CONTE DES ILES
MARQUISE
Mauike, déesse du feu, des tremblements de terre et
des volcans
habite l'Havaïki, c'est à dire le pays des ancêtres, là-bas vers le
couchant.
_ "Qui l'a dit ?"
_ " Tout le monde ici te l'apprendra. "
Mauike avait une fille, une fille unique, son nom
importe peu. Elle
n'est pas l'héroïne de notre histoire. Mais cette fille était
mariée sur
la terre, et elle avait un fils, lequel s'appelait Maui.
Maui vivait avec sa mère et son père en un point de l'île dont
l'endroit a été oublié. Il n'était encore que poïti (jeune garçon),
mais il était las, déjà, de manger ses aliments crus.
_ " Eh ! Pourquoi ne les faisait-il pas cuire ?
"
_ " Il ne disposait pas du feu, qui était alors
inconnu des hommes..."
_ " A qui fera-t-on croire que Maui ne
connaissait pas le feu, alors
que sa grand-mère n'était autre que la déesse des
volcans ?"
_ " C'est très compliqué : Il savait que le feu existait. Il avait même
vu ses parents manger des aliments cuits ..."
_ " Vous voyez bien ! "
_ " Oui, mais lui, il n'avait jamais droit qu'à
des aliments crus et il
ne savait pas où trouver du feu. Pourtant, ses parents
sortaient
souvent, pendant la nuit. Ces sorties l'intriguaient beaucoup : Il
était
convaincu qu'ils allaient chercher du feu. "
Un soir, sa mère lui dit :
_ " Reste ici, Poïti ; je vais revenir
bientôt."
_ " Je veux aller avec toi !"
_ " Tu ne le peux pas. Je ne peux pas
t'emmener."
La mère partie, l'enfant la suivit de loin.
Près d'entrer dans le chemin qui conduit à
l'Havaïki, le mère fut
arrêtée par un oiseau, perché sur un "kaku".
Elle appela son mari et
ils jetèrent des pierres à l'oiseau. Ils lui en
jetèrent beaucoup, mais
sans l'atteindre. Soudain, à la place de l'oiseau, ils
reconnurent leur
fils Maui, sous forme humaine et sans plumes.
Maui pénétra dans l'ouverture qui conduisait à l'Havaïki. Il
arriva près de sa grand-mère, Mauike. Il ne
l'avait jamais vue mais
il sut tout de suite que c'était bien elle : Son corps
était rempli de
feu.
_ " Rempli de feu ? "
_ " Oui. Mais Mauike avait le feu dans les
doigts et dans les orteils,
surtout. "
À l'arrivée de Maui, sa grand-mère lui demanda quel
était le but de
sa visite.
_ " Je suis venu pour avoir du feu."
_" Tu veux du feu ? "
Elle lui donna un de ses doigts : le koiti, c'est à dire le petit doigt.
Maui s'en alla et marcha tout droit jusqu'à la mer, où il
l'éteignit.
Quand cela fut fait, il retourna chez sa grand-mère
et lui dit que son
feu s'était éteint.
_ " Comment s'est-il éteint ?"
_ " Il est tombé dans l'eau."
Mauike se coupa un autre
doigt, le manawa, c'est à dire
l'annulaire. Maui s'en alla. Il le trempa dans
la mer pour l'éteindre
également, puis il mouilla sa main pour que Mauike crut
à la vérité
de ses paroles. De nouveau, il se présenta devant elle et lui
demanda un peu de feu.
_ " Mais pourquoi donc Maui ne s'est-il pas
contenté du feu qui lui
avait été donné la première fois ? C'était bien pour
faire cuire ses
repas, qu'il voulait du feu ?"
_ " Oui, bien sûr, mais maintenant, il lui
venait à l'idée que, s'il
devenait seul possesseur du feu, il deviendrait très
puissant, aussi
puissant qu'un dieu !"
_ " Alors il va continuer à dépouiller sa
grand- mère?"
_ "Il va continuer. Il réclame le mapere, c'est
à dire le majeur, puis
le koroa, autrement dit l'index et enfin le rongo-matua,
c'est à dire
le pouce ..."
_ " Et la vieille Mauike se laisse faire ? "
_ " Elle se laisse faire ... Allez donc savoir
pourquoi ! C'est ainsi ! "
_ "Dis-donc, elle est bizarre, ton histoire.
Moi, à la place de la
grand-mère, je ne me serais certainement pas laissé faire
!"
_ " Eh bien c'est ainsi pourtant. Aux
Marquises, tous les anciens te
le diront. Ayant fini avec les doigts, Maui
demanda les orteils ... Et
ils les obtint tous, excepté le gros orteil !"
_ " Lequel ? Je suppose qu'elle en avait un au
pied gauche et un au
pied droit, comme tout le monde ?"
_ " Comme tout le monde. Mais l'histoire
raconte bien qu'il lui
restait un pouce ; elle ne dit pas lequel. Qu'importe !
Maui dit à sa
grand-mère : Donne-moi le gros orteil ! "
_ " Non, Maui, je ne te le donnerai pas car je
vois bien que tu as
formulé quelque mauvais projet à mon égard. Tu m'as déjà
pris
tous mes doigts et il ne reste plus qu'un seul orteil !"
Alors Maui arracha lui-même le gros orteil de sa
grand-mère ... Le
dernier qui lui restait. Il brandit le feu et l'agita : Il en
brûla la terre
et les arbres. Maui lui-même fut presque tout brûlé. S'il
s'enfuyait
dans une direction, le feu l'y poursuivait. S'il s'enfuyait dans une
autre direction, les flammes le suivaient encore.
Ne trouvant aucun refuge
sur la terre, Maui s'éleva dans les
airs. Il appela la pluie. La pluie se mit à
tomber ... Maisata, le
kaikatea, l'hinau, le rimu, le matai, et le miro. Mais ces arbres ne
voulurent pas les recevoir. Elles se sauvèrent alors vers le patete, le
kaikomako, le mahohe, le totara, et le puketea , qui les reçurent.
Ces derniers arbres sont encore ceux qui fournissent le bois dont
on peut obtenir le feu par friction.
Il demeurait entouré de flammes. Il demanda une plus forte
pluie
... Cela ne suffisait pas ... Il dut demander à la pluie de tomber à
torrents. Elle arriva, et elle éteignit les flammes en se répandant sur
la
terre.
Quand les eaux provoquées par
ce déluge eurent atteint le
tikitiki , c'est à dire le noeud qui réunissait les
cheveux de Maui au
sommet de sa tête, les semences du feu s'enfuirent vers tous
les
arbres environnants : Le rata, le kaikatea, l'hinau, le rimu, le
matai, et le miro. Mais ces arbres ne voulurent pas les
recevoir. Elles se sauvèrent alors vers le patete, le kaikomako,
le mahohe, le totara, et le puketea , qui les reçurent. Ces
derniers arbres sont encore ceux qui fournissent le bois dont
on peut obtenir le feu par friction.
matai, et le miro. Mais ces arbres ne voulurent pas les
recevoir. Elles se sauvèrent alors vers le patete, le kaikomako,
le mahohe, le totara, et le puketea , qui les reçurent. Ces
derniers arbres sont encore ceux qui fournissent le bois dont
on peut obtenir le feu par friction.
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