mercredi 3 août 2016

VOUS QUI SAVEZ TANT DE CHOSES ....





CHANSON














Nous irons à Valparaiso
Good by farewell
Good by farewell

Hardi les  gars
Vire au guindeau !

Hourra pour Mexico !
Oh ! oh ! oh !



Vous qui savez tant de choses …

( Rimbaud, dis-tu ? – Un sale gosse … Qui marchait, les poings serrés dans ses poches trouées ) …


Nos vaisseaux ayant descendu le cours des fleuves
Avançaient dans une plaine immense
Nos amours nous portaient
Que nous ne connaissions pas
Désirs de fruits et de sel
Soifs
Pour un million d'années
Nos certitudes immuables














Éclosions de lueurs
Aux Indes étaient les îles
Des souffles tièdes nous poussaient
Carènes de navires invulnérables
Comprenez-vous bien cela
Vous qui déchiffrez les portulans ?
La toile de nos voiles était taillée dans nos rêves
Maîtres de l'immensité
Ô douceur !
Ivres d'images nouvelles
Toute foi toute confiance !

En vérité ce furent des millions d'étoiles
Des comètes en pluie
Des milliers de soleils et des milliers de lunes
Poissons étincelants
Myriades d'oiseaux jaillissant des flots
Tous plumages toutes couleurs
Dans nos sillages vibraient des cordes de cristal
Mozart chantait à l'étambot
Nous maintenions le cap
Avançant vers nos fiancées






Lignes bleues des araucarias au ras des flots
Éblouissements du corail
Palmes
Sables et floraisons de l'océan
Porcelaines diaphanes dans le creux des vagues
Irisation des verreries
Saveurs de nos vins !

De grandes fleurs très étranges flottaient entre deux eaux
Mauves et laiteuses
Mais au resserrement des détroits nous cherchions
Des effluves plus suaves encore
Les parfums d'autres épices
Souffles de cannelle
Haleine de la cardamome
Encens musc cire et benjoin
Girofle poivre tamarin






Au long des plages du santal et du piment
Des caravanes charriaient du sucre et du gingembre
Des coupons de damas et de brocarts
Des paniers pleins de perles ou bien d'écaille
Les matins allumaient des couleurs de verrières
Et les soirs déroulaient des tapis somptueux
Sur l'écran du ciel parfois s'épanouissaient des pavots














Ô nous en avons vu des crêtes chargées de neige
Des glaciers et des volcans
Des dunes jaunes et des terres rouges
Des anémones et des lys !
Auréoles d'amarante
Iris vallées de pivoines
Les pollens répandus en poudre d'or
Ont célébré nos passions
Nous rêvions de papillons
De coquilles et de nacre
Les océans roulaient des rubis
Des diamants et des saphirs
Émeraudes et pierres de lune
Nous quittions les îles l'une après l'autre
Leur laissant les prénoms de nos femmes de nos amours
Caroline Thérèse Lucie Dominique
Chacune un lotus posé sur la mer
De fastueux banquets nous ont été offerts
Chansons de harpes de violes et de flûtes
Musique de chalumeaux trompes et tambours

Nous allions toujours suivant la Croix du Sud
Alpha du Centaure
Ou le navire Argo







Qui nous eût appris que des tempêtes
Allaient déchirer notre voilure
Abattre nos vergues briser notre mâture ?

Allez donc savoir quand et comment
Nous entrâmes dans cette lagune qui se meurt !
Nous voici pourrissant
Vapeurs de fièvres qui rôdent fétides
Fades odeurs des moisissures
Chairs humides feuillages gras
Anthuriums inquiétants balisiers
Improbables orchidées
Dans les sargasses de la tourbe et de la vase
Sous de lourdes frondaisons
Étranges respirations
Nous n'apercevons que serpents
Salamandres sauriens
Animaux de toutes tailles
Bardés de cuir ou bien d'écailles
Aux figures surprenantes
Il serait bien hasardeux de les décrire ici !

Comprenez-vous cela
Vous qui savez tant de choses ?

Texte de Michel Savatier.





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