mercredi 20 août 2014

EN PROVENCE



















       COMME LE GRAND MEAULNES

                  EN PROVENCE.


-” Mais regarde ! Regarde entre les cyprès ...
Là ! Deux tours carrées, des fenêtres ouvertes. Allons, il y a de la vie au château !”


On arrivait par un petit chemin qui n’était pas goudronné. On passait devant la chapelle. Le chemin faisait un large détour, puis il décrivait un demi-cercle ... Cyprès. Vous débouchiez sur la façade et sur la porte d’entrée.

De l’autre côté du château, il y avait un grand bassin rond.

C’était un bassin d’irrigation, mais des poissons dorés y nageaient en quantité. À l’occasion, on s’y baignait, les jours de grande chaleur.






Des abords du bassin on découvrait une terrasse, puis les vignes, jusqu’à la Grande Bastide, où habitait le régisseur et où dormaient les fûts. On apercevait un bouquet de peupliers : Celui qui marquait l’emplacement du cours de l’Argens, puis des hangars, des avions, des pins. Le paysage se relève ensuite, amorçant le massif en haut duquel La Garde-Freinet veille sur le golfe de Saint-Tropez. À gauche, on sait qu’il y a Saint-Raphaël.








Le marquis de X. est un homme solide et digne. On l’imaginait fort bien Colonel dans un régiment de Cuirassiers. Courtois, affable, il était par ailleurs très discret, parlait peu et jamais de lui. Je crois me souvenir qu’il était invalide d’un bras : blessure de guerre, dont je ne l’entendis jamais parler, ni pour s’en plaindre, ni pour s’en glorifier. Nous ayant accompagnés auprès de Madame la Marquise, il arrivait qu’il nous quittât pour s’enfermer dans sa bibliothèque. Un jour, tout au plus, j’aperçus par la porte entrebâillée le large bureau et les interminables rayons de livres reliés, dorés, armoriés. Il y avait là un véritable trésor qui devait, pour moi, demeurer un mystère, avec tous ses attraits. Le mystère constitue le sacré, il vaut mieux ne point l’avoir pénétré.








Madame la Marquise devait avoir la cinquantaine à cette époque là. C’était une femme de grande allure, de grande classe, simple, charmante, noble naturellement. Elle avait une forte poitrine, ayant eu de nombreux enfants.


Au château, mes pieds foulent les mêmes tapis que foulaient, je le savais, ceux qui portaient les plus grands noms de France et leurs alliés : Ils étaient passés par là. Ils passeraient par là : les Bourbon, Bourbon-Parme, Bourbon-Sicile, les de La Tour du Pin. Comment cela n’aurait-il pas alimenté mes rêves ? À dix-huit ans, on fréquente le Capitaine Fracasse et les Trois Mousquetaires …






J’étais le garçon qui grimpait à bicyclette jusqu’à l’abbaye du Thoronet, celui qui jouait à “saute-vignes”, celui qui dévalait dans l’ivresse du soleil et du vent. 

Rêver ? ... Est-ce que je rêvais ?


J’aimais. Qui est-ce que j’aimais ?... Mais l’amour a-t-il besoin de se préciser en un objet ? L’amour est un état auquel tout concourt et qui embrase tout. J’aimais, voilà tout …







Le Marquis avait cinq filles. Trois étaient plus âgées que moi. Je devais être amoureux des trois, mais aussi bien j’étais amoureux des deux plus jeunes, du château, de la plaine, de la vallée, des cyprès et des peupliers, des odeurs des cistes et de la lumière.
  Pourtant, je dois l’avouer, j’étais attiré par la seconde, qui aurait été bien étonnée si elle l’avait appris ! Je portais dans mon cœur son prénom comme quelque chose de très précieux et de très secret. Je n’ai jamais pensé à autre chose qu’à conserver son image. Encore, celle-ci n’était pas séparable de ce qui l’accompagnait. À cet âge, c’est l’univers que l’on aime! Sans rien en séparer !
















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