vendredi 18 janvier 2013

LES ÎLES DE LÉRINS





                                                                    
                                                                                Saint Honorat.


LES ÎLES DE LÉRINS


-   - «  Comment je les sais, toutes ces histoires que je raconte ? – Eh ! C’est comme la recette de la pissaladière, tenez : On se la transmet de mère en fille, de voisine à voisine, de commère à commère … Ces histoires, ça traverse les générations ! »

Mon ami Jean-Pierre était assis, déjà, au bout de la longue table recouverte d’une toile cirée. Il avait déjà le couteau et la fourchette en main. Sa femme avait sorti du four le plateau de cuisson, un long plateau qu’elle tenait devant elle. Elle avait son tablier blanc et protégeait ses mains de la chaleur avec des torchons à petits carreaux rouges et blancs.

-   - « Sentez-moi ça … Elle sent pas bon, ma pissaladière ? »

Ma foi, ça sentait l’oignon, l’huile d’olive et les anchois … C’était une odeur d’autrefois, venue du fond des temps. Jean-Pierre remplit son verre d’un vin de sa vigne, plus que blanc … Limpide.

La Marie continuait :

-   « Ce n’est pas une histoire que je vais vous raconter aujourd’hui … Ce n’est pas une histoire puisque c’est vrai … Oh ! ça se passait il y a bien longtemps : On m’a dit que c’était en l’année quatre cent dix, quatre cent dix ans après la naissance de Notre Seigneur Jésus Christ. Ce n’était pas loin d’ici, puisque c’était aux îles de Lérins, juste devant Cannes.

En ce temps-là, il y avait beaucoup de pèlerins et tout le monde avait la foi. On bâtissait beaucoup de monastères … Je suppose aussi que c’était, quand on se faisait moine ou religieuse … Je suppose que c’était un bon moyen, outre celui de sauver son âme … de sauver son corps aussi : Les famines étaient fréquentes et, dans un monastère, on trouvait toujours du lard, des choux et du poisson conservés dans les saloirs …

Bref, en l’an 410, deux pèlerins, de retour d’Extrème-Orient arrivent par bateau jusqu’aux îles de Lérins et s’établissent sur l’une d’entre elles, que l’on appelait alors Lérina. Ils bâtissent sept chapelles entourées de cellules monastiques. Le premier de ces deux religieux s’appelait Honorat et l’autre Caprais … On dit maintenant saint Honorat et saint Caprais, et l’île Lérina est connue sous le nom de Saint-Honorat. Le rayonnement de l’abbaye ainsi fondée devint si grand que l’on construisit sur Léro, l’île voisine un Prieuré pour accueillir plus de disciples. »

-   « Lérina et Léro … Je comprends bien que la première soit appelée Saint Honorat de nos jours, mais l’île voisine, Léro … Pourquoi l’appelle-t-on de nos jours l’île Sainte-Marguerite ? »

-   «  Ah ça ! C’est une tout autre histoire et je ne sais que penser : On n’a jamais rien trouvé, ni parchemin, ni capitulaire, rien qui puisse servir de preuve … On dit qu’Honorat avait une sœur, qui s’appelait Marguerite … Pourquoi pas ? – Mais après cette histoire devient étrange et je ne sais ce qu’il faut croire …

-   Vous avez lu les conteurs de la Renaissance ? … Les conteurs Italiens surtout : Leurs histoires sont remplies d’aventures plus ou moins graveleuses : Des abbesses qui font entrer dans leur cloître un jeune abbé et font tant et tant de gracieusetés avec lui qu’il est maigre comme un hareng, épuisé lorsqu’il parvient à s’échapper … Des religieuses que l’on dissimule sous une soutane d’abbé … Bon, n’y voyons pas de mal : La nature humaine est ce qu’elle est.

-   - «  Mais je ne vois pas pourquoi vous me racontez ça ! »

-   - « Ben …Marguerite était-elle vraiment la sœur d’Honorat ? … Toujours est-il qu’elle aimait tant celui-ci qu’elle voulut absolument se rapprocher de son « frère ». Elle lui demanda l’autorisation de construire un couvent sur l’île de Léro pour y installer une communauté de femmes : Ainsi ils pourraient se voir puisqu’ils s’aimaient tant … C’est là que je me montre un peu suspicieuse … Elle insistait tant que cela me fait réfléchir … Apparemment, Honorat était comme moi : Il ne répondit que prudemment : Il donna son accord, mais ce fut à la condition que l’on ne se verrait qu’au moment … de la floraison des amandiers !

-   Tu parles ! … L’histoire raconte qu’à partir de ce jour-là, sur L’île de Saint Honorat et sur l’île de Sainte Marguerite, les amandiers se mirent à fleurir chaque mois !... Ah ! En ce temps-là, il y en avait, des miracles ! Je crois que cette histoire vaut bien celles qui nous sont parvenues par l’intermédiaire des conteurs italiens de la Renaissance … Non ?

-   Toujours est-il que l’abbaye de Lérins devint l’une des plus puissantes de la Chrétienté occidentale : Elle était propriétaire de toute la contrée cannoise et bien au-delà.

-   Maintenant, il faut que vous alliez sur les îles : Le voyage en vaut la peine … Ces îles protégées sont de vrais petits paradis ! Et puis les moines cultivent des vignes qui fournissent des vins … Je ne vous dis que ça ! En dehors de la saison touristique, allez-y : Il n’y a presque personne, vous aurez toute tranquillité … Pour effeuiller la marguerite si bon vous semble !

                   Cette période du Ve et VIe siècle est dite « l'âge d'or » de Lérins puisque de très nombreux frères sont canonisés et donnèrent leur nom à des lieux qui étaient précédemment des lieux de culte celto-ligure : Saint Vincent le Lérins, Saint Hilaire, Saint Fauste, Saint Eucher de Lyon, Saint Salvien, Saint Leu, Saint Césaire, Saint Maxime, Saint Aygulfe, Saint Cassien et Saint Germain.( Site Cannes Select).
-    

– « Et maintenant, goûtez donc ma pissaladière, que le Jean-Pierre il est en train de s’empiffrer et qu’il n’en restera pas un morceau !» 

-                                                           *

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