Au
petit matin, Ushuaïa, la magique : L’Argentine.
Énormes bateaux japonais, curieusement immatriculés en Argentine, curieux
petits insectes noirs, agressifs, de la marine nationale … Un grand bateau
blanc, russe, s’apprête à partir pour une base scientifique du continent
polaire. Soleil sur la ville et soleil sur les pics enneigés qui forment chaîne
en arrière-plan : Splendide ! (Encore cet adjectif ! … Je
n’ai rien trouvé d’autre.)
Monsieur le Consul Général de France à Rio de Janeiro, qui voyage avec moi,
accompagné de Madame, a des soucis : Ils n’ont pas prévu de demander aux
Chiliens un visa multiple, or nous changeons bien de pays. Le Consul de France
à Ushuaïa arrangera les choses …
Excursion dans le parc national de la Terre de Feu : Tape-cul dans un bus
sur une route non goudronnée. Sur des kilomètres, des collines déboisées. Les
arbres, nombreux, ont été coupés de telle façon qu’il reste les tronçons, dressés
vers le ciel comme autant de dents cariées : Désolant ! … C’est,
paraît-il, le résultat des travaux forcés imposés aux pensionnaires du bagne
qui a longtemps fonctionné là. Traversée d’une forêt encore debout. Arrivée
dans un cirque montagneux : Lacs, beaucoup d’herbe, quantité d’oies
sauvages : Femelles brunes, mâles plus grands, au poitrail et au cou
blancs. Quand elles s’envolent, leurs ailes sont barrées de blanc, mais on
parvient difficilement à les faire s’envoler, tant elles sont confiantes. On peut
les approcher à moins de dix mètres, par troupeaux.
Un autre animal, surprenant ici : Un lapin ! – Il consent à peine à
se déplacer. C’est bien le lapin, le lapin d’Europe, le lapin de garenne de
chez nous ! Il a été introduit ici et il a proliféré. Les Argentins ont
essayé en vain de s’en débarrasser. Même la myxomatose n’y est point
parvenue !
Nous n’avons pas aperçu le condor des Andes. Il fréquente pourtant ce cirque
enneigé, paraît-il. Nous ne verrons pas non plus le castor, qui ne sort que la
nuit. Mais les dégâts qu’il commet sont incroyablement visibles :
Entailles dans les troncs, biseautés comme avec une hache. Ces rongeurs
bâtissent des barrages de branches et de terre qui font monter les eaux :
Toute la forêt, inondée, meurt sur place. Sur fond de ciel, grands bras blancs,
désolés.
Ushuaïa est en pleine expansion : On construit partout et d’immenses
terrains sont réservés à l’agrandissement de la ville. Il y a là un peu plus de
trente mille habitants. Demain, combien y en aura-t-il ? … Est-ce le port,
qui est la cause de ce développement ? – Il se pourrait bien que l’intérêt
international pour l’Antarctique y soit pour quelque chose … La pêche
aussi : Pèche au « crabe royal », poisson … Mais les navires-usines
japonais ne pèchent-ils que le poisson ?
Maisons de bois, maisons de béton … Une importante base navale d’où partirent
les navires impliqués dans la guerre des Malouines, contre l’Angleterre de la
Reine Élizabeth. Monument commémoratif, bien sûr !
À Ushuaïa, évidemment, vitrines de Noël. Trottoirs en escaliers. Du bout de la
rue la plus haute, on domine la rade : Les bateaux japonais … Pécheurs de
poisson, ou tueurs de baleines ? … Plan incliné à l’arrière, palans … Pour
tracter un filet ou pour tracter les cétacés ? Sur le quai,
pancartes : « Ne pas consommer les coquillages » … Ils sont
infestés par une algue brune, toxique. Leur ingestion peut causer la mort en
quelques minutes, un couple de Français en a fait récemment la triste
expérience.
« Vous voyez, à flanc
de montagne, ces voies déboisées, toutes droites : Ce sont des pistes de
ski. Elles servent en hiver ! »[endif]
Ah ! J’allais oublier : J’allais oublier les milliers de fleurs
formant guirlandes, formant prairies … Fleurs de printemps austral … Pieds
d’alouette et fleurs de mufliers …
« Fin del Mundo ! » proclame orgueilleusement un panneau placé
sur les quais … Ushuaïa, cité la plus australe du monde ? –
Vraiment ? – Et Puerto Williams, alors ? – Et Puerto Toro ?
- Ah, oui ! Ces deux villes … Mais elles sont chiliennes, pas argentines …
Et puis, est-ce que ce sont vraiment des villes ? … Nationalisme, quand tu
nous tiens !
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