samedi 25 juillet 2015

PREMIER DÉBARQUEMENT AUX SEYCHELLES












LE TOUT PREMIER DÉBARQUEMENT AUX ILES  SEYCHELLES :











JOURNAL DE BORD DU CAPITAINE ALEXANDER SHARPEIGH ... 1609.


( traduction du journal de bord de John Jourdain _ Société Hakluyt. )






19 janvier 1609




Aux environs de neuf heures du matin, nous aperçumes une terre haute, qui s'étendait de l'Est au Sud. A trois heures de l'après-midi, nous distinguâmes d'autre îles, qui nous semblèrent être au nombre de quatre. Au soir, elles apparaissaient du Nord à l'Est, à quelque cinq lieues de nous. Nous laissâmes les voiles fasseyer toute la nuit., jusqu'à l'approche de l'aube, puis nous approchâmes de la terre dans l'espoir d'y trouver de l'eau et des vivres frais. A midi, nos observations nous situaient par 4° et 20° de latitude. (1)




20 janvier




Au matin, étant tout près de la terre, nous laissâmes fasseyer nos voiles et nous mîmes la yole à la mer pour aller sonder devant le navire et chercher un bon mouillage. Ainsi, nos hommes allèrent jusqu'à une petite île (2 ) , la plus proche de nous, se trouvant à deux lieues environ au Nord de l'île haute ( 3 ). Ils débarquèrent dans une belle anse sablonneuse. Nous aurions pu y mouiller dans de bonnes conditions, mais, comme nos hommes ne signalaient pas avoir trouvé d'eau, nous ne jetâmes pas l'ancre. Le canot revint donc. Il ramenait autant de tortues terrestres qu'il pouvait en contenir. Nous nous approchâmes donc des autres îles.

































Les tortues fournissaient une bonne viande, aussi bonne que du boeuf frais, mais après deux ou trois repas, nos hommes refusèrent d'en manger à cause de l'apparence si laide de ces animaux avant la cuisson. Elles étaient si grosses que huit d'entre elles remplissaient la yole.
Avançant parmi les îles, nous trouvâmes dix à douze brasses à une lieue de terre. A deux lieues, il y avait de vingt à trente brasses, avec un très bon fond. Pour le soir, nous avions pensé mouiller près d'une île qui s'étendait Est / Nord _ Est et qui paraissait pouvoir offrir beaucoup de fruits et d'eau. Mais la nuit était proche et, comme nous avions aperçu des hauts _ fonds et des rochers au long de la côte, ainsi que d'autres îles devant nous, nous virâmes de bord et nous restâmes au large, cap au Nord / Nord _ Est, en attendant le lendemain et en espérant que nous trouverions un bon mouillage auprès des autres îles qui nous apparaissaient un peu plus loin à l' Est / Nord _ Est.
Mais sur notre route il y avait une petite île ( 5 ), à deux lieues environ du rivage. Nous ne parvenions pas à la doubler, mais nous réussimes à passer entre elle et l'île principale. Nous avions des fonds de quinze à vingt brasses. Cette petite île n'était guère plus qu'un rocher, ou peu s'en faut. Ayant passé ce rocher nous tirâmes des bords jusqu'à minuit, puis nous demeurâmes sous la côte Est de l'île, les voiles flasques, sous un vent frais. Nous tirâmes des bords vers l' Ouest, puis vers le Nord et l' Ouest / Nord _ Ouest, pour demeurer auprès de l'île.
J'avais aperçu une trentaine d'îles petites et grandes, et les eaux étaient libres autour d'elles. Nous fîmes route au Nord par rapport à elles. La distance entre l'île la plus au Sud et celle qui se trouvait le plus au Nord pouvait être d'environ vingt lieues, et elles étaient très rapprochées les unes des autres.
(1 ) _ D'après Revett, 4° 48'.
(2 ) _ Ile du Nord.
(3 ) _Ile Silhouette.
(4 ) _ Praslin et ses voisines.
(5 ) _ Mamelles.































21 janvier






Au matin, nous nous sommes préparés pour nous rendre à terre. Nous avons envoyé notre yole pour sonder devant le navire et pour chercher un endroit favorable au mouillage.
Aux environs de neuf heures du matin, nous avons jeté l'ancre par un fond de quinze brasses, à un demi-mille de la côte, à peu près. Mais il y avait là beaucoup de petits écueils. En conséquence, nous allâmes plus avant.
Nous trouvâmes alors un fond clair et nous pûmes avancer aisément.
En plusieurs endroits nous trouvâmes une eau potable excellente, mais rien ne venait signaler qu'il y avait jamais eu là une vie humaine.
Il y a un excellent passage qui se trouve entre deux îles situées à environ un mille et demie l'une de l'autre et qui s'étendent de l'Est / Sud _ Est au Sud _ Est et au Nord _ Est. Il y avait trois autres îles qui se trouvent à trois lieues environ de l'endroit où nous étions à l'ancre. Ainsi nous nous trouvions dans une sorte de bassin entouré de terres, sauf à l'Est / Nord _ Est et à l'Est.
Pour permettre l'identification de l'endroit où nous étions au mouillage, je dirai qu'il y avait une petite île ( 3 ) qui se trouvait à proximité, au Nord du chenal à deux lieues environ et qu'il y avait un rocher ( 4 ) entre l'île dans laquelle nous voulions nous rendre et celle dont je viens de parler ; le passage se trouvant au Sud de celui _ ci . Vers l'Ouest _ Nord _ Ouest se trouve une île très haute, à environ dix lieues, qui est celle dont j'ai déjà parlé ( 5 ). Nous avons jeté l'ancre. Le passage était à 4° 10' Sud.


































22 janvier




Mettant un canot à la mer afin qu'il se dirige vers l'Est / Nord - Est, nous élongeâmes deux filins sur une bonne longueur et nous mouillâmes l'ancre par treize brasses de fond, excellent fond.
Nous étions à une portée de pistolet du rivage, vers lequel nous nous dirigeâmes comme si nous avions navigué dans un bassin de vingt à trente brasses de profondeur.
Nous fîmes alors de l'eau et du bois tout à loisir, avec beaucoup de facilité. Nous trouvâmes beaucoup de noix de coco, mûres et vertes, de toutes espèces, beaucoup de poissons, d'oiseaux et de tortues ( Mais nos hommes ne voulaient pas en manger, alors que nous aurions pu en tuer autant que nous aurions voulu. ). Il y avait beaucoup de raies, et autres poissons. Auprès des rivières, il y avait également beaucoup d'alligators ( 8 ) . En pêchant des raies, nos hommes en prirent un. Ils le tirèrent au sec tout vivant, en lui passant une corde derrière les ouïes. Sur l'une de ces îles, à deux milles de l'endroit où nous nous trouvions, il y avait de beaux arbres, tels que je n'en avais encore jamais vus quant à la hauteur et au diamètre du tronc. Leur bois est dur . On peut en trouver beaucoup qui mesurent de soixante à soixante dix pieds de haut, sans une seule branche, si ce n'est tout en haut. Ils sont très gros et droits comme des flêches. L'endroit est excellent pour les rafraîchissements et pour le bois, l'eau, les noix de coco, les oiseaux et les poissons. Il n'y a aucun danger de quelque sorte que ce soit, à l'exception des alligators. C'est à ne pas comprendre que personne ne soit venu ici avant nous. ( 9 ).






























Le 1er février, ils mettaient à la voile ... )


( 1 ) _ Mouillage final, sous Ste. Anne, près
de la Victoria actuelle.
( 2 ) _ Cerf, Ile-Longue et Ile-Moyenne.
( 3 ) _ Mamelles.
( 4 ) _ Brisard.
( 5 ) _ Silhouette
( 6 ) _ 4° 35 Sud.
( 7 ° _ coco-de-mer ?
( 8 ) _ Il s'agissait de crocodiles, ( Ils ont
complètement disparu ! )
( 9 ) _ Ils ont appelé ces îles : " Les îles
désolées " !






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