mercredi 17 février 2016

AU MAROC EN 1939







AU MAROC

SUR

L’OCÉAN ATLANTIQUE

















« CELA FAISAIT VINGT-SEPT ANNÉES ET ILS N’AVAIENT PLUS D’ESPOIR DE ME REVOIR. AUSSI, LORSQUE JE REVINS ET QUE JE LEUR RACONTAI TOUT CE QUE J’AVAIS FAIT ET TOUT CE QUI M’ÉTAIT ARRIVÉ, ILS FURENT STUPÉFAITS … »

           (LES CONTES DES MILLE ET UNE NUITS )








LES PETITS CAILLOUX 


PERDUS




  






Je dois avoir douze ans. Avec notre mère, nous nous trouvons embarqués sur un cargo mixte dont je ne sais plus le nom. Nous sommes partis de Casablanca, si mes souvenirs sont bons. Le bateau doit faire escale à Mogador et nous conduire jusqu’à Agadir où mon père nous attend. C’est la guerre en Europe et l’on ne dispose ni d’automobile, ni d’essence pour faire ce long voyage par la route …

Il fait « un temps de curé » ! La mer est aussi calme qu’une mare d’huile. Aucun souffle de vent. Une chaleur à crever. Dans notre cabine, nous couchons dans des couchettes superposées : Bonne occasion pour chahuter, je fais tomber mon frère de la couchette supérieure, il se fend le cuir chevelu. Il saigne abondamment. Cela ne sera pas grave, mais on a dû lui bander la tête … pansement impressionnant !

Depuis quelques jours les adultes qui nous entourent, et particulièrement le commandant du navire, semblent inquiets : La cargaison s’est déplacée, mal arrimée par des dockers peu soigneux. Le bateau s’incline sur tribord ( tribord, c’est la droite m’a-t-on expliqué … Et pourquoi les marins ne parlent-ils pas comme tout le monde ?) Nous prenons de la gîte, de plus en plus de gîte …
































Chaleur écrasante, toujours pas de vent et pas une ride sur la mer. Le bateau se traîne. Il s’incline de plus en plus. Il a tellement de gîte que l’eau arrive juste au-dessous du plat-bord : La situation est sérieuse. Néanmoins, toujours à toute petite vitesse, nous parvenons à entrer dans le port : À quai, vite ! On décharge la cargaison, le plus vite possible, puis on la rechargera de façon plus stable. Ces opérations prennent plusieurs jours : Un quai en plein soleil, une voie ferrée rouillée, des grains de blé dispersé entre les rails … Occuper le temps : Pêche à la ligne au bout de la jetée … Jamais vu autant de poissons ! On est obligé de taper sur l’eau avec un bâton pour que l’hameçon ait le temps de couler : Il faut éloigner les petits sars pour que l’appât atteigne les profondeurs où sont les gros !
























Mogador est une ville fortifiée autrefois par les Portugais. Plus tard, elle s’appellera Essaouira (La bien dessinée), et deviendra une destination recherchée par les touristes fortunés.




-« Au loin, les îles Purpuraires ;
     En dessous, l’océan, en dégradés de couleurs …
     sardine argentée
     vert glauque
         rose saumoné
         jaune sablonneux
         et enfin panaché de blanc à la lisière des vagues, signature du vent.
       

       Je me pète la gueule à la force de l’intensité visuelle du spectacle,
       levant mon verre à l’infini salé : c’est la mer à boire. »

Jean Edern Hallier (Carnets inpudiques)

























Nous repartirons vers le port d’Agadir, dans lequel nous entrerons sans plus d’encombre …



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