dimanche 26 octobre 2014

UNE ÎLE DANS L'OCÉAN PACIFIQUE






TANNA





































La piste se trouve à Lénakel, près de l’océan, au milieu des papayers et des cocotiers, inévitablement. Elle est un peu plus longue que celle d’Erromango, mais elle n’est pas plus large ! L’avion arrête sa course : Un petit groupe nous attend. Il y a là, la voiture du « délégué » français, dont le chauffeur est venu me chercher. La voiture du « trader » voisin est là aussi, apportant je ne sais quoi, chargeant je ne sais quelles marchandises. Le « trader » s’appelle Bob … Bob Paul. C’est un Australien, grand, svelte et blond, assez jeune encore et la mine avenante. Il deviendra mon ami.
Savez-vous ce que c’est qu’un « trader » ? – C’est en quelque sorte un pionnier, un européen venu de pays lointains pour commercer. Il s’est implanté là. Il achète du coprah pour le revendre, il achète du café en grains, des patates douces, des tarots et des ignames ; il a peut-être acheté du bois de santal, quand il y en avait encore. Il vend de tout, dans une baraque en bois : Cuvettes, sabres d’abattage, tissus, farine, corned-beef, sel, pétrole lampant, essence, éventuellement des clous, des tôles ou des hameçons pour la pêche, du fil de fer pour les clôtures, des sacs, des pelotes de ficelle … Souvent il demeure tout à côté de son « store ». Ses enfants blonds courent et grimpent aux cocotiers. Son épouse tient sa maison et la caisse du magasin. Il possède peut-être du bétail, attrape les veaux au lasso, comme les cow-boys du Far-West, les renverse sur le sol et les marque au fer rouge. Certains vendent de l’alcool et les indigènes en sont gourmands. Peut-être, de temps à autre, se sont-ils payé en échangeant une dette contre un terrain : C’est arrivé. Le trader a la vie dure et il est  souvent la cible de toutes les adversités, celles des blancs comme celles des Mélanésiens. Il n’est pas fonctionnaire, lui et il doit gagner sa vie pour envoyer ses enfants poursuivre des études au loin ! La plupart du temps, il considère qu’il est « chez lui », il défend « son droit » ! … Après tout, il a payé son terrain et sa maison et, dans son jardin, il a « planté » son âme ! Plus tard, j’apprendrai que Bob a répandu, les cendres de l’un de ses enfants dans le cratère du volcan ! ces îles, c’est sa chair, c’est sa vie. C’est là que bat son pouls. Tous les « traders » ne sont pas des forbans … Bob a des parts dans la société propriétaire de l’avion et des projets de développement du tourisme. Déjà il promène les visiteurs jusqu’au cratère du volcan pour leur faire découvrir les mystères et  l’horreur du mont Yasour, autrement appelé Yahvé rien que ça, depuis que les missionnaires ont tenté d’introduire les Écritures bibliques ! Le volcan est sage, d’habitude. Il est classé parmi les volcans de type strombolien, c’est à dire qu’il se manifeste par des éruptions gazeuses, plus que par des coulées de lave. Il est actif en permanence, avec, épisodiquement, des actes paroxystiques. Son cratère est très accessible : Le cône ne s’élève qu’à quatre cents mètres au-dessus du niveau de la mer. Tout autour s’étend une plaine de cendres désolées. Au centre de cette plaine, telle une gemme, brille de tous ses bleus et de tous ses jaunes, un lac, que l’on appelle le lac Siwi. Parfois tombent des bombes volcaniques ardentes et parfois le cône rugit, éructe, gronde, s’illumine de milliers de jets d’étincelles : Spectacle de nuit inoubliable ! La terre tremble. Elle tremble souvent à Tanna et la roche laisse échapper des bouffées de vapeur, issues de blessures dont les lèvres sont teintées de souffre natif. Les voitures peuvent rouler jusqu’au pied du cône. En quinze minutes de marche on est au bord du gouffre. Le regard plonge au fond de la terre, jusqu’aux forges rougeoyantes.  Là est le nombril du monde : la porte par laquelle la terre entière et la mer sont sortis,. Là est le domaine des dieux et des génies, des morts, des ancêtres et des hommes à venir!































Alors, vous pensez … Quand Haroun Tazieff est arrivé …   

Il est venu, le célèbre vulcanologue. Il était accompagné de toute une équipe et parmi eux, des Mélanésiens pour lui servir de guides. Il a planté son bivouac chez le médecin français de White-Sand non loin du volcan. Là, il a passé la nuit. La nuit ? – Pendant qu’il soupait, ses équipiers chantaient et buvaient avec le personnel de l’hôpital. On racontait des histoires. On était gai. On cherchait à se flatter, à montrer son importance . On disait ses exploits et ceux du savant … Ceux du « sorcier » :
- « Et puis quand il descend dans le cratère, tout au fond, nous emportons des flacons. Il attrape les génies du feu, les mets dans les flacons, ferme avec des bouchons. On les emporte pour les observer et les faire parler. »
Ce sont les prélèvements que le vulcanologue effectue, prélèvements de matières, de gaz et de liquides. C’est vrai, les flacons, il les emporte pour les étudier dans son laboratoire …
Ah ! Bien oui ! … Les convives ont parlé ! Le lendemain matin, Haroun Tazieff et son équipe se rendent au volcan. Ils grimpent tout en haut, s’équipent de casques et de cordes. Le ciel est bleu, pur et la mer, que l’on voit vers Port-Résolution est bleue elle aussi, d’un bleu serein.   On  descend tout au fond, aisément somme toute. La respiration de la terre est calme, le souffle régulier, les émanations sont faibles : Les conditions idéales. On fait les prélèvements de la manière habituelle à ce genre d’expédition. On scelle les flacons. On remonte : La grimpée est moins aisée que la descente car l’intérieur du cratère est fait de cendres et de poussières. On arrive au sommet et là …
Là, on se trouve en face d’une troupe de natifs calmes, mais menaçants. Tous de sexe masculin, torses nus, un pagne autour de la taille, les cheveux en broussaille, quelques plumes sur la tête ou des bracelets autour des bras : Des guerriers, de toute évidence, et des guerriers déterminés.
« Enfermer les génies dans des flacons, les emporter hors du cratère ! Enfermer et emporter les dieux ! … Pas question :
« Nous avons encerclé le volcan. Vous n’en redescendrez qu’après avoir ramené les dieux et les génies chez eux ! »
Et le fait est, il faut bien se rendre à l’évidence, impossible de regagner la plaine !
Il faudra, pour sortir Tazieff et son équipe de ce pétrin-là, toute la persuasion des deux délégués, l’Anglais et le Français … accompagnés des milices armées des deux nationalités.







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un texte .... BONNE LECTURE !


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