vendredi 12 février 2016

LE JADE ET AUTRES BIJOUX D'OUTRE MER





 LE VANUATU 









    



Le jade est une pierre magique. Plus ou moins verte, plus ou moins claire, elle est très utilisée par les joailliers chinois. Ils la sculptent à merveille. Elle supporte toutes les incisions, toutes les gravures. Mais au Mexique aussi, on sculpte le jade depuis des siècles et des siècles.

Il apparaît que, dans la plupart des cas, les objets en jade sont dédiés aux Dieux ou aux plus hauts seigneurs, en Chine comme au Mexique.

Dans le lit des torrents du Vanuatu (Cet archipel, du temps où je m’y trouvais, s’appelait les Nouvelles-Hébrides et se trouvait sous une domination franco-britannique dont je ne connais pas d’équivalent dans le monde ni dans l’histoire ….) On trouvait du jade, sous forme de galets ronds d’une quinzaine de centimètres de diamètre. On en trouvait souvent. Je n’en ai ramené qu’un seul, lisse, pur, d’un vert étrange parce que très clair.
















Cette histoire se déroule dans l’île de Malikolo. Vous pouvez aussi l’appeler Malekula, c’est selon votre bon plaisir. L’archipel s’appelle maintenant le Vanuatu, depuis qu’il est indépendant. À l’époque, il s’appelait l’archipel des Nouvelles-Hébrides et il était placé sous le gouvernement conjoint de la Grande-Bretagne et de la France. On appelait ça un condominium. De cette formule de gouvernement, il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire ... et beaucoup à rire, parfois à pleurer;

J’en donnerai juste quelques aperçus car ce n’est point là mon propos d’aujourd’hui.
On peut constater tout d’abord que, les Anglais roulant à gauche, et les Français à droite, pouvaient naître certains problèmes : J’ai connu de vieux planteurs qui n’auraient cédé pour rien au monde lorsqu’ils se trouvaient face à un véhicule venant sur le même côté de la route, mais en sens inverse. On peut imaginer le genre d’apostrophes qu’ils pouvaient s’adresser en ces occasions !

Pour aller vite, on peut raconter aussi l’histoire de la fourrière de Port-Vila, la capitale.














Il faut pour cela noter qu’il n’y avait pas aux Nouvelles-hébrides deux, mais bel et bien trois administrations puisque l’assemblée du Condominium avait aussi son mot à dire : Elle réunissait des représentants anglais, des représentants français et des autochtones.

L’assemblée condominiale, un jour, constatant qu’il y avait de plus en plus de chiens et de chats errant à Port-Vila, décida de la construction d’une fourrière. La fourrière construite ... Qui allait payer le fonctionnement et l’entretien des animaux ?
Après moult palabres, exposé des exigences et des concessions possibles, on décida ... Que les chiens seraient anglais et les chats français ! Et cela fonctionna ainsi !

Il y aurait beaucoup de choses à raconter encore. je vous laisse imaginer, mais peut-être reviendrai-je un jour, sur les “joyeusetés du condominium” !

Pour le moment, c’est de la visite d’un Ministre qu’il s’agit : Une visite à Malikolo. Il s’agit, si mes souvenirs sont bons de Monsieur Bourgès-Maunoury, Ministre de la France d’Outre-mer, sous la Présidence de Charles de Gaulle. C’était dans les années soixante.





















Je n’étais pas à Malikolo, mais je résidais dans une île du même archipel et l’un de mes amis résidait, lui, en tant que médecin, dans l’île en question.

Il faut dire quelques mots à propos de ces îles : Îles hautes, volcaniques, aux plages noires, aux terres sombres, aux frondaisons impressionnantes en épaisseur et en hauteur … La forêt primitive dans toute son acception, impénétrable et foisonnante. Il pleut souvent et il fait souvent chaud. Philodendrons, lianes, de rares oiseaux du genre pigeons ou tourterelles et des cochons sauvages.

Quelques rares Européens, dans des boutiques où l’on vend de tout. Les autochtones sont des Mélanésiens vivant leurs coutumes et se réunissant le soir ( Seulement les hommes) sur la place du village, (le « nakamal ») pour boire le kava (drogue douce ayant des effets oniriques ). Autour du nakamal, des cases de bambou à toit de roseaux.













À Malikolo vivent deux peuples : Sur les rivages, les “Small Nambas” et dans l’intérieur de l’île, les “Big Nambas”. (Je schématise, que l’on me pardonne).

Savez-vous ce que l’on appelle le “namba” ? Eh bien voilà : Les gens des deux peuples vivent nus. Les mâles des deux peuples cachent leur sexe dans un étui attaché autour des reins par des brins de raphia ou de quelque chose qui y ressemble, afin, sans doute, de figurer une érection permanente.

Le reste de la description de cet attribut, on peut le déduire des noms qu’on lui donne :

Les Big Nambas portent un étui pénien qui est beaucoup plus long que celui des Small Nambas !
Orgueil ? Machisme ? Prétention ? J’ai vu des photos : les étuis péniens des Big Nambas sont vraiment impressionnants et peuvent laisser rêveur !

Les Big Nambas sont chez eux. Ils acceptent les gouvernements qui les dominent, mais c’est à leurs conditions :

-” Tu vois, dira le Chef des Big Nambas au Ministre qui leur rend visite. Tu nous promets la construction d’un hôpital. C’est bien, mais tu sais, quand on est dans la pirogue, si on pagaie d’un seul côté, la pirogue ne va pas droit, alors, nous, nous pagayons des deux côtés.” Il sous-entendait par là qu’il sollicitait l’aide de la France, mais qu’il ne s’interdisait pas pour autant de solliciter aussi celle des Britanniques. Fierté et sagesse et la pirogue ira bien droit !





























Pour aller chez les Big Nambas, il faut demander l’autorisation plusieurs jours à l’avance et respecter les coutumes : On doit envoyer un émissaire chargé de présents : Un coupon de tissu, un paquet de tabac, un billet de banque ...

Les Big Nambas voulaient bien recevoir le Ministre français. Celui - ci allait décorer le Chef des Big Nambas. De quelle décoration s’agissait-il ? … Il ne m’en souvient guère et, au fond, il importe assez peu. Une décoration avec une médaille et un ruban de couleur, comme toutes les décorations qui s’accrochent à la poitrine des récipiendaires ...

Vous avez parlé de la poitrine ?
Certes, justement ... Parlons-en ! Monsieur Bourgès-Maunoury, Ministre de la République Française et du Général Charles de Gaulle s’apprêtait à remettre la décoration piquée sur un coussin ...

Allez donc épingler une décoration sur la poitrine d’un homme nu des pieds à la tête, portant pour tout vêtement un orgueilleux étui pénien ! Perplexité ... Ô ! Solennité de l’instant!
Je ne sais qui trouva la solution : On passa un collier de ficelle autour du cou de ce Chef et le Ministre accrocha la médaille à la ficelle.












Ce fut après, que le Ministre prononça le plus sérieusement du monde un discours dans lequel il promettait de faire construire un hôpital. Et ce fut après que le Chef des Big Nambas fit un exposé sur la meilleure façon de pagayer lorsqu’on est dans une pirogue.

Quelques années plus tard, la pirogue devait aller seule, l’archipel étant devenu indépendant sous le nom du Vanuatu.

Le Vanuatu est maintenant une destination touristique. La longueur des étuis péniens est-elle pour quelque chose dans son succès auprès des touristes ? Je suis certain que l’on pourrait répondre par l’affirmative !




























« Ô TOI QUI VIENS ICI, REGARDE ET MÉDITE SUR LE TEMPS, SES VICISSITUDES, CAPRICES ET INCERTITUDES, NE TE LAISSE PAS ABUSER PAR LES ATTRAITS DE CE BAS MONDE, DE SES LEURRES, MENSONGES ET FAUX CLINQUANTS. »

                     ( Les Contes Des Mille Et Une Nuits ... )

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