mercredi 13 août 2014

LE CIMETIÈRE MARIN

















LE CIMETIÈRE MARIN

      PAUL VALÉRY



Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !







Quel pur travail de fins éclairs consume
Maint diamant d’imperceptible écume,
Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l’abîme un soleil se repose,
Ouvrages purs d’une éternelle cause,
Le temps scintille et le songe est savoir.





Stable trésor, temple simple à Minerve,
Masse de calme, et visible réserve,
Eau sourcilleuse, Œil qui gardes en toi
Tant de sommeil sous un voile de flamme,
Ô mon silence !... Édifice dans l’âme ,
Mais comble d’or aux mille tuiles, Toit !


Temple du Temps, qu’un seul soupir résume,
À ce point pur je monte et m’accoutume,
Tout entouré de mon regard marin ;
Et comme aux dieux mon offrande suprême,
La scintillation sereine sème
Sur l’altitude un dédain souverain.






Comme le fruit se fond en jouissance,
Comme en délice il change son absence
Dans une bouche où sa forme se meurt,
Je hume ici ma future fumée,
Et le ciel chante à l’âme consumée
Le changement des rives en rumeur.

                            …/…


…  « Quant au contenu du poème, il est fait de souvenirs de ma ville natale. C’est à peu près le seul de mes poèmes où j’aie mis quelque chose de ma propre vie.
Ce cimetière existe. Il domine la mer sur laquelle on voit les colombes, c’est-à-dire les barques des pêcheurs, errer, picorer … Ce mot a scandalisé. Les marins disent d’un navire qui plonge de l ‘avant dans la lame, qu’il pique du nez. L’image est analogue. Elle s’impose à qui a vu la chose. »
                      

        (Entretiens avec Paul Valéry – Frédéric Lefèvre)




   Tombeau de Paul Valéry dans le cimetière marin de Sète.




                - Il existe si bien ce cimetière « marin », que j’en ai gravi les pentes, en pèlerinage … Paul Valéry y est lui-même inhumé et j’ai voulu retrouver les sensations qui ont donné naissance à ce pur joyau d’orfèvrerie : Poésie limée, polie … Diamants taillés, sertis … Seul Mallarmé, sans doute ?... Mais Mallarmé m’est plus énigmatique ! …

Ce poème, à mon sens, est celui qui donne de la façon la plus parfaite l’idée d’une ambiance née des paysages méditerranéens au soleil du mois d’août … Il faut le lire et le relire en entier … Mais il est trop long pour que je vous l’offre aujourd’hui dans son intégralité …







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                                                                                        Gérard Stricher - Huile sur toile.

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