mardi 31 juillet 2012

LA PLAGE, À CANNES !






Un joaillier
Lequel ?
Quel orfèvre en émaux et camées ?
Ô mon amour !

... Aquateintes
Corolles
Et saris drapés
De jaspe et de moire

Le temps mon amour
Le temps répandu
Poli
Serti 


Bleu de roi
Bleu de Prusse
De strass et d'argent
Le temps colibri
De lumière coulée
De lavande et de lin


Le temps mon amour
Et l'odeur de vanille
Dans les paumes du vent
Le temps mon amour
Ô mon amour présent !








Au mois d'août, à Cannes : L'avantage, c'est que les plages sont en pleine ville ... L'inconvénient, c'est que les plages gratuites sont étroites et limitées : Il faut arriver de bonne heure pour pouvoir étendre son drap de bain ... Évidemment, il y a les plages payantes, mais elles ne sont pas plus larges et la location d'une chaise longue ou d'un matelas est vraiment très chère ! 
Qu'importe, diront certains : Il y a le soleil !








Il y a le soleil ... Et il y a le spectacle : Les paquebots de croisière arrivent tôt le matin ... Ils larguent leur contingent de touristes étrangers qui s'égaient sur la Croisette et fouinent dans les boutiques de luxe. Les  bateaux des particuliers font un ballet incessant ... pour se faire bien voir !















Et puis, très tôt le matin, les parasols s'ouvrent sur les plages privées concédées par la ville aux établissement hôteliers : Farniente .... Boissons fraîches ... déjeuner ... musique ... Se perdre dans les bleus !











Éventuellement on peut aller quelques instants flâner en regardant les vitrines proches .... Quelle grande marque aujourd'hui ? ... Ce sera peut-être LANCEL, dont on a choisi d'admirer la vitrine, particulièrement bien ornée ...











Il n'y a jamais la foule, dans ces boutiques de haut luxe ... Mais c'est "SMART" ! 
...  En tout cas, on peut apprécier le travail des décorateurs ...
Le summum du luxe, ce sont les montres bracelets, dont certains exemplaires ne sont abordables qu'à des prix faramineux... Pour ma part, je vous conseillerais plutôt les montres SWATCH ... Vous savez, elles fonctionnent très bien ... Et on court beaucoup moins le risque de se faire agresser par des voleurs !

THÉO TOBIASSE ... LE MESSAGE !





                         Nous avons déjà présenté la chapelle Saint-Sauveur, située au Cannet, dans la vieille ville, pleine de charme, et plus exactement dans la rue Saint-Sauveur. Nous y avons retrouvé les fresque de Théo Tobiasse ... Il y a réalisé une représentation du parcours de sa vie, touchante, émouvante. La peinture de Théo Tobiasse a un cousinage certain avec celle de Chagall. J'allais dire que c'est une peinture biblique, pleine de couleurs, de couleurs vives ... Pleine de joie et pleine d'émerveillements, pleine de d'espoir et de ferveur, même dans les drames de la vie les plus profonds. Ici, le bonheur de retrouver la liberté à Paris, après avoir connu les pogroms et la guerre ...











              Cette peinture qui se trouve dans le choeur de la chapelle, juste au dessus de l'autel, qui est lui-même très sobre : Une simple pierre ... Cette peinture représente une colombe. Elle n'est pas sans évoquer la colombe peinte par Picasso, mais, à l'inverse de cette dernière, elle est éclatante de couleurs, elle rayonne d'émerveillement et de vie ! Dans son bec, elle porte le rameau d'olivier de la paix, porteur d'espoir, mais elle est en même temps un accomplissement, un bonheur présent et actuel !














Rien à voir avec Théo Tobiasse ? Si ... La proximité géographique d'abord: Ce palmier se situe devant la Mairie du Cannet ... Mais comment le qualifier : Fleur ? Étoile ? Soleil ? ... En tout cas, explosion de joie et de bonheur !








Nous avons placé là cette statue de Van Gogh, que nous avions photographiée à Cannes, devant la Galerie Bartoux, sur la Croisette ... Nous l'avons placée là à cause des analogies qu'elle ne peut manquer  de faire surgir avec les oeuvres de JIVKO qui sont exposées en ce moment devant la Mairie du Cannet et dans la rue saint-sauveur : Fragilité de l'homme, grandeur et misère de sa condition : Mais l'homme continue son chemin et accomplit sa mission sur la terre ....  Le frère de Jivko et notre frère ! 


                 Alors, bien sûr, Cannes et la Côte d'Azur, c'est aussi le royaume des paillettes, le royaume de la parole : Parole et son équivalent, l'écriture .... Pour attirer, pour allécher, pour retenir, pour plaire ... La parole ! ... Ésope disait que la langue était la meilleure et la pire des choses ... Pas une vitrine, pas un mur, pas une bannière, pas un écran qui ne soit porteur d'une publicité mercantile ... Mais c'est aussi un bonheur de vivre ! ... À la valeur duquel on peut réfléchir ...










LE COLPORTEUR ...




Je vous vendrai des mots
Venus d'Acapulco
Ou bien de Doniambo
Et même de Saint-Malo
Ceux qui chantent le vent
Ceux qui chantent les eaux
Je vends des mots nouveaux
Et ceux du fond des temps


Je vous vendrai des mots
Autant qu'il vous en faut


Des mots qui ont roulé
Comme autant de galets
Et des mots qui volaient
dessus les champs de blé
J'ai des mots qui miroitent
Et d'autres qui s'emboîtent
J'ai des mots de ferveur
Et des mots de douleur




Je vous vendrai des mots
Autant qu'il vous en faut




Je vends des mots d'amour
Ou bien de tous les jours
Et ceux de tous les jours
Qui sont des mots d'amour
Des mots si transparents
Qu'y passent des images
Et d'autres si brillants
Qu'y passent des mirages




Je vous vendrai des mots
Autant qu'il vous en faut




J'ai des mots qu'on réforme
Et puis qui se reforment
Des mots qui se transforment
Des mots comme des bulles
De toutes les couleurs
Et qui tintinnabulent
Qui changent de couleurs


Je vous vendrai des mots
Autant qu'il vous en faut




J'en ai beaucoup de tendres
J'en ai au goût de cendre
Et j'ai des mots qui ruent
Et j'ai des mots qui tuent
Ce sont souvent les mêmes
Que ceux qui disent je t'aime
Et j'ai des mots souvent
Gonflés avec du vent




Je vous vendrai des mots
Bien plus qu'il vous en faut
Venus d'Acapulco
Ou bien de Doniambo
Et même de Saint-Malo
Bien plus qu'il vous en faut ...




                                          ( Texte inédit de Michel Savatier)

lundi 30 juillet 2012

LE POÈTE EST EN CHEMIN - JIVKO


LE POÈTE








Le poète est en chemin
Il converse avec les dieux
Ne lui en veuillez pas
S'il est sourd aux raclements d'économat


Il traîne avec lui des foules entières
Il est chargé d'événements et d'années
De désirs de refus d'espérances et de colères
Chargé d'amours et chargé de beautés
















Tout lui fait bagage
Tout lui est ivresse
Tout lui est souci
Tout lui est tourment









Un monde ancien à connaître
Un nouveau monde à créer
Aucun étalon pour guider sa pensée
C'est son âme qu'il consume pour en faire clarté








N'en veuillez pas au poète s'il soliloque souvent
Il voudrait parler au monde entier
Mais son langage n'est pas le vôtre
Il meurt de ne pas être écouté









Alors pour ne pas mourir tout à fait
Le poète va son chemin
Il n'a de mépris pour aucun
Il offre son âme qu'il est en train de brûler




                               Michel Savatier ( inédit )





                        MYRTHO


Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,
Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,
À ton front inondé des clartés d'Orient,
Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.


C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse,
Et dans l'éclair furtif de ton oeil souriant,
Quand aux pieds d'Iacchus on me voyait priant,
Car la Muse m'a fait l'un des fils de la Grèce.




Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique ...


Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin
- Et rien n'a dérangé le sévère portique.


                ( Gérard de Nerval - Autres Chimères - Myrtho)








Les sulptures sont oeuvres de JIVKO ... Elles sont exposées dans les jardins de la Mairie du Cannet et à la Galerie "Terrasse des Arts", dans la rue Saint-Sauveur, au Vieux Cannet, jusqu'au 26 Août 2012.

dimanche 29 juillet 2012

SCULPTURES MONUMENTALES DE JIVKO







Lorsque le doute s'infiltre sur la terre ... Lorsque les hommes ne sont plus très sûrs d'eux-mêmes ... Alors ils rappellent l'aède qui s'était réfugié sur les pentes de l'Olympe. Celui-ci descend parmi les hommes et reprend sa guitare, son luth ou son violoncelle : Il chante les dieux :








                                                                






L’OLIVIER

Vieux sorcier de l’olivier
Aux membres  noirs  et noueux
Moignons et chicots
Troncs multiples tressés torsadés
Muscles saillants
Serpents pythons pétrifiés
Ridés
Écailles rugueuses
Mais dans le feuillage  scintillent des millions de sequins
D’argent
Et de bronze vieilli
La moindre brise les agite
Mille ans peut-être !
La pie tressaute sur la plus haute branche
Jacasse
Hoche la queue
La pie est un bel oiseau en habit de soirée
Un peu manouche
Elle ne craint pas les sorciers
La tourterelle  plus discrète
Plus nostalgique
De son flûtiau  chante l’olive
Sur trois notes
Doucement









Vieux sorcier de l’olivier
Indestructible
Mutilé
Carié
Torturé
Depuis si longtemps stérile
Sévère
Arbre  philosophe
Sage
Rêves-tu encore aux jours où les dieux cornus s’égayaient à tes pieds ?
Les sylphides reviendront
N’en doutons pas
Danser à tes pieds
Leurs fronts seront ornés de couronnes d’argent comme autrefois
Comme autrefois
Elles danseront
Elles tendront les draps
Les sylvains y lanceront les fruits
L’homme aura disparu depuis longtemps
Pour s’être trop souvent enivré du vin de ses vignes



                                                                   


Ils reviennent, les dieux : les dieux des bergers, les dieux des vignerons, les dieux de la forge et les dieux des océans




                                                            

Ils reviennent, les dieux ... Il faut les écouter .... Il faut les louer ! Saurons-nous les entendre ?




                                                                     

        Alors, quand les hommes auront écouté l'aède chanter, ils reprendront leur bâton et leur balluchon, ils reprendront le chemin : Ils auront les yeux ouverts ... Ils redeviendront ce qu'ils n'auraient jamais dû cesser d'être : Des chercheurs d'amitié.



Textes inédits de Michel Savatier - Sculptures de JIVKO, installées dans les jardins de la Mairie du Cannet et à la "Terrasse des Arts", 140, rue Saint-Sauveur - Quartier historique du Cannet ( jusqu'au 26 Août 2012).

samedi 28 juillet 2012

JEUNESSE





Nos vaisseaux ayant descendu le cours du fleuve
Avançaient dans une plaine immense
Nos amours nous portaient
Que nous ne connaissions pas
Désirs de fruits et de sel
Soifs
Pour un million d'années
Nos certitudes immuables

Éclosions de lueurs
Aux Indes étaient les îles
Des souffles tièdes nous poussaient
Carènes de navires invulnérables
Comprenez-vous bien cela
Vous qui avez déchiffré les portulans ?
La toile de nos voiles taillée dans nos rêves
Maîtres de l'immensité
Ô douceur !
Ivres d'images nouvelles
Toute foi toute confiance !










En vérité ce furent des millions d'étoiles
Des comètes en pluies
Des milliers de soleils et des milliers de lunes
Poissons étincelants
Myriades d'oiseaux jaillissant des flots
Tous plumages toutes couleurs
Dans nos sillages vibraient des cordes de cristal
Mozart chantait à l'étambot
Nous maintenions le cap
Avançant vers nos fiancées








Lignes bleues des araucarias au ras des flots
Éblouissement du corail
Palmes
Sables et floraisons de l'Océan
Porcelaines diaphanes dans le creux des vagues
Irisations des verres
Saveurs de nos vins !








De grandes fleurs étranges flottaient entre deux eaux
Mauves et laiteuses
Mais au resserrement des détroits nous cherchions
Des effluves plus suaves
Les parfums d'autres épices
Souffle de cannelle
Haleine de la cardamome
Encens musc cire et benjoin
Girofle poivre tamarin





Au long des plages du santal et du piment
Des caravanes charriaient du sucre et du gingembre
Des coupons de damas et de brocarts
Des paniers de perles ou d'écaille
Les matins allumaient des couleurs de verrières
Et les soirs déroulaient des tapis somptueux
Sur l'écran du ciel s'épanouissaient parfois des pavots







Ô ! Nous avons vu des crêtes chargées de neiges
Des glaciers et des volcans
Des dunes et des terres rouges
Des anémones et des lys !
Auréoles d'amarante
Iris vallées de pivoines
Les pollens répandus en poudre d'or
Ont célébré notre passion
Nous rêvions de papillons
De coquilles et de nacre
Les océans roulaient des rubis
Des diamants et des saphirs
Émeraudes et pierres de lune
Nous quittions les îles l'une après l'autre
Leur laissant des prénoms de femmes nos amours
Caroline Thérèse Lucie Dominique
Chacune lotus posé sur la mer
De fastueux banquets nous ont été offerts
Chansons de harpes de violes et de flûtes
Musiques de chalumeaux trompes et tambours







Nous allions toujours suivant la Croix du Sud
Alpha du Centaure
Ou le navire Argo

Qui nous eut appris que des tempêtes
Allaient déchirer notre voilure
Abattre nos vergues briser notre mâture ?

Allez donc savoir quand et comment 
Nous entrâmes dans cette lagune qui se meurt
Nous voici pourrissant
Vapeurs des fièvres qui rôdent fétides
Fades odeurs des moisissures
Chairs humides feuillages gras
Anthuriums inquiétants balisiers
Improbables orchidées
Dans les sargasses de le tourbe noire et de la vase
Sous de lourdes frondaisons
Étranges respirations
Nous n'apercevons que serpents
Salamandres sauriens
Animaux de toutes tailles
Bardés de cuirs ou bien d'écailles
Aux figures surprenantes
Il serait hasardeux de les décrire ici ...

Comprenez-vous cela,
Vous qui savez tant de choses ?




                                       ( "Notre jeunesse"- Texte inédit de Michel Savatier)