vendredi 13 novembre 2015

LES BÊTES À BON DIEU ...


LES BÊTES À BON DIEU










En France aussi, certaines années et en certaines régions, s’abattent les criquets. Mais toutefois, en Oléron, on n’en a jamais vu … Qu’est ce donc que cette histoire d’insectes que je me propose de vous raconter ? – C’est une histoire tout à fait vraie … Et qui s’est passée dans l’île d’Oléron, il n’y a pas si longtemps.

Oh ! Je sais bien que beaucoup d’entre vous auront du mal à me croire … Pourtant … Et j’étais à la plage, du côté de Plaisance, quand cela a commencé … À la plage … Le cul sur le sable, comme il convient.








Je regardais deux céréaliers, en face, au loin et qui manoeuvraient pour s’approcher du môle d’escale de La Pallice. Il y avait aussi pas mal de voiles hautes devant le fort Boyard et deux ou trois voiles de dériveurs, beaucoup plus proches. Il y avait aussi, tout près de nous, un jeune homme qui sautait les vagues, manoeuvrant un grand cerf-volant rouge et blanc qui le tractait : Ah ! Combien j’enviais celui-là ! Du temps où j’avais son âge, ce genre de sport était inconnu … J’aurais aimé … Ah ! Courir comme un centaure !

Quelque chose qui percute ma joue droite, léger : Quelque chose qui vit : Un geste brusque de la main : Une bestiole tombe dans le sable, à côté de mon genou … Une coccinelle ! La pauvre bête rampait comme elle le pouvait, une élytre en bannière, tordue sur le dos. Vous vous rendez compte : Une bête à Bon Dieu … Sur la plage !










Ah bien oui … Sur la plage ! … Mais c’est qu’il y en avait partout des coccinelles ! Ces petites bêtes au vif éclat, rouge pointillé de noir étaient arrivées de je ne sais où. Elles s’abattaient sur le sable : C’était un peuple entier de bêtes à Bon Dieu qui grouillait partout maintenant, les élytres écartées, les ailes vibrantes. D’où venues ? – Qui aurait pu le dire ? Et, bien évidemment, je songeais aux sauterelles de la plaine du Souss : Je ne savais pas que les coccinelles émigraient comme les criquets : Moins voraces car ces insectes sont carnivores et se nourrissent essentiellement des larves des pucerons : Aucun dégât n’était à craindre ni pour les cultures ni pour les jardins. Mais combien nombreuses ! La procédure d’atterrissage est la même pour toutes : Dès qu’elles ont touché la piste, elles replient leurs ailes transparentes, réajustent les volets de leurs élytres et, se présentant alors sous l’aspect d’une pierre précieuse à allure de rubis et à tête noire, elles entreprennent un parcours éperdu qui doit les mener où ?














Certaines atterrissaient sur mon cou, d’autres dans mes oreilles, d’autres encore pénétraient sous ma chemise …   Une invasion de coccinelles ? …. Mourraient-elles ici ou bien repartiraient-elles pour quelque destination plus lointaine ? – Revenant chez moi à bicyclette j’ai pu constater qu’il y en avait partout, dans les champs, dans le village et dans mon jardin … Et dire que, trois jours avant, j’avais payé très cher quatre ou cinq larves de coccinelles à la jardinerie de Saint-Pierre pour essayer de détruire les pucerons qui envahissaient mes rosiers !










J’aurais peut-être dû essayer de faire des you-you, comme les femmes de la vallée du Souss … Je ne sais pas, moi, peut-être qu’en tapant avec des cuillères en bois sur des casseroles … Peut-être que cela aurait empêché les coccinelles de se poser chez nous ? … Et pourquoi, me répondrez-vous … Et vous aurez bien raison … Pourquoi empêcher les bêtes à Bon Dieu de se poser chez nous ?  … Le lendemain matin, il n’y avait plus rien : Tout avait disparu … Seul le Bon Dieu pourrait me dire ce que les coccinelles étaient devenues !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire