C'était en 1953, je crois ... En septembre 1953 ...
Dans l'île d'Oléron, treize compagnons partaient ensemble pour une partie de
pêche nocturne ...
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Fou
Fou le cheval noir
Battant l’air des deux pieds
Fou le cheval noir
Fou le cheval noir
Les naseaux ensanglantés
Ses yeux sont verts
Du vert des feux-follets
L’océan est noir
Écume noire aux grèves d’ardoise
dure
Le cheval court sur le sable noir
Et le vent s’est étouffé
Qu’attends-tu
Qu’attends-tu
Le cheval court vers le village
Qu’attends-tu dans la nuit noire
C’est le cheval du malheur
Qu’attends-tu dans la nuit noire
L’entends-tu
L’entends-tu
Chant 4
O mon amour !
Mon amour, mon amour
Amour de mes yeux
Amour de mes papilles
De mes mains
Amour de mes oreilles
Amour de ma peau
Amour de mes cuisses
Amour de mon ventre
Amour
Amour
Amour de mes instants
Que rythment l’horloge
Les battements de mon cœur
Tic tac
Tic tac
Tic tac
Les mouvements de la mer
Et que faire maintenant
Que faire de mes yeux
Que faire de mes papilles
Que faire de mes mains
De mes oreilles
Que faire de ma peau
De mes cuisses
Que faire de mon ventre
Que faire de l’horloge
Des battements de mon cœur
Des mouvements de la mer
Que faire de la houle
Des marées
Hautes
basses
hautes et puis basses
Que faire du sable
Que faire de l’eau salée
Que faire du souvenir
Souvenir mouillé
Inerte
froid
O mon amour
Mon amour
Mon amour
Que faire de la vie
Chant 5
Huit septembre à minuit
La marée remonte
Qu’attends-tu sous la lampe
Dans ce silence de malheur
Qu’attends-tu sous la lampe
Qu’attends-tu
Treize sont partis
Douze à minuit
Entreront dans la nuit
Fou
Fou le cheval noir
Battant l’air des deux pieds
Fou le cheval noir
L’océan est aveugle et sourd
Fou le cheval noir
Les naseaux ensanglantés
Ses yeux sont verts
Du vert des feux-follets
Treize sont partis
Compagnons
Treize qui chantaient
le huit septembre dans le soir
tombé
Chant 6
Douceur
O douceur
Tiédeur
Tiédeur des chairs humides
Pas même un frisson
Les feux qui s’éteignent
Étoiles phares lanternes et falots
Rouges verts ou blancs
Fixes ou mouvants
Clignotants
Scintillants
Lénifiante douceur de la mer en
gésine
L’air qui s’endort
Cœur qui bat
Cœur
Cœur
Cœur
Le cœur d’un bateau tout près
Ou bien très loin
Tacata tacata tacata
Continu
Régulier
Tacata tacata tacata
Cœur cœur cœur désorienté
Cœur
Tac tac tacata tac
Tac
Mon cœur affolé
Soudain dans le brouillard épais
Mon cœur
Mon corps
Mes yeux
Et mon âme qui ne sait où aller
Huit septembre à minuit marée
montante
Treize sont partis
Un seul reviendra
Chant 7
Fou le cheval
Les naseaux ensanglantés
Ses yeux sont verts
Du vert des feux-follets
Entends-tu
Entends-tu
Crissant sur le pavé
Les roues cerclées d’acier
Cloche du clocher
Combien de coups faut-il sonner
Saint Michel lavera sa chemise
Avec du bleu de lessive
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