Mais si l’arbre a été coupé ?
Le pas est souple maintenant que
la pente est moins rude
À perte de vue les collines
arrondies
Caillouteuses,
Vagues figées, les unes ayant
couru après les autres
Bleues
Dans le lointain les toits de la
maison forestière
Le belvédère haut perché sur ses
pattes grêles
Le sentier étroit s’enfonce dans
la forêt de mélèzes
Troncs droits et serrés, sans
autres branches qu’à la cime
Sombre
Air rare
Oppressant
Des morilles en grand nombre sur
les bas-côtés mais
À quoi bon les
cueillir ?
Cela fait cinq heures que marche
Iago, sans voir un homme
Ni une femme, ni un oiseau, ni un
animal quel qu’il soit
Pas une habitation, pas une hutte
Le chemin n’est plus qu’une
étroite saignée
Iago marche au fond d’une
tranchée et le ciel, en haut, lui-même est invisible.
Le bûcheron coupe les mélèzes
pour en faire des poteaux,
des poteaux télégraphiques, des
poteaux électriques,
très hauts, très droits, sans
nœuds.
À droite et à gauche les troncs
sont tellement serrés qu’ils occultent la vue
Tranchée, vous disais-je !
De loin en loin deux lignes
horizontales
sont peintes sur un tronc ou un
poteau
L’une rouge, l’autre blanche
Ce sont balises de grande
randonnée
Mais si l’arbre a été
coupé ?
Si le poteau est tombé ?
À la patte d’oie, quel
chemin ?
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