mardi 22 décembre 2015

LES SEYCHELLES




LES SEYCHELLES











« ON RACONTE ENCORE, SIRE, Ô ROI BIENHEUREUX, QUE SINDBAD DE LA MER, À LA VUE DU GIGANTESQUE OISEAU, SE RAPPELA UN RÉCIT QUE LUI AVAIENT FAIT JADIS DES VOYAGEURS ET SELON LEQUEL IL EXISTAIT SUR CERTAINES ÎLES, UN OISEAU NOMMÉ ROKH, TELLEMENT ÉNORME QU’IL POUVAIT SOULEVER UN ÉLÉPHANT ET NOURRIR SES PETITS DE SA CHAIR. »






LE GRANIT





                      J’ai parlé d’un bloc de granit rose, rayé d’une bande de noir profond. Celui-là se trouve dans mon jardin, au bout d’une allée. Il vient de Praslin, une des îles Seychelles, située à dix heures de vol de Paris. Je ne sais pas pourquoi, j’avais imaginé que le granit était une roche éruptive. En fait, c’est un agglomérat. Aux Seychelles, la roche se présente souvent sous l’aspect de hautes falaises ou de glacis. C’est d’ailleurs ce dernier mot que l’on utilise pour la désigner. Mais, comme d’ailleurs en Bretagne, le granit forme ici ou là, de grosses boules.

Avec un peu de recul, et compte tenu de leur couleur, on croirait des éléphants couchés : Soit ils se sont arrêtés à mi-pente des montagnes, soit ils se vautrent dans l’eau, au bord des plages blanches. La pluie les ride, les creuse, les ravine, on croirait parfois que les griffes des cyclopes en ont rayé le cuir.













Des millions d’années ont façonné ces énormes blocs de granit et il arrive que d’énormes tortues, d’immenses sauriens, de monstrueux oiseaux ou d’improbables dragons, des navires entiers ou des baleinoptères se trouvent juchés en équilibre surprenant, tout en haut d’amas de roches vertigineux. Des millions d’années et des avalanches de pluies les ont écorchés, meulés, striés et les cristaux de feldspath sont descendus vers la mer : Le sable est de cristal. Sous l’effet de quelles pressions géologiques, sous l’effet de quelles températures ces roches se sont-elles formées, et qui me dira l’origine de ces stries, de ces veines noires, luisantes, que l’on trouve quand on fait éclater la roche ?





















                Ah ! Que l’on cesse de faire éclater la roche ! Que l’on cesse de décimer ces innombrables troupeaux de pachydermes dormant là depuis les origines de la planète ! Qu’on nous laisse rêver, bergers de ces colosses immobiles.

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