mercredi 20 juillet 2016

JE CHANTAIS, SUR LES SENTIERS DE GALICE ...






Chanson …















-  «  Si le ciel est bleu,
-                             mon garçon
-      Si les fleurs parfument le vent

          Siffle un air joyeux,
                                  mon garçon

           Prends ton sac
                                  Et va t’en »  






Je chantais, sur les sentiers de Galice …


























            Alors on prend Le Chemin ... On le prend même à deux parfois ... Souvent ? ... On marche à deux sur les sentiers, on s'arrête aux mêmes gîtes ... On marche rarement du même pas et l'un marche devant l'autre, par nécessité, par habitude, par convention ... Tout simplement, on marche à quelques centaines de mètres l'un derrière l'autre parce qu'on n'a pas en tête, au même moment, les mêmes chansons, les mêmes images, les mêmes pensées, les mêmes prières ...





             Je chantais, sur le chemin d'Ostabat, ou bien sur l'ancienne voie ferrée qui conduit de Saint-Palais à Arbouet ... Je chantais un refrain parfaitement stupide qui revenait en moi du fond de mon enfance ... L'aurais-tu écouté sans te moquer ? ... Et toi, si tu avais eu envie de réciter les psaumes ou les litanies, en aurais-je fait miens les rythmes et les intonations ? ...

              Souvent, c'est à l'étape que l'on se rejoint, au moment où l'on pose le sac et où l'on s'étire ... Mais l'on ne s'est pas perdu de vue ...
             On savait que l'autre était là ... On savait que l'on se retrouverait ... N'est-ce pas ainsi que l'on s'achemine?






                 Mais que dire de celui qui marche seul ? ... Sans doute avait-il quelque chose à retrouver, ou encore quelque chose à fuir ... Il marche, celui qui veut, tout simplement, redonner à son corps l'importance qu'il avait perdue au fil des jours, de chaise en fauteuil, de banquette en banc, strapontin, tabouret ... Il marche, celui qui veut sentir ses poumons se gonfler, s'emplir d'air vif, d'odeurs d'herbes, de fleurs, de ruisseaux, de troupeaux ... Il marche, celui qui veut entendre siffler le gypaëte barbu, celui qui veut entendre tomber la noisette, celui qui veut entendre sonner les clarines, aboyer les chiens, résonner le bronze du haut des clochers, chantonner la Joyeuse entre ses deux rives ... Ah ! La Joyeuse ! ... Est il un plus beau nom pour une rivière ? ... Mais la Bidouze m'enchante aussi ... La Bidouze au gué de Kinkil ! ... Je suis tout prêt à m'émerveiller encore de l'autre côté des Pyrénées ... Et pas seulement aux noms de Roncevaux ou de Pampelune ... "Pampelune, à sept kilomètres derrière la lune !" ...














                    Le dos est douloureux peut-être, les pieds font mal, les muscles sont raides aux mollets ou dans les cuisses ... Le corps fonctionne et, ma foi, il fonctionne bien ... Raideurs, certes, douleurs ... Mais mon corps fonctionne: C'est la meilleure nouvelle depuis longtemps... Je n'entends plus parler des catastrophes que diffusent quelque part, sans arrêt, bien entendu, les postes de télévision, les postes de radio, les téléphones sans fil ou avec fil ... Je n'ai pas rencontré de téléphones portables sur Le Chemin ... Pas encore.










                _ " Prends-en un, me dit-on souvent ... C'est une sécurité ... Imagine ... Marchant seul quelque part ... Tu te fais une entorse, tu fais une chute, tu tombes malade ..."
               -Je résiste encore ... Avec un téléphone portable, aurai-je toujours l'indépendance nécessaire pour chanter à pleine voix "Les Filles de La Rochelle" lorsque j'en ai envie, ou bien pour réciter "La Ballade des Pendus" ? ... J'ai récité la "Ballade des Pendus" sur la route d'Orsanco ... Je veux pouvoir me la réciter encore sur les sentiers de Galice ...




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire