LE POÈTE
Tambourinaire provençal
DÉCHARGE
Là-bas, là-bas, filant partout
les rats ont giclé dans des trous
quand je suis arrivé au cimetière des choses.
Le vent ici se bourre
les poches de plein d'odeurs,
les répand moqueur et rusé
tout aurour loin dans la région.
D'odeurs de matelas brûlés,
d'huiles périmées dans des boîtes,
de choux gâtés,
dans des mélanges déments
qui m'échappent.
J'ai marché sur un sifflet rouillé.
Fichu. Il n'en sort plus un son.
Où sont parties les lèvres
qui l'utilisaient ?
Y a-t-il un sifflet neuf
dans la bouche de l'arbitre le dimanche,
si jamais c'était le sien ?
Des timbres imprimés
dans des pays du monde entier, grands et petits,
que la pluie ici délave
et pâlit.
Un collectionneur est mort, je déduis.
Personne n'a voulu l'héritage
du vieux garçon.
Qu'est-ce qu'on débarrassera
de ma chambre
et éparpillera ici
quand je fermerai les yeux,
des papiers remplis de poèmes
que personne n'a lus et ne lit ,
Y aura-t-il aussi comme maintenant
un corbeau qui s'époumone
sur le baril percé de partout ?
Johannes Kühn (traduit de l'Allemand)
Huile sur toile : Daniel Bergagna
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