vendredi 28 décembre 2018

LE URU, OU ARBRE À PAIN ....









      





_ " Vas-tu encore nous raconter une histoire très

compliquée, dans laquelle vont intervenir des monstres et

 des géants ? "



_ " Mais non, mais non ... C'est une très belle histoire. Et

 puis ... Ne penses-tu pas que, dans toutes les histoires

 venues des îles lointaines, il y a beaucoup d'aventures et

 beaucoup de personnages qui ressemblent à ceux de nos

 contes européens ? Tu sais, finalement, les hommes sont

 partout les mêmes et leurs histoires sont assez

 semblables ...



-"Taaroa est le dieu créateur. Oro est son fils , le dieu du

 soleil et de la guerre ... Il est le premier des dieux après

 son père. 



                 





Un jour, Oro décida qu'il voulait se choisir une compagne

 sur la terre, parmi les mortelles. Il descendit du premier

 étage des cieux jusque sur le Païa, montagne élevée de

 Bora Bora. Il appela les déesses Teouri et Oaaoa, ses

 soeurs. à qui il confia son projet : 



_ " Voulez-vous m'accompagner et m'aider dans ma

 recherche pour trouver une compagne qui soit digne de

 nous ?"


          Comme elles avaient accepté de l'aider, ils

 descendirent tous les trois du sommet de la montagne :

 Ils s'étaient enveloppés de brouillard pour qu'on ne les

 voie pas et Oro avait convoqué l'arc-en-ciel, dont une

 extrémité reposait au sommet du mont Païa et l'autre sur

 la terre. C'est en suivant le chemin de l'arc-en-ciel, qu'ils

 descendirent tous les trois ...



_ " Oh ! Quelle belle image !"




_ Tu vois, cette image appartient aussi au trésor des

contes européens ... "



Ils prirent tous les trois, pour se dissimuler, une apparence

humaine : Oro ressemblait tout à fait à un jeune guerrier



           Ils parcoururent les différentes îles, donnant partout

 des fêtes, surtout des fêtes de l'espèce qu'on appelle

 operea, qui rassemblent toutes les femmes. Tout le

 monde y vint, et les tambours battirent, et les toere

 rythmèrent les danses. Les flûtes étaient aussi de la

 partie. 








_ " Toutes ces fêtes n'avaient pour but, bien sûr, que de

 rassembler les femmes pour que Oro puisse faire son

 choix ! "


_ " Bien sûr !" 


         Mais, parmi les filles de Taata, ( Les filles de

 l'homme) le dieu n'en voyait aucune qui lui plût.

Comme le temps passait , le dieu Oro et ses deux sœurs

 commençaient à se lasser de leurs recherches. 



_ " Dis-donc, Oro ... Nous voulons bien t'aider, mais cela

 commence à durer un peu trop. Ne crois-tu pas que tu

 trouverais plus facilement la compagne qui te plairait si tu

 cherchais dans le ciel? _ Les déesses y sont nombreuses

 et il n'en manque pas de très belles ... Pourquoi t'obstiner

 à chercher une mortelle alors que les déesses, elles,

 jouissent de la vie éternelle ?"



_ " Je veux encore chercher à Bora Bora. Allons à Vaïtape
 ... "




        Ils partirent au village de Vaïtape, dans l'île de Bora

 Bora. Là, ils rencontrèrent une jeune fille, qui se baignait

 dans un petit lac, nommé Ovai aïa . Cette jeune fille était

 d'une rare beauté. Oro, charmé, dit à ses soeurs d'aller la

voir, pendant qu'il remontait au sommet du mont Païa.


_ " Tu es allé à Vaïtape ? "


_ " Oui, j'y suis allé. Je connais bien ce village au bord du

 lagon, juste en face de la passe par laquelle les grands

 bateaux peuvent franchir le récif. C'est maintenant un très

 joli petit village, avec des barques et des pirogues. Il y a

 une église avec un clocher pointu. Il y a une école et

même une pharmacie ... "











               Approchant, les deux déesses saluèrent la jeune

 fille. Elles louèrent sa beauté et elles lui dirent qu'elles

 venaient d'Anau, district de Bora Bora et qu'elles avaient

un frère qui désirait s'unir à elle. Vaïraumati ( c'était le nom

 de la jeune fille ...) , examinant avec attention les

étrangères, leur dit :



_ " Vous n'êtes point d'Anau, mais n'importe ... Si votre

 frère est arii (noble), s'il est jeune et s'il est beau ... Votre

 frère peut venir : Vaïraumati sera sa femme. "



              Teouri et Oaaoa remontèrent aussitôt au sommet

 du mont Païa pour faire connaître le résultat de leur leurs

 démarches à leur frère. Celui- ci appela de nouveau l'arc-

en-ciel et redescendit vers Vaitape. 





           





            Vaïraumati l'attendait. Elle le reçut de façon

 parfaite : Elle avait dressé une table chargée de fruits et

 elle avait répandu sur le sol les nattes les plus fines et les

 étoffes les plus riches. Ils se marièrent et il y eut une

grande fête avec toutes les danses imaginables. 




                Oro, charmé de sa nouvelle épouse, retournait

 chaque matin au sommet du mont Païa et redescendait

 chaque soir, par l'arc-en-ciel, jusque chez Vaïraumati.

Il resta ainsi longtemps absent du ciel. Ses frères,

 Orotetefa et Ouretefa s'inquiétaient. Ils appelèrent l'arc-

en-ciel, à leur tour, et ils descendirent sur la terre. Ils

 cherchèrent sur toutes les îles. 




                  







           Ils le découvrirent enfin, avec son épouse, dans l'île

 de Bora Bora : Ils étaient assis à l'ombre d'un arbre

sacré. 

Ils furent tous les deux frappés par la beauté de la jeune

 femme. Ils n'osaient approcher d'elle et de leur frère sans

 leur offrir quelque présent. A cet effet, l'un d'eux se

changea en truie, l'autre en plumes rouges. Ils redevinrent

 aussitôt eux-mêmes, mais la truie et les plumes rouges

restaient. Ils approchèrent des nouveaux mariés et leur

 offrirent ces présents. 





                 







                      Il arriva que Vaïraumati se trouva enceinte ...

 La nuit suivante, la truie mit bas sept petits ... Oro prit l'un

 d'entre eux, se rendit jusqu'à Raïatea, l'île voisine, l'île

 sacrée. Il offrit le petit cochon à un homme dénommé

Mahi, qu'il trouva au grand marae, ou temple de Opoa. On

 dit que Mahi devint , sur le marae de Opoa, qui est le lieu

 le plus sacré de la Polynésie, le premier prêtre de Oro et

 le gardien du temple ....


               On dit aussi que Oro, retournant auprès de

 Vaïraumati lui annonça qu'elle accoucherait d'un fils. Il lui

 demanda de le nommer Hoa tabou te Raï ( L'ami sacré

 des cieux ). 


Il ajouta : 


_ " En ce qui me concerne, les temps sont venus. Vois,

 mes frères sont déjà venus me chercher. Je dois te

 quitter. "





                   







                Se changeant alors en une immense colonne de

 feu, il s'éleva majestueusement dans les airs au-dessus

 du Piririre, la plus haute montagne de Bora Bora. Son

 épouse éplorée et le peuple saisi d'étonnement le

perdirent alors de vue. 


On dit enfin que son fils, Hoa tabou te Rai fut un grand

 chef, qui fit beaucoup de bien aux hommes. Il les délivra

 de nombreux maux. A sa mort, il rejoignit son père au

 céleste séjour...



_ " Et Vaïraumati ? "



_ " Oro la fit également monter au ciel où elle prit rang

 parmi les déesses ... Certains disent même qu'elle est

devenue Hina, la déesse de la lune, qui se mire dans les

 eaux du lagon lorsqu'elles sont calmes et lisses ... "


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