dimanche 15 mai 2016

TOKYO ...




TOKYO











           Arrivée de nuit, aéroport de Narita. Brouhaha dans les couloirs, dans les salles, devant les guichets … Il fait nuit. Taxi : Le G.P.S. permet au chauffeur de repérer l’hôtel. Trente kilomètres de nuit, entrecoupée de réverbères et de rares fenêtres d’usines ou entrepôts. Lumières clignotantes, vertes, rouges, blanches et jaunes. Des rues, la bordure d’un trottoir, l’hôtel, discret. Courbettes derrière le comptoir, sourires : Ils sont trois, Deux jeunes hommes et une femme, blazers à boutons dorés. Courbettes encore. Il faut remplir les fiches de police. Chambre petite … Toutes les chambres et tous les appartements sont petits, à Tokyo : Manque de place. Au  sol : tatamis … Se déchausser … L’hôtel fournit, chaque jour, une paire de mules en papier et une chemise de nuit : On peut en faire une collection ! … Le personnel ne parle pas un mot d’une langue autre que la sienne ! On essaiera de vous faire dire ce que vous voulez manger le lendemain matin : Poisson frit ou poisson à la vapeur ?

         Nous avons une semaine à passer à Tokyo. Renonçons à d’autres excursions : Pas le temps d’aller à Kyoto ou à Nara … Dommage, mais tant pis !











         





                   Plongée dans Tokyo, immersion, nous suivrons les foules. Ne pas oublier de se munir d’un plan : Tokyo, c’est grand ! Trente-deux millions d’habitants, cela dépasse l’entendement ! … Le plan doit être renseigné en Japonais, et la situation de l’hôtel repérée : Quand on est perdu, il suffit d’arrêter un taxi et de lui montrer le plan, mais si ce dernier est renseigné en Anglais ou en Français … Les Japonais ne parlent que le Japonais et ils ne lisent … Que les caractères japonais !

      Étrange : Dans les rues, je ne me suis jamais senti envahi par les automobiles. Il y en avait, bien sûr, mais pas de meutes comme à Bangkok, et pas de files de stationnement.











      -« Vous avez remarqué ? » – L’air est léger : Pour circuler en ville, tout véhicule doit être équipé de deux moteurs, dont l’un assure la dépollution. En un certain endroit, des rickshaws, comme au siècle dernier, promènent des touristes : Les coureurs qui  les tirent sont vêtus de collants noirs et portent un chapeau conique … Ce genre de chapeau que l’on connaît bien, en Europe, pour l’avoir vu toujours figurer dans les estampes d’autrefois.
             Des gratte-ciel, évidemment … Pourtant, je ne me suis jamais senti écrasé par leur hauteur, considérable, ni par leur nombre, aussi considérable … Du haut de la tour de l’hôtel de ville, on contemple un océan de gratte-ciel : Jusqu’à l’étourdissement !
              Je ne me suis même pas aperçu, au milieu de cette mer, que Tokyo est un port ! Nous voulions voir le Fuji-Yama, (c’est ainsi que l’on se fait des souvenirs, en les fondant sur nos rêves …). Pas de chance : Aujourd’hui, il est caché par les nuages.










              





            Déjeuner dans un restaurant typiquement japonais :Table basse, petits bols d’une soupe verte … Sushis, bien entendu ! Il paraît que c’est un des restaurants qui sert les meilleurs sushis … Baguettes de bois, jetables, bols de riz … Les sushis ont beau être à la mode … À Paris et dans toutes les villes d’Europe … Je ne courrai pas pour en manger : Ils ne sont pas mauvais, mais deux ou trois repas de sushis à la suite les uns des autres … Cela suffit : Trouver un restaurant où l’on sert du poulet : J’en ai trouvé un.

           Autoroutes, autostrades, viaducs de béton, virages et nœuds routiers … Nous roulons à hauteur des dixièmes étages, puis nous survolons un parc planté d’arbres millénaires et tourmentés. Sans bruit, presque en glissant : C’est comme dans une bande dessinée !

            Le palais impérial, ses forteresses et ses fossés … Un autre parc et ses pins taillés en bonzaïs. Nous repartons à pied. Les jardins et les parcs vous évitent l’oppression et vous n’avez jamais l’impression d’être perdu. La plupart des gens se déplacent à pied : Beaucoup de piétons, et vous remarquez déjà que les hommes vont ensemble, les femmes de leur côté. Les hommes, ils sont vêtus de façon très classique : pantalon noir, chemise blanche, veste croisée : Ils vont au bureau. Les femmes y vont aussi, vêtues de façon très classique également. Ils sont pressés, toujours … Et ils marchent à grands pas, sans flâner. Quand ils ne vont pas au bureau, les femmes comme les hommes vont au temple : Il y en a partout, des tout petits et des très grands … Aux carrefours des rues, sous des petits abris, dans les jardins publics … Des constructions de bois, avec des toits multiples superposés et cornus  … On s’y asperge le visage, on passe les mains dans les fumées d’encens d’un brasero, on salue, le corps cassé en deux, avec des bâtonnets fumants, coincés entre les deux mains jointes …  Psalmodies … On achète des plaquettes de bois peintes et on semble les utiliser comme on ferait avec des ex-voto. Il y a des lampions partout, et même des barils : Une centaine de barriques de bois, venant de France : Elles ont contenu du vin de très grands vignobles bourguignons … Cadeau pour l’investiture d’un Empereur. De l’autre côté de l’allée, on trouve des conteneurs d’alcool de riz, (pleins ou vides ?)










          Les Japonais sont disciplinés : on ne les voit jamais s’agiter, on ne les entend jamais hurler. Ils sont courtois, d’une courtoisie qui aurait pu leur être  enviée par un grand seigneur de la cour du roi Louis XIV !
           Je ne le savais pas, mais, à Tokyo, les cyclistes ont parfaitement le droit de rouler sur le trottoir … Que croyez vous qu’il arriva lorsque nous déambulions lentement, sans nous en faire, du côté de l’Université, vers le parc de Ueno ? … On se retourne, on jette un coup d’œil : Nous avions gêné une bonne douzaine de cyclistes qui arrivaient derrière nous … Ils nous avaient interpellés ? - Ils nous avaient critiqués, insultés peut-être ? – Que non ! pas du tout :  Ils avaient tous mis pied à terre et nous suivaient, poussant leurs cycles au rythme de notre pas, attendant une occasion de nous dépasser !
           Justement, le parc de Ueno … Parlons-en.
            Nous sommes au mois d’avril. On pourrait penser que tout Tokyo est dans la rue …Et Tokyo, vous savez que cela signifie trente deux millions d’habitants ! Une marée humaine … Tous se pressant jusqu’à l’entrée du parc de Ueno. Je sais que, dans ce parc, il y a un zoo, deux ou trois musées … Mais on m’a prévenu : Dans ce parc, il y a beaucoup de cerisiers … Et ce sont ces cerisiers qui attirent la foule : Depuis ce matin, ils sont fleuris ! La floraison des cerisiers, c’est une fête nationale : La fête du printemps, la fête du renouveau. La météo, depuis plus d’une semaine, diffuse les dates prévues pour la floraison des cerisiers, dans tout le pays. Aujourd’hui, c’est à Tokyo ! Cette fête s’appelle « hanami ». Depuis quelques jours déjà, des bâches bleues ont été étendues dans les allées, délimitant des « domaines privés » … Privés, le temps de la fête. Tous les cerisiers sont fleuris, effectivement et qu’est-ce qu’on fait ? – Rien de spécial : Sur les bâches, on fait la fête, on mange, on boit … On boit beaucoup ! Et cela va durer, va durer longtemps ! Mais sans cris, sans manifestations outrancières me semble-t-il. « Hanami », c’est la vie qui recommence ! 
                         





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