Vallée du Paradis … Valparaiso ! (1)
Bouquets des champs,
Couleurs primaires
Bordant la rade et l’océan.
Suants et grinçants, les funiculaires,
Quinze à gémir en s’essoufflant,
Chargés de gens souriants …
Gais marins chantant au soleil levant
Oh !
Hisse et ho ! So well, all well,
Nous reviendrons, pavillon haut !
Larmes des marins, au couchant .
Good bye, good Guys, farewell :
Plus d’un y a laissé sa peau ...
Au cap Horn, il ne fait pas chaud
Les marins s’en vont grelottant ...
Au ciel flamboyant et pesant,
Un soleil glacial luit tout là-haut :
Les bons copains s’en vont, pleurant !
Oula,
Tchlalez ! Good bye, Mummy
Nous cinglons tous vers l’infini
Tous
morts … I and my Guys …
.
Vallée
du Paradis (2)
.
Bordant l’océan,
Abris aux teintes chaudes,
Des haies et des champs,
Les cougars y rôdent …
Mais la ville s’étend
Vers les eucalyptus,
Vers les déserts brûlants
Qui couvent leurs cactus …
Quinze vieux wagons
Posant leurs jalons,
Grimpent les collines
Que le ciel illumine.
La ville grignote
Les forêts si vertes.
Les lumières clignotent
Aux fenêtres ouvertes …
Aux collines pentues
Des quarante collines
Poussent des herbes drues
Devenues citadines ...
Valparaiso (3) à l’assaut des pentes
Quarante collines !
Et même un peu plus …
Sous un ciel de plomb,
Terrasses et mezzanines
Toujours en surplomb,
Toujours en surplus !
Quinze trains à crémaillère
Frôlent les balcons …
La ville toute entière,
Comme un entonnoir
Dévale en rayons
Vers la Mer, miroir …
--
Sous un ciel très
pur,
Un ciel bleu d’azur,
Qui souvent s’embrase,
La ville s’évase ...
Musée d’exception
Ouverts à tous vents,
Pour tous les passants
Venez admirer
Cette exposition
Aux murs des maisons,
Si bien exploités
La tôle ondulée
Met de la couleur
Et de la douceur
Aux façades tristes.
Et de vrais artistes
Taguent sur les murs
D’un geste très sûr,
Des fresques signées.
Fresque exposée, très originale,
sur deux façades, gommant l’angle droit
La ville toujours s’étend
(4)
Quinze trains à crémaillère
_Et peut-être un peu plus_,
Grinçant sur leurs rails
Tracent un éventail
Des maisons poussent encor,
Et grimpent les talus.
Mais la ville entière
Converge vers le port ...
Sur le port, à l’ancre
Dorment les bateaux
Qui font une escale
A Valparaiso ...
Pablo Neruda
A vécu là-bas !
Chansons de marins
Sur terre et sur l’eau …
Oh ! Hisse et ho !
Amis, gare au grain !
Ohé,
Nous reviendrons,
Pavillon haut !
Ohé, ohé,
Pauvres garçons
Plus d’un y a laissé sa peau !
Vallée du Paradis (5)
Corolle cocardière
Cintrant la rade bleue,
Toits et façades de couleurs vives …
Et, brinquebalants, arrivent,
Montant vers les cieux
Quinze wagons à crémaillère …
Quinze à monter à l’assaut des collines
Lourds de leur marée humaine
Quinze funiculaires
Vieux tramways à la traîne,
Quinze centenaires
Sur lesquels on dessine …
*
Au loin s’en vont les navires
Cinglant sur la mer turquoise
Où les barques se croisent
Couvrant le vacarme des vagues,
Les marins chantent à pleine voix.
Leurs mains sont tachées de la poix
Calfatant le bateau qui rague
°°°
Glossaire : Les mots
Qui rague (qui
s’use en frottant)
Brinquebalant ou bringuebalant
( les 2 sont admis _ termes peu usités)
Oh, hisse et ho ! Vire au guindeau .. (6)
Au loin s’en vont les matelots,
La pipe au bec et le cœur chaud,
Chantant qu’ils reviendront bientôt !
Peut-être auront-ils le cœur gros …
Oh, Hisse
et Ho !
A force de braver les flots
Et de barrer dans les tempêtes,
Ils échoueront sur un îlot
Et certains y perdront la tête !
Ils allaient à Valparaiso,
Au cap Horn, ou à Rio
La voile au vent, le cœur content
Les femmes attendront les bateaux …
Combien de temps, en soupirant ?
Oh, Hisse et Ho !
C’était une coque de noix
… …
Aux mâts dressés de leur bateau
Ils arboraient le Grand Pavois :
Ils étaient fiers de ses drapeaux …
Plus d’un y a laissé sa peau ….
Sur la tombe de ces absents,
Marguerites et coquelicots
Se balancent au gré du vent
Oh, oh… Ho, ho, Ho hisse et Ho !
31/05/2010 revu 26/28 Avril
2015
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