mercredi 11 novembre 2015

OLÉRONNADES








                             OLERONNADES,

                             de Michel Savatier





(Réflexions sur une île en perte d’identité.)







                             ÉDITIONS "LE CROÎT-VIF - 2; RUELLE DE L'HOSPICE - 17001-SAINTES






Michel Savatier est-il un auteur sérieux ?  On est 

parfois tenté de s’interroger à ce sujet. Il est vrai 


qu’il vit une partie du temps dans le Midi. Ce qui 

explique peut-être que ses Oleronnades riment 

souvent avec galéjades. On ne s’en plaint pas, 

d’ailleurs.

Dans l’oeillet d’oleron et le lys du japon, il 

évoquait ses ancêtres herborisant sur les 

dunes.Quand oleron était une île raconte surtout 

ses souvenirs d’enfance, avec, pour jeu préféré, la 

pêche, toutes les pêches, y compris celles dans les 

fameuses écluses à poisson. Il nous décrivait 

aussi un grand-oncle se rasant avec un coupe-

chou. C’était attendrissant.

L’enfance est encore présente dans Oleronnades. 

En partie seulement. Refusant de se cantonner 

dans un seul genre, chapitre après chapitre, notre 

narrateur sautille d’un registre à l’autre, passant 

du conte à la sottie (mot ancien qui vient de sot), 

de la fantaisie historique délirante ( un genre qu’il 

pourrait bien avoir inventé) au récit dramatique 

qui donne des frissons. Comme il est en même 

temps visionnaire et naturellement poète, on le 

suit, charmés, mais tout de même secoués et 

ballottés comme sur ces voiliers de jadis sur 

lesquels il nous emmène savourer les tempêtes du 

Cap Horn (grand voyageur, il adore le Cap Horn). 

Il met aussi en scène l’abbé Pierre-Marie Kieffer au 

temps où il était curé de Saint-Pierre. On doit à 

l’abbé Kieffer la création du musée Aliénor 

d’Aquitaine qui est devenu le Musée de l’île 

d’Oléron.

On le trouve ensuite sur les plages de l’île, 

contemplant l’infini en solitaire et humant le vent 

du large. Il y ramasse des os de seiche qui ont 

rétréci, et constate (comme c’est bizarre !) que 

certaines espèces ont disparu. Romantique, il joue 

avec les mouettes et les goélands (lui, au moins, 

fait la différence !) et, avant d’offrir un bouquet de 

roses à sa bien-aimée, s’émerveille longuement de 

la cétoine dorée posée sur l’une d’elles.


Ne nous y trompons pas pourtant ! Michel 

Savatier n’est pas toujours le doux rêveur 

inoffensif que l’on pourrait croire. Il est juste assez 

sérieux pour signaler en passant les dangers qui 

guettent son île, comme la création d’un complexe 

balnéaire de béton auquel elle a échappé de 

justesse. Sans cesser de badiner, il souligne une 

certaine perte d’identité qui serait due, entre 

autres, à la prolifération de résidences secondaires 

sans caractère et autres « terrains de loisir ». 

            Mine de rien, il informe le monde que le 

tiers des terres de l’île est en dessous du niveau de 

la mer, et que l’océan qui ronge la côte pourrait 

aussi prendre ses aises de ce côté-là. Il y aurait 

peut-être quelques précautions à prendre pour 

tenter de l’éviter.


« À bon entendeur, salut ! », nous dit cet 

amoureux d’Oléron.

                                                            M.P.

        La Plume des Fadets  (Juin 2015)
       (Reproduit avec l’autorisation de l’auteur)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire