UNE SI LONGUE
ABSENCE
Pour aimer les fleurs
Vraiment
Il faut les avoir vu faner
Puis sur les mêmes tiges
En voir d'autres s'éveiller
Mais toi, voyageur
Si la fleur éclose
N'est jamais la même
De quoi te plains-tu ?
En un si long voyage
Jamais la même aurore
Après semblable nuit
Les blés moissonnés
N'ont jamais repoussé
La feuille tombée
N'a pas été remplacée
En un voyage au si long cours
Tant de soleils ont brillé
Tant d'étoiles ont glissé
Les visages rencontrés
N'étaient jamais les mêmes
As-tu pris le temps d'un arrêt
Pour mûrir
Une amitié ?
On dit adieu
Souvent
À ceux qu'on aurait pu aimer
Adieu
Sans prendre le temps
De mûrir un bonjour
En un voyage au si long cours
Le bateau qui appareillait
Ne revenait jamais
Et celui qui rentrait
N'était jamais celui qu'on avait vu partir
On n'a pas vu vieillir les filles
Les vieillards
On ne les a pas vu mourir
Sourires de Bangkok
Et frangipaniers
Saris de Kandi
Et fleurs du lotus
Femmes de Komono
Fleurs du balisier
Matins froids du Québec
Lourdes pluies du Laos
Dans ma mémoire le volcan
ne se calmera jamais
Le cyclone n'aura point de fin
Le Mékong coulera
Toujours large et boueux
La Loire restera épuisée
Et le Congo
Couvert de jacinthes
Et passe le temps ...
Me voici revenu
Flots froids de mon enfance
Pins secs
Sables veloutés
Et la blanche maison
Tout près du vieux clocher ...
"C'est toi, René
Et ta femme Marie ?
Comme ta fille lui ressemble
À la Marie d'autrefois ! "
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