AUTOMNE
LA SAURINE
OLERON
Louanges et célébrations
Toutes grâces rendues
Et sacrifice pour le rite
Un taureau noir à l’autel de Pomone
Du sang sur tout bourgeon de salicorne
Et sang aux miroirs du ciel comme draps étendus
Draps de lavandières
Y passent oiseaux et nuages
Franges de genestrolle et de curcumin
Par flaques ou par semis étoilés
Fleur de soufre à mécher le tonneau des vendanges
Chyle suspect aux anciens marais salants
Odeur femelle de l’argile bleue
Plumetis, panaches des roseaux dans les étiers
Un pré soigneusement étrillé, peigné
Toison rase finement crêpée, couleur de noisette
Prêt à recevoir le grain
Flûte d’un courlis sur deux tons, l’un bref, l’autre long
Le tremble laisse frémir son feuillage argenté comme sequins de
Bohème
Tamaris vert- bouteille, mais, sur une branche on distingue
encore une buée d’un vieux rose
Ah ! D’où me vient cette chanson douce ?
Cliquetis de crémaillère à la varaigne
Lent et régulier
Silencieuse, la nage du myocastor à l’aigu de son angle
Ample robe plissée, de brocart brodé d’or
Cachemires et soies
Couronnes
Dents-de-lion comme florins de Hollande éparpillés
Et l’écharpe d’hermine flotte sur l’horizon violet
Longues méditations de l’aigrette garzette et du héron cendré
Deux cygnes vannaient à grands coups d’ailes sifflantes,
vannaient le vent
Vannaient l’espace et le temps
Ah ! Qui oublierait le goût du fenouil sur la langue!