samedi 11 juillet 2015

CONTE DE NOËL SOUS LA MER






REVERIES ...

























Un arbuste se tord à l'angle de ma terrasse, hérissé sur fond de ciel et d'océan. Pour fleurs, il porte des oiseaux, rouges comme fleurs de grenadier. Leur nombre varie selon les heures.
Le matin, il n'y a que quelques rares corolles. Le soir, vers cinq heures, les rameaux en portent bien plus. Si je lance quelques poignées de riz, toutes les fleurs se laissent choir sur le gazon : Il s'agissait bien d'oiseaux !
Si je prends quelque retard pour faire la distribution de grain, un oiseau ou deux viennent se percher sur le dossier du fauteuil.
_ Ce sont des cardinaux ... Ils ont l'oeil bordé de noir ... Leur poitrail est écarlate. Ils inclinent la tête de droite, puis de gauche :


_ " Allons, c'est l'heure ... Va chercher le riz."


Tout de suite, c'est un grésillement d'oiseaux, à deux pas de moi. Voici une tourterelle, toute petite et très fine. Sa plume est bleutée. Tout à l'heure, elle se rengorgeait sur un fil électrique, flûtant sur deux notes roulées.
_ Est-ce que j'ai fait un geste trop brusque ? La lumière a-t-elle eu un éclat ?
_ Rien, ou presque ... Mais tout le monde s'enfuit, dans un bruit de soie froissée ... Pour revenir à l'instant.











Un chat guette parfois. Son poil est noir et luisant. Mais le chat n'est pas admis dans mon jardin : Les martins le repèrent . Ils protestent, caquettent, grognent, grincent et couinent ... Le chat s'en va en essayant de préserver sa dignité.


_ Un petit garçon escalade le talus à quatre pattes. Je le connais. Je sais d'où il vient. Il écarte un peu la citronnelle des bordures. Il montre sa frimousse. Il a le teint cuivré, les yeux noirs, les cheveux plats. C'est un petit Malabar . Il est beau comme un Jésus. Jamais il n'approche plus près ...
Le voilà parti !

_ Je sais où il va, dansant, plutôt que marchant ...
Il descend le chemin ... Je crois bien qu'il chante ... Et peut-être bien qu'un oiseau est posé sur sa main ?
... Une cloche carillonne. Le vent est doux, chargé d'odeur de cannelle. C'est demain Noël ... La mer respire, là-bas, derrière les palmes ... L'enfant saute sur un pied. Il disparaît au détour du chemin ... Je sais où il va.


























Il est maintenant sur la plage, sans aucun doute. Il est assis, là où le sable blanc est sec. Ses genoux sont relevés ... Il enlève ses sandales. Le soleil couchant éclaire la mer. On jurerait qu'à la surface, des milliers d'anchois frétillent. L'eau est rose, prenant, ici ou là, des teintes plus sombres . Sa surface est lisse. C'est comme un fabuleux tapis persan.
Le soleil glisse derrière l'île qui se trouve en face. Elle devient plus sombre, plus acérée aussi ... C'est probablement pour cela qu'on l'a baptisée Silhouette...
Je sais que brille une guirlande, là où le flux mouille le sable. Je sais que l'enfant s'avance.


Il se baisse, saisissant à deux mains la frange de la mer ... Il soulève ... Comme on soulèverait un drap.
Le voilà debout, tenant haut la toile... En se penchant, il regarde sous la mer. Je sais ce qu'il voit : Devant lui, le chemin, le chemin des étoiles de mer ... Bordé de lutins, d'angelots et d'apsaras ...
Au lointain, sous la mer, des cathédrales élèvent leurs flêches, des basiliques leurs dômes, des mosquées leurs minarets. Des pagodes montrent leurs toits cornus, dorés à l'or fin. Tout autour de ces bâtiments féériques, les poissons font des farandoles : Ils entrent par les fenêtres, ressortent par les portes. Les cloches sonnent ... On entend résonner les gongs ... Un muezzin module sa prière ... Les vagues font murmurer les grandes 
orgues, puissamment.























_ Palais d'Acapulco, de Paris, de Westminster, d'Angkor, de Byzance et de Jérusalem ... Des cavaliers passent dans les allées, revêtus de longs manteaux versicolores... Aux branches des coraux pendent des coquillages... Demain, c'est Noël !
_ Voici le chemin des étoiles de mer ... Comme une voie lactée. L'enfant laisse retomber le drap derrière lui. Il avance. Sur la plage, maintenant, il n'y a plus que le sable.
L'océan est devenu halogène : Il prend des teintes de fluor. On dirait que, de l'intérieur, il s'éclaire ... Depuis longtemps, le soleil s'est noyé. Je crois bien qu'on entend les cloches encore ...







N'ayez pas peur ... Demain, c'est Noël !


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