samedi 30 mai 2015

LES ÎLES SEYCHELLES - QUESTION LINGUISTIQUE.




LA RÉPUBLIQUE DES SEYCHELLES ....



























LA QUESTION LINGUISTIQUE
EN 1989






_ ( Oh ! Ne raillez pas la langue créole ... Combien les latins ont-ils dû railler le Français ! )

Il peut paraître étonnant que la langue française perdure aux îles Seychelles. Certes, elle n'est pas parlée dans les rues. Certes, la librairie de Victoria propose peu de livres qui ne soient écrits en Anglais. Dans les rues de Victoria, on parle Créole. Quand on lit, on lit en Anglais. La radio et la télévision, cependant, présentent certains programmes en Français. Le journal unique, ( quotidien et distribué gratuitement ), comprend des articles rédigés dans les trois langues.
Certains spéculent et causent, mesurant en permanence l'évolution prétendue de la place réservée à chacune des trois langues : Jalousement, à la ligne près ... à la minute près...
Le Centre Culturel américain propose des activités en Anglais, le "British Council" également. Le Centre Culturel Français parvient encore, d'une façon ou d'une autre, à trouver des amateurs pour sa bibliothèque et pour les spectacles qu'il organise : Il y met du sien et l'on raconte que, pour cela, il fait distribuer des billets d'entrée gratuits... Par l'intermédiaire du "Parti Seychellois"... Il offrirait même les places d'autobus gratuitement ?


Depuis mille neuf cent quatre vingt un, dans les écoles, l'enseignement débute en langue créole : Les enfants apprennent à lire dans leur langue maternelle, (Ils y gagnent certainement en aisance ... ). Très tôt, on enseigne l'Anglais puis, dès la cinquième année d'école primaire, la langue anglaise devient le vecteur de toutes les disciplines académiques : L'accés aux technologies nécessite en effet l'utilisation d'une langue à large audience, ouvrant la possibilité de consulter des documents en nombre suffisant.
L'enseignement du Français est introduit en quatrième année, mais il n'obtiendra jamais le statut de langue d'enseignement.
Après quelques année de fonctionnement, on s'aperçut qu'en fait, l'Anglais souffrait de son propre statut : Lorsqu'il prend en charge les autres matières, et particulièrement celles qui relèvent des domaines scientifiques, il n'a pas eu le temps de mettre en place le vocabulaire et la structuration indispensables : Les concepts de base ont été installés en langue créole ... L'Anglais en souffre, la progression des acquisitions aussi.
























Le Français, lui, souffre de l'absence complète de statut : Il ne sert à rien : On apprend à le parler, mais on ne le parle pas. On le comprend, presque sans même l'avoir appris, tant le Créole lui est proche. On apprend à le lire, mais on le lit si peu ! Quant à l'écrire!
De plus, à cause même de sa proximité avec le Créole, il est difficile à apprendre, étant victime de toutes les contaminations et interférences possibles ... Imaginez un enfant qui passe d'une langue créole à graphie phonétique et syntaxe simplifiée à une langue française dont chacun connaît les pièges ... syntaxiques et orthographiques ! Le Français , en fait, est enseigné parce qu'il est la "langue-mère", d'où est sorti le Créole.





Nous fûmes longs , en France, avant d'évacuer l'enseignement du latin ( ... Pour autant que ce soit ce que l'on ait fait de mieux ...) : Dans un processus psychanalytique, il est bien difficile de "tuer la mère" )... "Tuer le père" était plus facile : C'était le colonisateur ... Et puis, disent les Seychellois : _" Nous avons conservé le Français pendant les cent cinquante années de la colonisation britannique alors que notre pays n'a été français que pendant quarante ans. Pourquoi ne le conserverions nous plus maintenant ? "




_ En fait, les administrateurs britanniques ont fait peu pour imposer leur langue : La maîtrise des voies maritimes vers leur empire indien leur importait plus qu'une anglicisation et plus qu'un peuplement. Les Seychelles étaient catholiques ... Le Français était, et reste encore la langue liturgique principale, ( tout comme l'était en France le Latin, au temps de mon enfance...) _ La langue française a perduré grâce à Dieu !
Mais l'état de paix qui pouvait sembler régir l'utilisation des langues a disparu ... Point tant du fait des Seychellois que de celui des Français et des Britanniques ...
Tirant à leur façon les conclusions de faits observés ailleurs, dans leurs territoires et départements d'outre-mer, les Français se sont aperçus qu'il pouvait être politiquement utile de développer autour de la Réunion des voisinages amicaux ... Une communauté de langues pouvait y être favorable...
Lorsqu'on l'étudie, le Créole des Seychelles est plus proche du Français que celui des Antilles ... Il n'a pas semblé absurde d'espérer qu'en prenant appui sur le Créole, on pourrait donner un nouveau développement au Français. Certains semblent avoir pronostiqué l'accroissement de l'aire francophone aux Seychelles, au détriment de l'aire anglophone.























Le Créole, "langue-fille" pouvait-il engendrer sa "langue-mère" ? Le calcul n'est pas absurde : On voit très bien les difficultés de l'Anglais à l'école. Les Britanniques et les Seychellois l'ont senti : On a augmenté le nombre des bourses d'études dans les universités anglophones et on a décidé, de plus, que les futurs professeurs passeraient deux années à l'université du Sussex... Ne parle-t-on pas, même, de former là-bas les futurs professeurs ... de Français !


L'Ambassade, la Mission Culturelle, et le Ministère des Affaires Etrangères - français - s'activent ... Et font souvent des impairs ! Les étudiants Seychellois, boursiers de l'Etat français, sont envoyés à grands frais dans les universités de la Réunion, ou dans celles de Bordeaux, Paris, Aix - en Provence, Besançon, Nice, ou ... Trifouillis-les Oies ! Ils ne sont ni encadrés, ni préparés à ce qu'ils devront découvrir. On a vu, même, une étudiante partir ... Pour Clermont- Ferrand, je crois, afin d'y poursuivre des études de Français : Elle est revenue quelques années plus tard, ayant bénéficié d'une réorientation ... Nantie d'une maîtrise ... d' Anglais !


Pour l'heure présente, on réfléchit. Les Français ont peut-être fini par s'apercevoir que les études conduisant au Diplôme Universitaire d'Etudes Générales, ( D.E.U.G. ) n'étaient pas adaptées aux Seychellois . Ils vont sans doute proposer une formation spécifique ( Pour trois ou quatre étudiants par an, à l'Université de la Réunion. )
Les Seychellois, eux, méditent : Ils ont été échaudés par les échecs de plusieurs promotions aux épreuves du D.E.U.G. ... Et puis ils acceptent difficilement l'idée d'envoyer leurs étudiants à la Réunion alors que l'Angleterre leur propose des études en Europe ! D' où l'idée d'envoyer tout le monde dans le Sussex ... Si la France n'était pas le principal bailleur de fonds des Seychelles !

... Cette année, en attendant, aucun étudiant seychellois n'est parti en formation pour devenir professeur de Français. Le gouvernement seychellois recrute donc, de bric et de broc, pour enseigner le Français dans les écoles, des Guinéens, des Mauriciens, des Algériens ... Et des Malgaches qui, dès leur arrivée, font valoir leur double nationalité pour bénéficier des allocations dispensées au bénéfice de leur famille ... Par la France !

Cependant, Monsieur l'Ambassadeur de France a bon espoir : Il a fait un rêve ! ... Sur la montagne, la France finance l'installation d'une antenne parabolique qui permettra de capter "Antenne 2" en direct et vingt quatre heures sur vingt quatre : Victoire de la langue française en perspective ! ... Peut-être, peut-être ... Suite au prochain numéro !

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