mardi 12 mai 2015

VOUS QUI SAVEZ TANT DE CHOSES ...


DE TRÈS GRANDES FLEURS TRÈS 

ÉTRANGES FLOTTAIENT ENTRE DEUX 

EAUX ...

















Vous qui savez tant de choses …





Nos vaisseaux ayant descendu le cours des fleuves

Avançaient dans une plaine immense

Nos amours nous portaient

Que nous ne connaissions pas

Désirs de fruits et de sel

Soifs

Pour un million d'années

Nos certitudes immuables



Éclosions de lueurs

Aux Indes étaient les îles

Des souffles tièdes nous poussaient

Carènes de navires invulnérables

Comprenez-vous bien cela

Vous qui déchiffrez les portulans ?

La toile de nos voiles était taillée dans nos rêves

Maîtres de l'immensité

Ô douceur !

Ivres d'images nouvelles

Toute foi toute confiance !

En vérité ce furent des millions d'étoiles

Des comètes en pluie

Des milliers de soleils et des milliers de lunes

Poissons étincelants

Myriades d'oiseaux jaillissant des flots

Tous plumages toutes couleurs

Dans nos sillages vibraient des cordes de cristal

Mozart chantait à l'étambot

Nous maintenions le cap

Avançant vers nos fiancées



Lignes bleues des araucarias au ras des flots

Éblouissements du corail

Palmes

Sables et floraisons de l'océan

Porcelaines diaphanes dans le creux des vagues

Irisation des verreries

Saveurs de nos vins !


De grandes fleurs très étranges flottaient entre 

deux eaux


Mauves et laiteuses

Mais au resserrement des détroits nous cherchions

Des effluves plus suaves encore

Les parfums d'autres épices

Souffles de cannelle

Haleine de la cardamome

Encens musc cire et benjoin

Girofle poivre tamarin

Au long des plages du santal et du piment

Des caravanes charriaient du sucre et du 

gingembre

Des coupons de damas et de brocarts

Des paniers pleins de perles ou bien d'écaille

Les matins allumaient des couleurs de verrières

Et les soirs déroulaient des tapis somptueux

Sur l'écran du ciel parfois s'épanouissaient des 

pavots



Ô nous en avons vu des crêtes chargées de neige

Des glaciers et des volcans

Des dunes jaunes et des terres rouges

Des anémones et des lys !

Auréoles d'amarante

Iris vallées de pivoines


Les pollens répandus en poudre d'or

Ont célébré nos passions

Nous rêvions de papillons

De coquilles et de nacre

Les océans roulaient des rubis

Des diamants et des saphirs

Émeraudes et pierres de lune

Nous quittions les îles l'une après l'autre

Leur laissant les prénoms de nos femmes de nos 

amours


Caroline Thérèse Lucie Dominique

Chacune un lotus posé sur la mer

De fastueux banquets nous ont été offerts

Chansons de harpes de violes et de flûtes

Musique de chalumeaux trompes et tambours
















































Nous allions toujours suivant la Croix du Sud

Alpha du Centaure

Ou le navire Argo



Qui nous eût appris que des tempêtes

Allaient déchirer notre voilure

Abattre nos vergues briser notre mâture ?


Allez donc savoir quand et comment

Nous entrâmes dans cette lagune qui se meurt !

Nous voici pourrissant

Vapeurs de fièvres qui rôdent fétides

Fades odeurs des moisissures

Chairs humides feuillages gras

Anthuriums inquiétants balisiers

Improbables orchidées

Dans les sargasses de la tourbe et de la vase

Sous de lourdes frondaisons

Étranges respirations

Nous n'apercevons que serpents

Salamandres sauriens

Animaux de toutes tailles

Bardés de cuir ou bien d'écailles

Aux figures surprenantes

Il serait bien hasardeux de les décrire ici !

Comprenez-vous cela

Vous qui savez tant de choses ?









Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire