samedi 16 novembre 2013

FRANCIS BACON ET STEFAN ZWEIG




FRANCIS BACON

                           ET

                                 STEFAN ZWEIG








« … Et la littérature relevant à l’époque de ce qu’on appelait les « Belles lettres » était bien la dernière à laquelle on accordait le droit d’oser une peinture véridique, parce qu’on lui accordait le domaine du Beau esthétique à l’exclusion de tout autre. Alors que, dans les siècles précédents, l’écrivain ne craignait pas de délivrer un tableau sincère et complet de la civilisation de son temps, alors que chez Defoe, l’abbé Prévost, Fielding et Rétif de La Bretonne on trouve encore des descriptions authentiques de ce qui se passe dans la réalité, l’époque dont nous parlons (Le XIX eme siècle) croyait ne pouvoir montrer que le « sentimental » et le « sublime », mais pas le vrai et le pénible … »
                                   
                  (Stefan Zweig : Le Monde d’Hier – Eros matutinus)

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Étendez ce jugement à l’Art en général, et vous comprenez pourquoi la peinture, en particulier, se cantonne dans le « bienséant » et le « sublime » tout au long du Dix-neuvième siècle. Vous comprenez ce que l’on reproche aux « Pompiers », comme on les a nommés … Vous comprenez également ce que l’on reproche à « l’ académisme » aux normes sans souplesse et aux à priori trop exclusivement enfermés dans les critères de « l’esthétisme »…

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                                                                 FRANCIS BACON

Vous comprenez aussi les choix très différents de Andy Warhol et de Francis Bacon : La vulgarité existe, et la laideur aussi … Toutes deux résident aussi dans notre humanité et, lorsque l’on veut célébrer l’humanité, on doit aussi célébrer la bouteille de Coca Cola, on doit également montrer les tumeurs et les plaies du corps et de l’âme … C’est, nous semble-t-il, ce qu’ont essayé de faire plusieurs artistes contemporains, autant dans le domaine de la peinture que dans celui de la poésie … Merci, Monsieur Sigmund Freud !

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                             ANDY WARHOLL


Le Moyen-Âge, chez nous, cachait les lépreux, lesquels devaient agiter sans cesse leur crécelle pour signaler leur présence sur les chemins … Dans les archipels, les lépreux étaient assignés à résidence sur une île réservée à cet effet. Francis Bacon montre les lèpres du corps et celles de l’esprit : Elles sont incluses dans le domaine de l’humanité … Elles relèvent du « Vrai » …

C’est pourquoi les sommes astronomiques offertes en de récentes enchères, à Londres ou à New York ne me choquent que parce qu’elles reflètent très probablement le résultat de spéculations boursières effrénées plutôt que l’expression du goût pour le « Vrai ».

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