NOUS Y VOILÀ ! ... Voici le maître ! Voici le Minotaure ! ... Voici le faune ! ... Voici, paraît-il, le plus grand peintre de notre temps !
Je veux bien ... Épargnons-nous les phrases toutes faites : "C'est un très grand peintre ... Pendant sa période bleue" .... Il s'agit d'autre chose ...
Toute ma vie, je me suis interrogé à propos de Picasso et voici, très modestement, très humblement les réflexions de quelqu'un qui a toujours voulu se faire une opinion par lui-même ... Les réflexions de quelqu'un "qui n'y connaît pas grand chose :
Je suppose que Picasso, un jour, a cru recevoir La Révélation : Il n'y a pas de dieux dans le ciel et les hommes vont au néant d'où ils sortent ... Ils y vont d'autant plus farouchement qu'ils passent leur temps à lutter les uns contre les autres et à se massacrer les uns les autres : L'époque pouvait incliner la pensée vers ces réflexions ... Surtout quand on était Espagnol !
À partir de là, et comme il n'y a rien à attendre ni des dieux ni des hommes, il n'y a plus que la sauvage recherche du plaisir personnel ... Il n'y a plus que l'outrance sans limites ... Pour avoir le sentiment de devenir soi-même un dieu .... D'où ces déformations de la nature et des hommes ... Des femmes surtout ... D'où cette passion des corridas ... Il y a de la cruauté chez Picasso. C'est un terrible bouc et c'est un enfant ... Un enfant auto proclamé, qui se veut enfant tout puissant ... Et les enfants sont cruels.
Enfin c'est un bouc ... Comment dire autrement alors qu'il exprime par toutes ses oeuvres sa faim insatiable de volupté ... Volupté destructrice et, quand il peint l'une de ses compagnes (Dora Maar) en lui collant sur le front un sexe masculin, c'est auprès de Sigmund Freud qu'il faut chercher des explications !
Et voilà ce que je crois: L'art a d'abord cherché à représenter le réel tel qu'il était vu par les hommes, puis il a cherché à représenter le sublime en peignant des portraits et en peignant les dieux ... Puis, un jour, l'artiste a rejeté les règles et les canons ... Il n'a plus peint ce qu'il voyait, mais ce qu'il pensait ... L'artiste, désespérant du Ciel et des Hommes s'est enivré de lui même : Il a tout cassé autour de lui, tout fait exploser, tout fait flamber ... C'est beau, aussi, un incendie ! ... C'est comme ceci qu'on devient pyromane !
Mais c'est ainsi que l'on peut devenir inaudible, incompréhensible !
Les poètes ont, eux-aussi, réinventé leur langage : Il en est que nous ne comprenons plus ...
Et voici ce qui reste du tableau de Manet : Déjeuner sur l'herbe ... Lorsque Picasso a exprimé sa rage !
Comme on ne peut pas prendre de photos à l'occasion de l'exposition de la Malmaison, à Cannes, du moins nous présentons ces extraits du dépliant qui nous a été gracieusement offert.
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