LE NAUFRAGE DU TIGER
CHAPITRE 7
_" Le mardi six septembre, le "Hope" était mis à
la mer, non sans difficulté car les vents et les vagues n'étaient guère
favorables ... Ayant tourné la pointe sud de l'île, il trouva un bon mouillage
dans une anse paisible. Son équipement fut complété. Le quinze septembre, dès
l'aube, les onze hommes qui composaient l' équipage étaient fin-prêts.
Partageant une chope de brandy, nous avons trinqué au succès ...
_" Nous nous sommes tous serré la main, formulant des voeux
pour que le voyage fût heureux et agréable ... Tout le monde étant à bord, les
voiles hissées, le "Hope" appareilla à sept heures précises, par
jolie brise. Les conditions étaient toutes favorables. Restant à terre, nous
poussâmes tous un triple"hourra!". Jusqu'à huit heures, le bateau
demeura visible, puis il disparut à l'horizon.
_" La vie a repris sur l'île : Occupations botaniques,
pêche, recherche de tortues de mer, ramassage du bois ... Pour ma part, je
m'amusai même à semer quelques graines et à planter quelques légumes. Sibella ,
elle, s'était vouée à la production de sel pour améliorer notre nourriture :
Elle faisait évaporer de l'eau de mer dans une marmite...
_"Je n'étais pas encore convaincu que nous nous fûssions
sur Juan-de-Nova. Je relisais ce qu'écrivait Horsburg à propos d'une autre île,
dénommée Astove :
" Astove est située approximativement à une latitude de dix
degrés sud et à une distance de dix lieues de l'île de Cosmolédo. C'est une
petite île basse sur laquelle les navires français "Le Bon-Royal" et
"Le Jardinier" ont fait naufrage, dit-on. Une frégate française ayant
vu Juan-de-Nova le trente août mille sept cent soixante neuf fit naufrage, la
même nuit, sur les bancs de Providence, à quarante ou cinquante milles plus au
nord. Cette île a été visitée épisodiquement par d'autres navires ... "
_" En fait, nous l'apprîmes plus tard, c'était bel et bien
sur Astove que nous avions échoué et non pas sur Farquhar. Cette erreur
impliquait deux conséquences, et chacune d'entre elles aurait pu être tragique
:
*Nos camarades, partis sur le "Hope" n'avaient aucune
chance de gagner les Seychelles comme ils en avaient l'intention, puisqu'ils
ignoraient la véritable position de leur point de départ ...
*Les secours que l'on aurait pu nous envoyer n'avaient guère de
chances de nous parvenir, que l'on ait été alerté par nos compagnons embarqués
du "Hope", ou bien qu'on l'ait été par l'un des messages largués dans
des bouteilles ... En fait ... nous ne pouvions que l'ignorer, mais un secours
éventuel ne pouvait, qu'être fortuit, c'est à dire bien improbable.
À SUIVRE
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