LE POÈTE
Le poète est en chemin
Il converse avec les dieux
Ne lui en veuillez pas
S'il est sourd aux raclements d'économat
Il traîne avec lui des foules entières
Il est chargé d'événements et d'années
De désirs de refus d'espérances et de colères
Chargé d'amours et chargé de beautés
Tout lui fait bagage
Tout lui est ivresse
Tout lui est souci
Tout lui est tourment
Un monde ancien à connaître
Un nouveau monde à créer
Aucun étalon pour guider sa pensée
C'est son âme qu'il consume pour en faire clarté
N'en veuillez pas au poète s'il soliloque souvent
Il voudrait parler au monde entier
Mais son langage n'est pas le vôtre
Il meurt de ne pas être écouté
Alors pour ne pas mourir tout à fait
Le poète va son chemin
Il n'a de mépris pour aucun
Il offre son âme qu'il est en train de brûler
Michel Savatier ( inédit )
MYRTHO
Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,
Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,
À ton front inondé des clartés d'Orient,
Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.
C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse,
Et dans l'éclair furtif de ton oeil souriant,
Quand aux pieds d'Iacchus on me voyait priant,
Car la Muse m'a fait l'un des fils de la Grèce.
Ils reviendront, ces Dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l'ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d'un souffle prophétique ...
Cependant la sibylle au visage latin
Est endormie encor sous l'arc de Constantin
- Et rien n'a dérangé le sévère portique.
( Gérard de Nerval - Autres Chimères - Myrtho)
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