Tromelin, la côte malgache et les Mascareignes. Elles prennent possession de Rodrigues en mille huit cent neuf.
Le sept Juillet mille huit cent dix, c'est La Réunion qui est prise et le trois Décembre de la même année, c'est le tour de l' Ile-de-France. Les Seychelles deviennent britanniques, puisque le Gouverneur_ général français ne gouverne plus rien du tout.
_ Plus de Gouverneur : Plus de Gouvernement ... Le Général Decaen regagne sa bonne ville de Caen, dans sa Normandie.
Le vingt et un Avril mille huit cent onze arrive le "Nissus" et, à son bord, le premier fonctionnaire britannique. _ L' Union _ Jack flotte sur les Seychelles. _ C'était le courant de l'Histoire ... Il est probable que Quéau de Quinssy l'avait pressenti ... Tout comme Decaen ... Chacun tirant ses propres conclusions.



















_ Donc, en mille huit cent quatre, emporté par ses réflexes et sa précipitation, de Quinssy baisse son pavillon. Il se fait sermonner. L'année suivante, la frégate le " Duncan", sous pavillon de prise, mouille dans le port de Mahé. Le bâtiment l' "Emélie", une de ses prises, armée en guerre, contourne l'île. Il trouve, près de l'île Thérése le "Courrier des Seychelles" avec une traite de cent soixante dix noirs. Il l'amarine. Mais les cent soixante dix noirs ont eu le temps de se cacher. On les recherche.




L' Anglais met cinquante hommes à terre, qui dévastent l'habitation des sieurs Blin et Dupont, propriétaires du "Courrier des Seychelles".
Le brick le "Sirius", venant de Madagascar, arrive au mauvais moment : On le canonne ... Il perd sa mâture et son gréement. Le lendemain, on brûle la goëlette la " Rosalie", de trente tonneaux.
Au bout de cinq jours de présence, le "Duncan", l'Emélie" et le "Courrier desSeychelles"
appareillent et reprennent le large...


_ "Sans avoir arboré le pavillon anglais ni témoigné la moindre envie de prendre possession de ces îles... ", écrit le Général Decaen, rendant compte à Son Excellence Monsieur le Ministre de la Marine et des Colonies, à Paris. _ Merveille des rapports administratifs et militaires! ... inimitable saveur des styles !


_ " Ce départ sans prise de possession laisse les choses sur le pied où il me paraît naturel qu'elles soient, c'est à dire que toutes les fois qu'un bâtiment de l'Empire (C'est de l'Empire français qu'il s'agit, cela va sans dire ... ), paraîtra dans quelqu'une des rades de cet archipel, le pavillon français doit y flotter à moins d'une prise de possession de la part de l'ennemi qui, alors, pourrait donner lieu à une attaque proportionnée aux forces qui y auraient été laissées pour garder la conquête ..."

























PAVILLON ROYAL FRANCAIS


_ Ah ! Mais ! ... Ce n'est pas pour rien que Corneille, Nicolas Morphey, commandant la frégate le "Cerf" a déposé à Mahé une pierre de granit gravée aux Armes de France ... Il est vrai que c'était le premier Novembre mille sept cent cinquante six et que les Armes de France portaient alors trois fleurs de lys, le Cordon du Saint-Esprit et la couronne royale ... Le pavillon était blanc et l'on tirait le canon en criant : _ " Vive le Roi" !