Santiago du Chili
Voyage sur une autre planète.
Si je vous dis
que j’étais au Chili, sans doute vous imaginerez-vous un cadre : Peut-être
bien des guanacos, cousins des lamas , peut-être qu’une chanson vous reviendra en mémoire ; « Nous
irons à Valparaiso … » Quoi
de plus ?
Eh bien
non : Je ne reviens pas du Chili. J’ai plutôt l’impression de revenir d’une exo-planète …
Laquelle? – Je ne saurais le
dire. En tout cas, ce doit être
une planète très lointaine, très, très lointaine.
L’avion qui
m’emportait avait commencé par se poser à l’île de Pâques : Cratère
volcanique, roches rouges, falaises … Et les Moaïs ! … Non loin de
l’aérogare, un groupe de cinq ou six Moaïs énigmatiques … Statues de pierre
coiffées d’une sorte de gâteau … de pierre ! L’aérogare ? … Une
hutte, pas plus. Juste à côté, l’homme-oiseau était présent sur une énorme
roche : Incongru car façonné en ciment brut. Une autre hutte : une
vieille femme derrière une planche servant d’éventaire vendait … Deux
éclats de lapis-lazuli et un morceau d’obsidienne ! Océan vert
sombre, comme certaines émeraudes. Une demi-heure d’escale : Peu de signes
de vie, végétale, animale ou humaine … Un autre univers !
Les moaïs de l'île de Pâques
Passage à
Santiago … Chansons de marins, encore « Oh hisse Eho ! » … Hôtel vieillot, derrière la
colline que l’on appelle Cierro Santa Lucia, je crois. Murs tapissés de velours
rouge, pâli et poussiéreux … Les
statues des saints, dans la cathédrale, sont habillées à la mode d’autrefois …
Le palais de la Moneda ne garde aucune trace des combats qui ont eu lieu ici.
Une statue monumentale de la Vierge étend des bras protecteurs sur la ville …
Sur la Place d’Armes, il y a un kiosque à musique … Tous les soirs s’y
installent des joueurs d’échecs muets à force de concentration.
Survol de la
Cordillère : Neige, neige, neige … Les pointes de quelques cônes
volcaniques percent les nuages, quelques-uns fumants. Arrivée sur l’aérodrome
de Puerto Montt.
-
« Francès ?
… « - On m’avait pris pour un Américain des U.S.A. … Ici, on
semble ne pas aimer beaucoup les Américains !
Puerto-Montt - J’y reviendrai.
Punta
Arenas … Le pied d’un volcan … Il s’appelle Osorno … Il y a beaucoup, de
volcans au Chili : « La ceinture de feu du Pacifique » … L’île
de Chiloe … Un jardin que, chez nous, on appellerait un mail : Un berger
de bronze conduit des moutons de même métal … Souvenir ! Beaucoup de
plaques de bronze : En hommage à Magellan, en hommage aux immigrants qui
vinrent ici pour y faire fortune … La Plupart d’entre eux venus de Yougoslavie
… Dans le cimetière, tombeaux de marbre majestueux et statue de
« l’Indiencito », Le dernier des indiens Onas décimés par
l’alcool, la maladie et les fusils …
Embarquement
sur le « Tierra Australis ». On appareillera demain matin … Autre
planète ! Le canal de Magellan, puis le canal de Beaggle … Pas de vent,
temps gris, ciel gris, eau grise, falaises grises … On n’entend même pas les
machines ; Monté sur le pont, on a l’impression d’être sur un tapis
volant : Voler à cinq ou six mètres de hauteur, sans un ca hot… Planer. Monde minéral, exclusivement …
Multiples bras du canal … Glaciers, glaçons bleus, qui hochent et se dandinent
… Les passagers ? – Y a-t-il d’autres passagers que moi ? - Quelques-uns … Une centaine
probablement … Je les rencontre au moment des repas … Des ombres ou des
automates ? – Je me réfugie dans ma cabine : À travers le hublot je
n’aperçois que des roches : Roches grises, falaises grises, ciel d’étain,
mer de plomb. Pas une fumée, pas un toit. Pas un oiseau, pas un mammifère
marin. Pas un bruit ! … La carcasse d’un cargo, échouée sur un bac de
roches … des balises …
Ushuaïa,
Argentine : Je n’en dirai que peu de choses, ce nom s’est chargé de trop de
rêves ! Ancien pénitencier, navires russes de chasse à la baleine, plaques de bronze à la mémoire de ceux
qui ont péri pendant la guerre des Malouines. Une exposition de photos en
mémoire des Indiens Onas et Alakalufs … Fleurs de lupins et amoncellements de
coquilles de moules vides. Arbres coupés, souches à hauteur d’homme.
Impression, toujours, de vide !
Puerto
Toro : Quelques maisons sur pilotis : On pense à des containers de
transport maritime. Sous les maisons, bûches bien empilées : La réserve pour
l’hiver ! … Que peut-il donc bien y avoir à faire à Puerto Toro, sinon
couper du bois pour l’hiver ? Peu d’êtres vivants … Un vieil aviso de
l’Armada du Chili, amarré de câbles qui lui font des pattes d’araignée. Une
« place du village » sur laquelle on a installé une poutre de bois en
guise de balançoire : Il doit y avoir des enfants quelque part …
Les femmes se trouvent dans la
cahute où l’on distribue les marchandises qui viennent d’arriver pour les fêtes
de Noël : Saucisses et légumes.
En
souvenir, je ramasse un éclat de roche : Cristal.
Retour
à bord … Deux Canadiennes que je connais vaguement pour les retrouver à table.
Elles ne parlent pas du tout le Français … Elles sont Hongroises d’origine …
Elles s’expriment en Anglais.
L’une d’elles est médecin, je
crois le comprendre . L’autre … Eh bien, l’autre, est sympathique : Je lui
montre le morceau de cristal de roche que j’ai rapporté … Elle m’entraîne dans
sa cabine pour me montrer, au sein de sa valise remplie de chemises de soie et
de petites culottes …. Un bloc de cristal de roche qu’elle a, elle même,
rapporté en guise de souvenir !
Punta
Arenas : Les deux « canadiennes » s’en vont faire une excursion
au pied du volcan Osorno. Je dors. Je dors à mon hôtel, « Los
navigantès », je crois … J’ai choisi
de faire la même excursion … Mais le lendemain … Car je commence à trouver les
deux Canadiennes un peu « collantes » …
Le
lendemain … Ah Le lendemain ! … J’ai bien fait l’excursion, mais il
pleuvait sans doute autant que lorsque Noë lança son arche ! … Pendant
toute la journée nous avons roulé sans
rien apercevoir à travers les vitres de l’autobus … Mais une pluie ! …
Pourtant, je savais qu’il y avait là des lacs superbes, avec des flamants roses
sur leurs berges … Je savais qu’il avait des araucarias … Je savais qu’il y
avait, à Pétrohué où nous passions, des chutes d’eau extraordinaires …
Je
n’ai jamais revu mes deux « Canadiennes », donc elles n’ont pas pu me
raconter ce qu’elles avaient vu de l’Araucanie » !
Valparaiso ?
– Ah ! Valparaiso ! … Le port, les rues dont les trottoirs servent
d’éventaires à la brocante … Les funiculaires bringuebalants qui m’emmènent
dans les favelas ! ….
…
« Nous irons à Valparaiso … Hurrah, pour Mexico … Oh, Oh, Oh ! »
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