mercredi 31 août 2016








AUTOMNE



LA SAURINE







                                                               OLERON











Louanges et célébrations
Toutes grâces rendues
Et sacrifice pour le rite
Un taureau noir à l’autel de Pomone
Du sang sur tout bourgeon de salicorne
Et sang aux miroirs du ciel comme draps étendus
Draps de lavandières
Y passent oiseaux et nuages
Franges de genestrolle et de curcumin
Par flaques ou par semis étoilés
Fleur de soufre à mécher le tonneau des vendanges


























Chyle suspect aux anciens marais salants
Odeur femelle de l’argile bleue
Plumetis, panaches des roseaux dans les étiers
Un pré soigneusement étrillé, peigné
Toison rase finement crêpée, couleur de noisette
Prêt à recevoir le grain


























Flûte d’un courlis sur deux tons, l’un bref, l’autre long
Le tremble laisse frémir son feuillage argenté comme sequins de Bohème
Tamaris vert- bouteille, mais, sur une branche on distingue encore une buée d’un vieux rose
Ah ! D’où me vient cette chanson douce ?
Cliquetis de crémaillère à la varaigne
Lent et régulier


Silencieuse, la nage du myocastor à l’aigu de son angle























Ample robe plissée, de brocart brodé d’or
Cachemires et soies
Couronnes
Dents-de-lion comme florins de Hollande éparpillés
Et l’écharpe d’hermine flotte sur l’horizon violet
Longues méditations de l’aigrette garzette et du héron cendré
Deux cygnes vannaient à grands coups d’ailes sifflantes, vannaient le vent
Vannaient l’espace et le temps

Ah ! Qui oublierait le goût du fenouil sur la langue!








mardi 30 août 2016

LE LÉZARD






LE LÉZARD













Je vois bien que le lézard sait remplacer sa queue
Mais que me dira le lézard ?


Je dis lundi
mar
mer
Je dis vendredi
samedi
et dimanche
Et une et deux et trois
Jusqu’à vingt-quatre et janvier février mars et les autres jusqu’à douze
Et tous les deux mille qui vont se succéder jusqu’à trois et ça recommence
Et chaque millième de seconde qui compte les battements de mon coeur
Mais les secondes les heures les jours les mois et les ans ne sont qu' illusions











Blocs rompus
Éboulis
Sables
Sablier indifférent
À taille fine de danseuse étoile
Qui me tue








Si nous n’existions que par nos mots
Que restera-t-il de nous ?


Message aux archéologues de demain
Ah! L’archéoptérix
Il volait !























Écroulement des verticales
Toutes !
Les tours et les murs retournent à la terre
Fouilles organisées dans ce qui fut nos terreurs nos désespoirs
Tu sais
La ceinture de feu du Pacifique
Elle était bouclée autour de mes reins
Silice


La trouveras-tu
Ta pierre de Rosette ?
Homme mécanique électrique électronique Magnifique !























Tessons brisés
Mots cassés
Les meules même sont usées
Autre grammaire !
N’est-il pas vrai que la parole se brouille Quand tombent les murs de la ville ?
N’est-il pas vrai que le puits oublie son nom Lorsque personne n’en tire plus la chaîne ?
Ou bien c’est tout comme et ainsi se perd le sens


Babylone Cnossos Palmyre



“ Aqui se ha construido un pueblo
donde vivan de la cria de animals y agricultura
donde se cultiva la zahina y la cebada“






























Pourrez-vous suivre du doigt le réseau des Racines
Ses noeuds
Ses silences ?


Les mots portent charge
Ils sont caduques comme les feuilles
Et fragiles


Ô toi
Aux oreilles aux yeux aux doigts Inconcevablement sensibles et précis
Aux sources de la vie et de la mort la plongée S’annonce






















Je vois bien que le lézard sait remplacer sa queue
Quand il le faut
Mais que dirais-je au lézard ?
Musiques battues d’autres mesures
Brouillage des signes et des indices






























Aux excès de l’aigu le cristal se brise
Et la queue du lézard aussi
Mais le lézard sait remplacer sa queue
Il y aura d’autres murs et d’autres tours dans les sables
L’homme un jour apprendra sans doute à remplacer ses membres mutilés

À moins que ...

lundi 29 août 2016

Pampelune - Sept kilomètres derrière la lune !




LA SIERRA DEL

    PERDON








     Sculptures métalliques : Pèlerins sur le chemin de Compostelle - Sierra del Perdon.







D’où vient le vent ?
Où va le temps ?
Le temps
Le temps
Le vent
Sur le ciel blanc à force d’être bleu
Un vautour crucifié
Glisse sur son orbite immuable
Les blés
Jeunes encore
Montent au flanc de la colline
Soleil-Roi













Moulins d’acier
Brassant le vent
Rythmant le temps
Lentement
Sifflant





                                   Cairn : "Je suis passé par là."





Il est bien vrai que personne me m’attendait
ni rien
Je ne crée ni les êtres
ni les choses
Je leur donne parole
Je les montre du doigt
Le temps ne fait qu’agiter les bras







Silhouettes de tôle noire
Un homme et son âne
Une femme et son enfant
Un chien qui suit derrière
Ils vont vers le couchant
Lentement





                                          Saint Jacques.




Si la lèpre rouge de la rouille ne ronge le fer ...
Demain
Après demain
Cette nuit
Là ...
Serait-il mortel lui-aussi
Le temps ?









dimanche 28 août 2016

LES BONZES ...





LES BONZES
















Bonzes bonzillons
Robes couleur d’orange
Vont en file lente
Un vase entre les mains
Crâne nu
Une épaule aussi
Les pieds nus dans des sandales





Certains sont des enfants
D’autres des vieillards
Chaque matin ils passent en file lente
Les femmes les attendent
L’une offre du riz
L’autre des fruits
Les bonzes saluent et remercient









Chaque matin ils passent
En file lente
Puis ils retournent à la Pagode
Sont-ils si différents
Ou bien c’est seulement la couleur qui change ?