jeudi 27 décembre 2018

ÎLES MARQUISE : LÉGENDE DU FEU





CONTE DES ILES MARQUISE




           





Mauike, déesse du feu, des tremblements de terre et des volcans

 habite l'Havaïki, c'est à dire le pays des ancêtres, là-bas vers le 

couchant. 



_ "Qui l'a dit ?"



_ " Tout le monde ici te l'apprendra. "



Mauike avait une fille, une fille unique, son nom importe peu. Elle

 n'est pas l'héroïne de notre histoire. Mais cette fille était mariée sur 

la terre, et elle avait un fils, lequel s'appelait Maui. 


                     





Maui vivait avec sa mère et son père en un point de l'île dont

 l'endroit a été oublié. Il n'était encore que poïti (jeune garçon), 

mais il était las, déjà, de manger ses aliments crus. 




_ " Eh ! Pourquoi ne les faisait-il pas cuire ? "




_ " Il ne disposait pas du feu, qui était alors inconnu des hommes..."


_ " A qui fera-t-on croire que Maui ne connaissait pas le feu, alors

 que sa grand-mère n'était autre que la déesse des volcans ?"






_ " C'est très compliqué : Il savait que le feu existait. Il avait même 

vu ses parents manger des aliments cuits ..."


_ " Vous voyez bien ! "


_ " Oui, mais lui, il n'avait jamais droit qu'à des aliments crus et il 

ne savait pas où trouver du feu. Pourtant, ses parents sortaient 

souvent, pendant la nuit. Ces sorties l'intriguaient beaucoup : Il était

 convaincu qu'ils allaient chercher du feu. "



Un soir, sa mère lui dit :



_ " Reste ici, Poïti ; je vais revenir bientôt."

_ " Je veux aller avec toi !"

_ " Tu ne le peux pas. Je ne peux pas t'emmener."



La mère partie, l'enfant la suivit de loin. 

Près d'entrer dans le chemin qui conduit à l'Havaïki, le mère fut 

arrêtée par un oiseau, perché sur un "kaku". Elle appela son mari et

 ils jetèrent des pierres à l'oiseau. Ils lui en jetèrent beaucoup, mais

 sans l'atteindre. Soudain, à la place de l'oiseau, ils reconnurent leur

 fils Maui, sous forme humaine et sans plumes. 



     


 Maui pénétra dans l'ouverture qui conduisait à l'Havaïki. Il 

arriva près de sa grand-mère, Mauike. Il ne l'avait jamais vue mais

 il sut tout de suite que c'était bien elle : Son corps était rempli de 

feu.



_ " Rempli de feu ? "




_ " Oui. Mais Mauike avait le feu dans les doigts et dans les orteils, 

surtout. "



À l'arrivée de Maui, sa grand-mère lui demanda quel était le but de

 sa visite. 


_ " Je suis venu pour avoir du feu."


_" Tu veux du feu ? "






Elle lui donna un de ses doigts : le koiti, c'est à dire le petit doigt. 

Maui s'en alla et marcha tout droit jusqu'à la mer, où il l'éteignit. 

Quand cela fut fait, il retourna chez sa grand-mère et lui dit que son

 feu s'était éteint.


_ " Comment s'est-il éteint ?"

_ " Il est tombé dans l'eau."


       Mauike se coupa un autre doigt, le manawa, c'est à dire 

l'annulaire. Maui s'en alla. Il le trempa dans la mer pour l'éteindre

 également, puis il mouilla sa main pour que Mauike crut à la vérité

 de ses paroles. De nouveau, il se présenta devant elle et lui

 demanda un peu de feu.




_ " Mais pourquoi donc Maui ne s'est-il pas contenté du feu qui lui

 avait été donné la première fois ? C'était bien pour faire cuire ses

 repas, qu'il voulait du feu ?"



_ " Oui, bien sûr, mais maintenant, il lui venait à l'idée que, s'il

 devenait seul possesseur du feu, il deviendrait très puissant, aussi 

puissant qu'un dieu !"



_ " Alors il va continuer à dépouiller sa grand- mère?"



_ "Il va continuer. Il réclame le mapere, c'est à dire le majeur, puis 

le koroa, autrement dit l'index et enfin le rongo-matua, c'est à dire 

le pouce ..."






_ " Et la vieille Mauike se laisse faire ? "

_ " Elle se laisse faire ... Allez donc savoir pourquoi ! C'est ainsi ! "



_ "Dis-donc, elle est bizarre, ton histoire. Moi, à la place de la 

grand-mère, je ne me serais certainement pas laissé faire !"




_ " Eh bien c'est ainsi pourtant. Aux Marquises, tous les anciens te 

le diront. Ayant fini avec les doigts, Maui demanda les orteils ... Et

 ils les obtint tous, excepté le gros orteil !"



_ " Lequel ? Je suppose qu'elle en avait un au pied gauche et un au 

pied droit, comme tout le monde ?"


_ " Comme tout le monde. Mais l'histoire raconte bien qu'il lui 

restait un pouce ; elle ne dit pas lequel. Qu'importe ! Maui dit à sa 

grand-mère : Donne-moi le gros orteil ! "



_ " Non, Maui, je ne te le donnerai pas car je vois bien que tu as

 formulé quelque mauvais projet à mon égard. Tu m'as déjà pris 

tous mes doigts et il ne reste plus qu'un seul orteil !"




Alors Maui arracha lui-même le gros orteil de sa grand-mère ... Le

 dernier qui lui restait. Il brandit le feu et l'agita : Il en brûla la terre

 et les arbres. Maui lui-même fut presque tout brûlé. S'il s'enfuyait

 dans une direction, le feu l'y poursuivait. S'il s'enfuyait dans une 

autre direction, les flammes le suivaient encore. 





       Ne trouvant aucun refuge sur la terre, Maui s'éleva dans les 

airs. Il appela la pluie. La pluie se mit à tomber ... Maisata, le 

kaikatea, l'hinau, le rimu, le matai, et le miro. Mais ces arbres ne 

voulurent pas les recevoir. Elles se sauvèrent alors vers le patete, le

 kaikomako, le mahohe, le totara, et le puketea , qui les reçurent.

 Ces derniers arbres sont encore ceux qui fournissent le bois dont

 on peut obtenir le feu par friction.






  Il demeurait entouré de flammes. Il demanda une plus forte pluie

 ... Cela ne suffisait pas ... Il dut demander à la pluie de tomber à 

torrents. Elle arriva, et elle éteignit les flammes en se répandant sur

 la terre. 











      Quand les eaux provoquées par ce déluge eurent atteint le 

tikitiki , c'est à dire le noeud qui réunissait les cheveux de Maui au 

sommet de sa tête, les semences du feu s'enfuirent vers tous les

 arbres environnants :  Le rata, le kaikatea, l'hinau, le rimu, le 

matai, et le miro. Mais ces arbres ne voulurent pas les 

recevoir. Elles se sauvèrent alors vers le patete, le kaikomako,

 le mahohe, le totara, et le puketea , qui les reçurent. Ces 

derniers arbres sont encore ceux qui fournissent le bois dont

 on peut obtenir le feu par friction.


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