mercredi 26 août 2015

ALAIN GERBAULT ET JACQUES BOULLAIRE

















ALAIN GERBAULT ET JACQUES BOULLAIRE.



Mille neuf cent trente six ... Alain Gerbault écrit à son ami, Jacques Boullaire:

-” Trop de bateaux, trop de touristes ...”

En mille neuf cent trente six !

À la même époque, il s’inquiète de l’éventualité d’une guerre en Europe :

-” Me faudra-t-il rejoindre la France et cette civilisation que je n’aime pas ? “

Troublantes, ces phrases ! Il y faut marquer la pause.



-” Il faut bien que je vous dise, puisqu’ils en sont empêchés eux-mêmes, tout le mal que font aux indigènes des îles Marquises nos colons et nos missionnaires ...”





Nous reprenons ici, de mémoire, le dit du navigateur solitaire. Six lustres plus tôt; Paul gauguin ne disait pas autre chose;

L’oeuvre colonisatrice, notre enfance en tira le meilleur de sa foi et de sa ferveur. Au bout du compte, se résout-elle ainsi ?

À leur époque, le peintre, comme le navigateur, étaient des marginaux. Notre époque, elle, a pris l’habitude, depuis qu’elle s’est engagée sur les chemins de Katmandou, de revêtit le marginal de l’habit du prophète.




                  
                            Oeuvre de Jacques Boulaire




Il serait trop facile d’ironiser ... Trop nauséeux peut-être ausi. Gardons ces profils de médailles si nous le pouvons encore.

Je ne sais pas si les indigènes ( le mot existe-t-il encore ? )sont plus malheureux ou plus heureux que leurs grands-parents ... Trop facile aussi de parler des forages d’eau potable, de l’éradication des maladies contagieuses, des flots de musique répandus au-dessus des océans ... Facile, de compter les écoles, les collèges et les lycées.


Mais certainement trop facile de ne parler que de fumées, de gaz d’échappement, de boîtes de bière dérivant sur la mer, de l’introduction du Loto et de la transformation des Vahinés en caissières de supermarchés. Les réalités ont à la fois plus d’évidence encore, et plus de complexité.

La revendication d’identité est souvent un cri pitoyable.

Alors, sommes-nous coupables d’avoir bousculé les pierres noires des Marae ? _ Des victimes humaines y étaient immolées.

Sommes-nous coupables du délit de civilisation ? _ La Reine de Tahiti ne se déplaçait qu’à dos d’homme et les nobles Arii étranglaient leurs nouveaux-nés. Il est vrai que ...

L’homme blanc doit-il sangloter ?

En vérité on finit par ne plus très bien savoir ...Et ceci sans parler de fission nucléaire ...

Oui, les portes à la Vauban, les tours rondes et les tours carrées, les cloîtres et les chaussées dallées, la prison et la cathédrale de l’archipel des Gambier nous paraissent complètement saugrenus. Ils étaient fous, nos missionnaires ? Ou bien fourbes ? Nos administrateurs, ils étaient tous stupides ?

Il faut sans doute se garder de tout noircir et de tout dorer.

Quelques prêtres, à la fin du dix neuvième siècle, passaient à l’île de Pâques ... Ils virent s’enfuir les habitants : Ils savaient trop la peine des Mangaréviens à La construction de leur cathédrale!

Mais au fait ... Et les Moaï dont on fait si grand cas, combien de litres de sueur humaine pour tailler et dresser l’un de ces géants?

Autre temps, autres lieux, autres valeurs : C’est toute l’humanité qui va ainsi ... qui va.

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