LE BANIAN
C’est un figuier paraît-il ...
Justement il n’y paraît pas
Absolument pas
Et surtout il ne donne pas de figues
Tout d’abord on ne s’aperçoit même pas qu’il est là
Une graine germe
Apportée par un oiseau
A l’aisselle humide de la branche
D’un arbre quelconque
Le banian commence par coloniser son support
Tout vivant
Silencieux il lance une racine
Puis une autre
O ! des racines très grêles pour débuter
Et d’ailleurs il ne les allonge que lorsque vous
battez des paupières
Puis elles font des enroulements
Des cascades de racines comme des noeuds de
Serpents
Des serpents qui se révèlent appartenir aux plus
grosses espèces
Serpents pythons anacondas ou boas constrictors
Ou bien ce sont les tentacules d’ignobles
Mollusques
Immobiles
Immobiles croyez-vous ?
Une ou deux tiges ont poussé
Autres feuilles discrètes
A peine les distingue-t-on
Le banian s’installe
On ne le délogera plus
Il phagocytera son tuteur
L’étouffera
L’étranglera
On l’appelle aussi le figuier étrangleur !
Silencieusement
Lentement ...
Lentement ?
A quelle échelle du temps ?
Cachez vos yeux
Comptez
Comptez ...
Vous pouvez vous retourner maintenant
Pendant que vous comptiez le banian
a lancé une lourde branche à l’horizontale
Comptez encore
Il en a profité pour lancer de la branche vers le sol
une tresse de racines adventives
Souples d’abord comme des câbles
Puis elles deviennent des troncs nouveaux
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